ComicCon ’11: Notre conférence avec Sid Haig: le Goon est triste?

Sid Haig se déplace d’un pas lent et pesant, comme s’il avait tout le temps du monde. Les épaules voutées et la tête en avant, avec le regard fixe. Les gens se tassent sur son passage. Même à son âge, le bonhomme est menacant. On devine cependant à sa démarche qu’il a probablement eu quelques accidents et que sa charpente en a vu de toutes les couleurs. Haig  s’exprime comme il se déplace; à son rythme. La surprise est de taille lorsqu’on écoute ses propos. Il a beaucoup d’humour, il est chaleureux et, avec un peu d’amertume, il sait bien que son physique de tueur l’a tristement condamné à certains rôles.

Au début, mes questions semblent le laisser froid mais très vite, Haig est surpris de constater que je connais sa carrière. Il répond généreusement à mes questions sur son meilleur ami le réalisateur Jack Hill, ce copieur patenté nommé Francis Ford Coppola, Pam Grier et la blaxploitation, le  film culte Spider Baby et son importance, les biscuits fait maison de Sheri Moon Zombie, ses films préférés,  Che Guevara, Tarantino et sa folie. Qu’on se le dise: Sid Haig ne supporte pas l’ennui. Il se fait donc un devoir, avec succès, de ne jamais être ennuyant.  (à partir d’ici, cliquez sur les noms soulignés pour écouter nos émissions complètes  sur le sujet)

Sid Haig : Salut tout le monde. Content de voir qu’il a des fans d’horreur dans la place!

Francis Ouellette : Bonjour tout le monde. Je suis le co-animateur de l’émission de radio les Mystérieux étonnants et de l’émission de cinéma le 7ème antiquaire. Ne perdons pas de temps car nous avons avec nous Mr. Sid Haig. (Haig s’inquiète en m’attendant parler en francais)
Oui Mr. Haig, cette émission sera bel et bien en anglais!

S.H: Bien, parce que sinon, je serais resté assis à t’écouter!

F.O: Mr. Haig, c’est un plaisir de vous avoir avec nous aujourd’hui. Si vous me le permettez, je vais vous introduire à ceux qui ne vous connaissent  pas – mais je doute qu’il y en ait  beaucoup ici.
Pour la plupart d’entre vous, le gentleman ici même est Captain Spaulding, le patriarche de la famille Firefly dans les films de Rob Zombie House of a thousand corpses et The Devil’s reject, mais également The Haunted world of El Superbeasto, pour ceux qui l’ont vu (c’est une trilogie quand même). Pour d’autres maniaques de cinéma, il est aussi une figure familière dans plusieurs productions de Roger Corman, mais aussi un ami personnel du réalisateur Jack Hill, un des grands initiateurs du genre de la  blaxploitation et de la WIP (le sous-genre de laWomen in Prison). Il fut aussi, le gardien, le pimp, le chasseur et le bourreau de la sublime Pam Grier.

S.H: Yup.

F.O: J’imagine que ce fut un plaisir de chasser cette femme encore et encore pendant plus de 20 ans à l’écran?

S.H: Ce n’était pas du boulot éreintant, je peux te l’assurer.

F.O: Pendant plus de 40 ans, Haig a été une figure récurrente de l’horreur, de la télévision, il a prêté sa voix à plusieurs productions. Pour ma part, je vous ai vraiment découvert dans le film de Jack Hill Spider Baby or the maddest story ever told et vous.. m’avez…foutrement… EFFRAYÉ dans ce film!!!

S.H: J’étais juste un gros bébé! Allons donc! (il me lance un regard lugubre)

F.O: Vous étiez un gros bébé actif sexuellement! Vous chassiez les femmes dans cette maison étroite…pour moi –vous allez pouvoir me le confirmer- le film a toujours été une manière d’antépisode aux films de Rob Zombie, comme si votre personnage allait devenir un jour le Captain Spaulding.

S.H: Oui. Et Spider Baby était le premier film du genre à parler d’une famille de campagnards cinglés qui tuent et mangent des gens. 11 ans avant Rocky Horror, 13 ans avant Texas chainsaw massacre. Nous étions les premiers de notre genre!

F.O:Vous étiez cannibales! Ils mangeaient bel et bien de la chair humaine!!!

S.H: (au public) Vous savez quoi que ce soit à propos de l’histoire? Cette famille a une maladie qui s’appelle le Syndrome Merrye qui fait qu’à mesure qu’ils vieillissent, ils régressent mentalement et physiquement jusqu’au point ou ils deviennent presque des bêtes, donc, on tuaient des gens et les foutaient dans le sous-sol de notre maison pour que le reste des membres de la famille les mangent.

(il fait un petit rire et un regard de maniaque tout à fait convaincant)

F.O: C’était un film horrifique mais aussi très drôle par moment, avec beaucoup d’humour noir. Ce n’était pas seulement un des premiers films à parler de cannibales rednecks qui chassent les gens mais il était un précurseur du vidéoclip de heavy-metal. Il serait probablement possible de refaire le montage de ce film avec du metal sans problèmes!

S.H: En fait, quelqu’un l’a déjà fait…oui…et ca marche. C’est dingue. Je suis dingue.

F.O: Magnifiquement dingue!

S.H: C’est amusant d’être dingue! Vous devriez essayer.

F.O: Est-ce que Rob Zombie vous a déjà dit s’il avait vu Spider Baby et si ça l’avait inspiré?

S.H:  Ok. Je vous raconte l’histoire. Comment me suis-je retrouvé dans House of thousand corpses? On me dit de me rendre dans un édifice, je signe un contrat, on me donne un scénario, on me dit de rentrer chez moi et de le lire et que si j’aime ça, le rôle est pour moi tout de suite. C’est beaucoup plus tard au mariage de Rob Zombie, alors que je parlais à son frère, que j’apprend un truc. Le frère de Rob me dit « C’est étrange! » Je lui demande « Quoi? Le mariage de ton frère? ».  « Non…être là devant vous à vous parler »‘

« De quoi parles-tu? »

« Quand Rob et moi étions petit, on se levait tout les samedis matins et on regardait Jason of Star command   à la télé et tu nous donnais une frousse pas possible ».(Dans cette émission de télé à la Star Wars, Haig jouait le cruel Dragos, maître de l’univers auto-proclamé)

Il s’avère donc que  j’ai été dans la vie de Rob depuis qu’il a neuf ans. Il a suivi ma carrière tout ce temps et le jour où il m’a donné mon prix pour l’ensemble de ma carrière, mon Eyegor, il m’a confirmé que toute sa vie, il voulait devenir réalisateur et faire un film avec moi. C’est de là que tout part…

F.O: Puisqu’on parle de Zombie, nous allons devoir parler de Tarantino également, puisqu’il fait en quelque sorte partie de son nouveau clan. Tarantino s’est déjà fait poser la question à savoir qui était les trois plus grands réalisateurs de tous les temps et il a répondu trois fois Jack Hill! Il est obsédé par ce réalisateur.

S.H: Ouais..et il a dit ça d’ailleurs au Daily show de Jon Stewart… et Stewart a demandé qui était Jack Hill (rires)! Tarantino n’a pas cessé de le gronder durant les 5 minutes suivantes de l’entrevue parce qu’il ne le savait pas qui c’était!  Voilà. Jack est vraiment chouette. (Haig prend soudain de l’expansion) Jack Hill a fait ses études en cinéma au UCLA en même temps que Francis Ford Coppola. Jack Hill était un meilleur réalisateur. Coppola était un meilleur homme d’affaire. Il savait mieux faire sa promotion. C’est ça la différence entre les deux hommes.

F.O: Drôle que vous parliez de ça, parce que dans le premier film que vous avez fait avec Jack Hill (le court métrage  THE HOST 1960) la dernière partie ressemble à s’y méprendre à la finale d’Apocalypse now? On dirait que Coppola l’a copié…http://www.youtube.com/watch?v=rrosxMNMitw

S.H: (Son visage se fait dur) C’était le cas. C’était totalement le cas. Francis n’a jamais voulu l’admettre mais son épouse l’a confirmé! Il cherchait une finale appropriée pour Apocalypse now et il s’est rappelé le film que j’avais fait avec Jack et s’est dit ‘ »voilà, je vais finir mon film exactement comme ça! » C’est ici que vous l’avez attendu en premier les amis!

F.O: Jack Hill était Tarantino avant même que  Tarantino ne devienne Tarantino, mais en tant que cinéphile, il est évident que ce dernier a vu tous les grands films de blaxploitation dans lesquels vous avez joué, Foxy Brown et Coffy, où vous interprétez des effrayants gangsters et des pimps inoubliables…sérieusement, vous avez incarné des pimps mémorables!

S.H: (il rit) Je devrais peut-être me ré-orienter!

F.O: Tarantino avait donc eu la brillante idée de vous donner le rôle du juge de Pam Grier dans JACKIE BROWN, en hommage à tous vos rôles avec elle…

S.H: Oui…un jour je recois un coup de fil de Tarantino…je ne sais pas comment il a eu mon numéro de téléphone mais j’imagine que lorsque tu te nommes Tarantino, tu as des connexions à la CIA!-Il me dit : « je sais que tu n’es plus intéressé à jouer les balourds dangereux mais je t’ai écris un rôle et tu va le jouer et c’est tout! » J’ai donc obéis!

F.O: Je dois vous poser la question à l’instant. J’ai toujours voulu vous voir dans un véritable western, un western classique…vous jouiez un personnage appellez Django dans BLACK MAMA, WHITE MAMA

S.H: Il était dingue ce personnage!

F.O: C’était un révolutionnaire dangereux, une sorte de méchant Che Guevara…

S.H: …mais il était drôle! Je mets de l’humour dans tout ce que je fais. Je vais t’expliquer la formule et gâcher toutes tes attentes mon pote : si tu parviens à faire rire quelqu’un, tu peux lui faire vivre n’importe quelle émotion par la suite. Le rire ouvre les gens et c’est à ce moment là qu’il faut leur rentrer dedans avec un camion…WHAM. (Rires dans la salle)

F.O: C’était ça la recette de Captain Spaulding hein?

S.H: Yup.

F.O: Un petit rire et ensuite, il tuait quelqu’un?

S.H: Dans ma scène avec les deux gars dans mon magasin dans HOUSE..., c’est précisément ce que je fais… je les pousse à bout et je les fais rire tout de suite après et ensuite, je les massacre.

F.O: Il faut que je vous demande …allez vous être dans le DJANGO de Tarantino?

S.H:  Je devrais non? Personne ne m’en a parlé encore.

F.O: Faut insister svp!

S.H: Je m’excuse. Je vais l’appeler de ce pas! Ok c’est fait!

F.O: Une question à propos de la chimie que vous aviez à l’écran avec Pam Grier. Certaines de ces scènes étaient assez violentes. Vous êtes un homme imposant : comment ca c’est passé avec elle à ce niveau là? Êtes-vous devenus des amis par la suite?

S.H : Nous sommes de grands…(il hésite et souris) tu sais, quand tu passes ta journée à tripoter quelqu’un, t’as pas le choix de le devenir! J’ai rencontré Pam dans le film The Big doll house…… un film de femmes en prison, évidemment. Pour moi, faire un film comme celui là aux Philippines, c’était le rêve de tout homme. Il y avait toujours 9 femmes nues sous cette chaleur…avec moi! (rires) Fallait que quelqu’un le fasse! Nous sommes forcément devenus des bons amis. Elle est comme ma petite sœur.

F.O: Êtes vous encore amis avec Jack Hill?

S.H: Mais oui! On se parle tout le temps!

F.O: Y’a t’il des chances qu’on vous voit à nouveau dans un film réalisé par lui?

S.H: (sardonique)Jack écrit aujourd’hui des comédies romantiques…

F.O: Huh? Le gars qui a révolutionné la blaxploitation et les Films de femmes en prison écrit des comédies romantique?

S.H: Faut bien évoluer! (rires)

F.O: Quel est le réalisateur avec lequel vous avez préféré travailler? Est-ce Jack Hill?

S.H : « Préféré » est un terme large…il y a les amis avec lesquelles j’ai aimé collaborer et les professionnels consumés…Jack Hill m’a gardé en vie durant les années 70 et 80. C’est un fait. D’un certain point de vue, c’est lui mon préféré. Tarantino est un de mes préférés parce qu’il est un cinéphile maniaque. Quand j’ai fais Jackie Brown avec lui, il a passé la journée à citer par cœur toutes les lignes de tous les films dans lesquels j’avais joué! Et Rob Zombie pour m’avoir donner une seconde vie…parce que j’avais laissé tomber. En 1992, je me suis dit « si personne ne me donne d’autre rôle que celui de pointer un fusil, je me retire… ». Quentin m’a fait revenir pour Jackie Brown mais ca n’a rien changé. C’est à Rob que je le dois. C’est à cause de lui que je suis ici, à Toronto et Calgary et San Diego. Je lui suis très reconnaissant. En ce qui concerne les réalisateurs avec une perspective artistique et à l’écoute de leurs acteurs,  j’en connais deux qui vont dans cette catégorie, trois en fait : Jack Hill…Rob Zombie…et Richard Fleischer. Fleischer a gagné un Oscar pour Doctor Dolittle, l’original, qui est un grand film. J’ai joué dans un de ses films avec Omar Shariff intitulé CHE!

À la fin de ce film, Che Guevara se décompose à vue d’oeil. J’y jouais un jeune révolutionnaire qui considère Che comma son frère et qui le voit tranquillement devenir un monstre. Nous y avons une dernière rencontre. Che est couché dans un hamac et ses problèmes d’asthmes empirent. J’étais à vingt pieds d’Omar Sharif pendant cette scène. Je suis inconfortable, Sharif me demande ce qui ne va pas. Je lui répond que mon personnage voit quelqu’un qu’il considère comme son frère en souffrance, qu’il me semble que la distance entre nous ne fait pas de sens et que nous devrions nous rapprocher. Omar a proposé l’idée de changer la scène à Fleischer- il savait que Fleischer n’y tiendrait pas compte si ça venait de moi, un jeunôt. Omar lui propose l’idée de nous rapprocher et Fleischer acquiesce en disant « Eh ben! On reçoit des nouvelles leçons tous les jours! ». Ca prend de l’humilité de la part d’un réalisateur de cette trempe pour faire, ce qui prouve sa qualité. Mais je ne voulais pas vous emmerdez avec cette histoire…

F.O: Non, non, c’était une histoire magnifique. Une toute nouvelle génération se familiarise avec vos films. Il y a peu de temps de ça, trop peu de gens respectaient les films de genres, de Hill et Corman, la blaxploitation …Cette nouvelle génération traite ça avec révérence et en considérant la pertinence sociale. Même les films de Femmes en prison véhiculent parfois des idéologies féministes…

S.H: Oh oui! Et quand nous faisions ces films, c’était évident pour moi que ça pouvait être interessant pour les femmes -et les hommes…comment ne pas être interressé par ses visions de femmes magnifiques sous la douche? C’est vrai que les gens et les critiques faisaient la gueule aux genres à l’époque. En fait, quand House of a thousand corpses est sorti, les critiques l’ont massacré…ils ont tous changé d’opinion quand le film est devenu populaire. Rob se disait : Ah Voilà! Maintenant que nous avons fait 37 millions, nous avons droit à des critiques positives! » Les critiques de cinéma de comprennent pas les films d’horreur. C’est probablement la raison pour laquelle il n’y a jamais eu de film d’horreur nominé aux Oscars. C’est aussi pourquoi les studio Universal, qui fut jadis la maison de l’horreur, ont créé leur propre cérémonie, les prix Eyegor, pour célébrer les créateurs du milieu de l’horreur.L’an dernier, j’y ai reçu un prix pour l’ensemble de ma carrière de la main de Rob (applaudissements). Ce fut mon plaisir, je peux vous l’assurer.

F.O: Et vous n’avez pas arrêter de travailler depuis que Rob Zombie a fait ses films. Je dois le dire : dans Devil’s rejects, vos personnages étaient absolument terribles et amoraux, mais à la fin du film, je me souviens que plusieurs personnes pleuraient dans le cinéma quand même. Votre mort était épique.

SH: Suffit de cracher un peu de sang et de s’évanouir!

Une question du caméraman, nul autre que Yoann-Karl Whissel, co-animateur des Mystérieux étonnants et réalisateur dans le collectif Road kill Superstar, un vrai fan :

Yoann: J’ai pleuré aussi quand vous êtes mort! Qu’est-ce qui rendait votre personnage si fascinant? Il était un peu moins monstrueux que les autres non?

S.H: Il était fascinant parce qu’il était honnête. Il ne se laisse pas emmerder et se faisait sa propre justice. C’est mon travail en tant qu’acteur d’inventer un être humain crédible à l’écran et d’en considérer les multiples facettes. Je suis certain qu’Al Capone pouvait faire rire sa bande avant de tuer une vingtaine de personnes contre un mur! Chacun d’entre nous dans cette salle sont des monstres et des gens magnifiques. L’acteur va chercher ces contradictions en lui-même.

Une question du public :

J’ai entendu que vous deviez être dans PULP FICTION?

S.H: Une des erreurs les plus stupides de ma vie. Tarantino voulait que je joue Marcellus Wallace. Je voulais le jouer. Tarantino me complimente après mon audition et me dit qu’il est fan. Il me dit de regarder autour de moi. Partout dans son bureau, il y a des grandes photos de moi. Je lui en signe une. Plus tard, je parle à mon agent pour lui faire comprendre que je ne veux plus faire de tournage sous pression et dans le stress. L’offre pour Pulp FICTION ne m’accordait qu’une seule journée de tournage. Je trouvais ça irritant: tourner en une seule journée est compliqué, il faut se déplacer constamment et travailler comme un dingue. On ne réalise rien de bon dans ce temps là. Je ne voulais plus faire ça. Personne n’avait penser à me faire savoir que Tarantino ne travaillait pas comme ca. Je ne le savais pas. Depuis, je n’ai jamais eu de gros rôles dans un de ses films et je le regrette.

F.O: C’était plus amusant de voir Ving Rhames se faire violer non? Je n’aurais pas pu supporter de vous voir vous faire violer…

S.H: (il est hésitant et perplexe) euhh…j’imagine que c’est effectivement mieux de le voir lui que de me voir moi…mais ça fait partie du boulot!

F.O: Mais Tarantino a quand même insisté par la suite pour que vous faire jouer le juge de Jackie Brown par la suite. Ca n’a malheureusement pas redémarré votre carrière vous disiez ?

S.H: Non c’est vraiment grâce à Rob. Laissez moi vous dire une chose: Rob Zombie est un être humain magnifique. Je suis conscient que lorsqu’on le voit, on se dit tout de suite « Bordel ! Je ne laisserais pas ce gars là approcher ma fille! ». En 2000, quelques jours avant Noël, j’ai eu un terrible accident de voiture: Sternum fracassé, traumatisme cranien, le sang me sortait des oreilles et blah blah blah. Nous devions à ce moment là filmer des scènes supplémentaires pour House... Quand je suis arrivé à l’hôpital , je me suis dis que ce serait raisonnable de ma part d’expliquer à Rob que je ne pourrais pas filmer pour quelque temps. Ce que j’ai fais. Pas de problème. Quelques jours plus tard, Rob me téléphone pour me demander ce qui est advenue de ma voiture. « Ma voiture se lêche elle même le cul en ce moment Rob ». Les assurances faisaient chiées et je n’avais plus de voiture. Rob me dit alors qu’il m’en achetera une. Je lui dit que je le rembourserai. Il me dit « Sid…c’est qu’une voiture. Ta gueule… ».Quelques jours plus tard, il cogne à ma porte avec son épouse Sheri Moon qui tient un panier bourré de ses biscuit maison, de pots de confitures et de soupes. Je suis atterré. « On va pas te laisser crever de faim ok! » Et Rob me donne les clés de ma nouvelle voiture.

F.O: Vous l’avez entendu ici les amis! Les Zombies font des biscuits maison!

Un question insipide du public sur la marque de sa voiture. Une autre, pertinente, sur ses prochains films.

S.H: J’ai tourné un film ici au Canada qui s’intitule CREATURE. J’ai un film qui commence bientôt au Blue Water film festival et deux autre qui s’en viennent , ZOMBEX et THE INFLICTION, où je joue un psychiatre…(rires instantanés). Yup. C’est très important pour moi. J’ai été cantonné à jouer les gangsters et des maniaques de film d’horreur assez longtemps. THE INFLICTION est un film d’horreur mais je joue un véritable psychiatre qui veut aider une jeune fille.
Question du public 

Est-ce que vous serrez dans le prochain projet de Rob Zombie?

S.H: Je ne sais pas. Nous avons pas mal parlé. Rien d’officiel encore mais nous parlons.

F.O : Une autre question. Dans SPIDER BABY on retrouvait un fort sentiment familial. Même chose avec Texas chainsaw massacre et dans les films de Rob Zombie aussi, où Bill Moseley est un peu lui au final. Êtes vous devenu une figure paternelle pour lui?

S.H : Je ne sais pas…j’ai assez d’enfants comme ca (un rire narquois)

F.O : Vous en avez eu avec Pam Grier.

S.H : Quoi? Euh…non.

Un commentaire du public. Quelqu’un s’excuse auprès de Sid. Il semble que Doug Bradley et Sid avaient demandé à ces gens de la convention un bon endroit où manger le soir d’avant, mais que ces derniers ne savaient pas et cherchaient également.  Ils ont trouvé seul finalement. Où ont-ils mangé, l’histoire ne nous le dira pas. Mais imaginez: Captain Spaulding et Pinhead en train de manger du St-Hubert!!!!! Creepy.

F.O : Parlez nous un peu de ZOMBEX?

S.H :Non je ne peux pas. Je ne sais rien du film. Je peux vous dire que j’y joue avec Malcolm McDowell.

F.O : C’est bien pour ca que je vous pose la question…lui est vous ensemble…ca me donne mal à la tête…

S.H : Mcdowell joue un docteur-scientifique qui fait des expérimentations inappropriées sur les gens et je suis le commandant d’un bataillon militaire spécial, un vrai dur à cuire…. j’ai appris récemment que c’était une comédie musicale!!!!

F.O: Huh? Oookkkk. Quand vous avez commencer votre carrière, vous n’aviez pas prévu le DVD évidemment, qui permet d’intéressantes expérimentations. Je ne sais pas si des gens se souvienne du menu du DVD de HOUSE…où on peut voir Haig, hurler, s’adresser au spectateur en lui disant de commencer le putain de film! C’est effrayant!   http://www.youtube.com/watch?v=L4vqRcOs1Vg

S.H: J’ai entendu dire que des gens mettent le menu de DVD en loop durant des fêtes…il  le laisse tourner toute la nuit…C’est fou! Bien plus fou que moi…

F.O: J’ai travaillé jadis dans un club vidéo et nous avons fait ça pendant une semaine…pas des farces! Les clients devenaient dingues.

S.H: T’es malade! C’était une des premières fois que quelqu’un utilisait le personnage du film comme élément interactif du menu!

YOANN : Comment vous préparez vous pour un rôle?

S.H: Je ne fais pas grand-chose! (il rit). Comme je vous disais tout à l’heure, je suis dingue. Je m’ouvre et je laisse tout sortir. SPIDER BABY avait été difficile parce que je n’avais aucun référence. Je suis allé au zoo pour regarder les singes et les imiter. Je regardais des enfants jouer dans un parc. (Tout ce que Sid Haig vient dire à ce moment là déclenche des images effrayantes dans ma psychée)

F.O: Je somme tout le monde de regarder SPIDER BABY d’ailleurs!

S.H: C’est un film magnifique. Nous l’avons fait en 1964, avant même que vos parents soient nés et tous les cinq ans, les gens semblent redécouvrir ce film. En fait, un des seuls endroits où il a été longtemps disponible, c’est ici, au Canada. Des copies VHS trafiquées! C’était 120 $ le VHS.

Question du public :

Y’a-t-il un type de rôle que vous n’avez pas fait et qui vous intéresse?

S.H: Oh oui…plusieurs…j’aimerais jouer un policier. Je pourrais être un flic pur et dur. J’aimerais jouer un prêtre. Jouer dans une comédie romantique…

F.O: Jack Hill en écrit en ce moment!!! (rires)

S.H: C’est le seul genre que je n’ai jamais fait! Pourtant, je suis un grand romantique. Tu devrais me voir pendant la Saint-Valentin!

F.O : Quel est ton film préféré?

S.H : Lawrence of Arabia. Mon film d’horreur préféré est HOUSE OF WAX. Je l’ai vu au cinéma en 3d et j’ai eu la peur de ma vie! C’était un des plus importants films en 3-d de l’époque. Les mannequins se lancaient sur toi! J’y était avec mon père qui m’a tout de suite dit que ca lui rappelait THE JAZZ SINGER (le premier film parlant). Les gens était effrayé par la voix d’Al Johnson !
Mon deuxième film d’horreur préféré est CUJO. Pensez-y un moment: c’est effrayant, un Saint-Bernard de 200 livres qui veut bouffer ta voiture!

F.O: Une question cruelle. Tout ce que vous avez fait est brûlé par une foule de maniaques et vous ne pouvez sauver non pas un seul film mais une seule scène…Laquelle? Une seule scène où vous avez mis tout votre cœur et votre talent…

S.H : (Il réfléchit longuement. Un peu ému) Je pense que ce serait la scène avec Omar Sharif dans CHE!

F.O: Justement…vous avez joué pas mal de personnage arabes non?

S.H: J’ai joué toutes les nationalités imaginables. Quand nous faisions COFFY, un des techniciens noirs s’est approché de moi pour me dire ceci « Si tu dis à quiconque que je t’ai posé cette question, je vais le nier, te traiter de menteur et te botter le cul par la suite mais il faut que je saches…es-tu noir? ». Je lui ai répondu « À l’intérieur mon frère! Juste à l’intérieur! J’ai même joué des Suédois!!! Je fais le profil non?

F.O: Vous avez aussi travaillé avec un autre réalisateur intéressant, Eddy Romero, un autre nom associé avec les Women in prison? Il est moins connu que Jack Hill cependant. Parlez nous de lui…

S.H: C’était quelqu’un de particulièrement intelligent. Très méthodique. Un grand technicien et un homme généreux. J’ai tellement fait de film avec aux Phillipines durant cette période; je terminais un film et on en commencait tout de suite un autre, BLACK MAMA WHITE MAMA:Les gens du  studio étaient pingres et ils considéraient que c’était une bonne idée de me garder là-bas entre les deux productions. Cinq semaine se passent et j’y suis encore. Les producteurs ne savent pas trop qui sera dans le film. Je leur ai tout de suite dit «C’est évident! Vous allez le demander à Pam Grier et une autre fille, probablement une blonde. Est-ce qu’on va faire un putain de film? Je m’emmerde ici ». Durant cette période, je mangeais souvent au restaurant avec Romero et il payait toujours. Un jour, je lui dit que c’est mon tour de l’inviter. Nous allons au Manilla Press club. On mange bien, on parle philosophie, politique et religion. Le gars connaît tout. À la fin du repas je lui demande où payer et il me répond « Je suis membre du club. Je ne paye pas ici! » C’était Eddy Romero. Un bon gars et un bon réalisateur.

Filmer à l’étranger était assez primitif. Nous étions tout le temps dans la jungle et j’y ai tourné quatre ans avant que l’invention de la toilette chimique ne se fasse! Avant, c’était le buisson. Les actrices n’en revenaient pas. Un jour, j’ai dis à l’une d’elle « Tu es dans la jungle! Tu es tellement sans conséquences ici…tout ce qui vit ici peut te tuer et le fera sans hésitation,  donc, fais tout avec prudence et respect. » Je lui demande de lever une feuille et de regarder en dessous. Il y avait une colonie d’insectes qui y vivaient. Je lui ai expliqué qu’il en était ainsi pour tous les centimètres carrés de la jungle et qu’il fallait constamment être aux aguets et aller dans les buissons avec quelqu’un. J’adorais filmer là-bas! Quand je suis retourné à Los Angeles après avoir vécu dans cet atmosphère raréfié, je pouvais littéralement sentir le smog me brûler la peau et les poumons. Aux Philippines, pour passer le temps, je me faisais faire des costumes sur mesure tous les jours par la costumière. Je tournais un truc qui s’appelait Wonder Women et quand la designer n’était pas là, je créais mes propres costumes. J’adorais ça! Ils ont même télévisé un show de mode où il y avait mes créations! Je fais toujours des trucs comme ça quand je m’ennuies! J’étais à une convention à Phoenix, le pire endroit pour une convention de film d’horreur, dans un hôtel Marriot 5 étoiles. Hôtel de luxe et film d’horreur, mauvaise idée. Il n’y a pas eu 300 personnes à cet événement. Je m’emmerdais. Jusqu’à ce que je vois dans un des lobbies un Chihuahua en peluche, que je veux acheter à son propriétaire et qu’il m’échange contre un autographe. Je me suis promené avec ce Chihuahua autour du mollet toute la fin de semaine, en faisant des sons de gémissements! Faut pas me laisser m’ennuyer…

F.O: Monsieur Haig, merci de votre temps.

Quelques minutes après l’entrevue, Sid Haig vient me voir à ma table. Encore sa démarche lente et les gens qui se tassent de son chemin. Il vient me serrer la main. Il me fait un grand sourire. « Tu as fait une très bonne entrevue mon gars…très bonne. J’ai eu du bon temps. Tu avais fait tes devoirs en tout cas, c’est évident! » « J’ai simplement vu vos films Mr.Haig ». Il me fait une claque sur l’épaule et repart aussi lentement.

-FRANCIS OUELLETTE

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