Fantasia 2011, Jour 8: Critique de MUSTANG: Un monde de passions débridées

MUSTANG!!!!! CHEVAL NOIR INDOMPTÉ!!!!
MUSTANG!!!!! PERSONNE NE PEUT TE MONTER!!!!!

Dans les arrières-boutiques en plywood et les routes poussiéreuses de Saint-Tite, il y a un monde de passions sauvages qui ruent dans les brancards. Des secrets, des amours déçus et des colères qui grondent. Johnny Cooper, le grand Sachem du Festival country aimé de tous, est mort horriblement au rodéo, piétiné par Mustang.
Mustang: le cheval noir indompté.
MUSTANG. Que personne ne peut monter. 

MUSTANG est enfermé dans un enclos en exemple, symbole et témoin vivant des mensonges qui sclérosent le village. Mais MUSTANG n’est que le catalyseur du drame. Et MUSTANG, le film, est une découverte sans précédent. Il mérite un culte, un DVD, la trame sonore en 8-track et un laser-disc. Il est inadmissible qui ce magnifique pur-sang galope au loin, narguant les cinéphiles québécois de ma génération, sans que nous ayons eu droit de le monter auparavant.
Si seulement MUSTANG n’était qu’un Western-poutine hybride (le seul en fait) où sont mélangés les genres dans une concoction lourde mais hautement appétissante, ce serait déjà suffisamment bourratif. Mais il est encore plus que ça; c’est un tragédie antique à Saint-Tite. La recette est parfaite: La patate du Western classique , la sauce brune du drame de cuisine québécois et le fromage en crottes de la tragédie antique, permettant la cohésion improbable des éléments précédents. 
Willie Lamothe, le légendaire, joue Dick Lachance, chanteur de country qui n’a rien à voir avec son alter ego. C’est un cowboy fantaisiste (c’est le titre d’une de ses tounes) qui n’aime pas les chevaux. Il arrive avec son groupe au Festival de Saint-Tite pour constater que la mort de son vieux chum Cooper a laissé le village dans un état de dévastation psychologique indéniable. Affublé de ses compagnons de routes, dont le nom moins légendaire et souriant Bobby Hachey, il soupçonne quelque chose de louche. Il fera sa petite enquête  Le groupe de Lachance  a en quelque sorte une fonction de poutinage narratif (poutinarration?): ils sont le chœur grec de la tragédie, les fous du roi et des desperados du verbe au grand cœur.
La Tragédie se met en place: Un maire louche et libidineux joué avec gravitas par Claude Blanchard, Muriel Millard est son épouse fardée comme les clowns de ses peintures impressionnistes, la veuve blessée est Luce Guilbault, la femme fatale de Calgary est campée par Nanette Workman. On a aussi l’indien de service et la petite fille espiègle. Albert Millaire se la joue Western-spag en tant que bad boy tourmenté et Marcel Sabourin est l’idiot du village.  Il est amusant de constater que la parlure populaire de ce magnifique groupe rend la performance de Millaire et Sabourin des plus comiques. Ces deux acteurs de théâtre sont pratiquement incapables  de harnacher le  joual du reste du groupe. Millaire a le regard d’un tueur et l’élocution d’un notaire de Saint-Bruno. C’est hilarant.
Est-ce que Klo, le bad boy du village, saura relever le défi du maire? Pourra t-il monter MUSTANG et ainsi venger Johny Cooper? 
Seule réalisation de Marcel Lefebvre, il signe aussi la grandiloquente trame sonore (je ne déconne pas: c’est de l’immense orchestration mur à mur). Lefebvre est d’abord et avant tout reconnu comme auteur-compositeur pour à peu près tout le monde de Céline Dion (« Une colombe », c’est de lui!) à Jean Lapointe (« Qu’est-ce qui fait donc chanter les p’tits Simard! C’est les poudings…LAURA SECORD » c’est de lui aussi !!!!) 
MUSTANG est traversé de moment de grâce et d’absurdité. Des morts atroces, des regards tout droit sortie d’un Leone qui ne cesse de se répéter sans qu’il y ait le moindre combat, les tounes de Willie Lamothe qui détonnent avec les amples orchestration de Lefebvre. Impossible de déterminer où commence et fini le niveau de conscience qu’avait Lefebvre de son propre projet.
Mais c’est justement l’improbabilité d’une cohésion entre tous ses éléments qui est la grande force du film. Saouler par les trop nombreux whiskies servis à Fantasia, ça prenait la poutine bien grasse et savoureuse qu’est Mustang pour remettre mon foie de cinéphile à la bonne place.
Qu’on se le dise: MUSTANG est un MUST(on veut un Dvd calisse)
Par ailleurs, j’ai une théorie.
Pendant une scène, on voit une statue de Mustang suspendue dan les airs comme si elle volait, cambrée de colère et les yeux rouges de haine.
Je suis maintenant certain que MUSTANG est la véritable inspiration pour le cheval emblématique de Fantasia 2011. Il représente aussi leur volonté secrète de faire passer ce film à l’histoire, comme il se doit.
Parce que Fantaisia est le Mustang des festivals de cinéma: sauvage et indompté.

Fantasia 2011, Jour 8: Critique de YOU ARE HERE. Espaces canadiens intérieurs à repeindre

Il est facile de se perdre à Fantasia. La quantité de films, les heures de projections, les salles, la planification de sa journée, de son sommeil et de ses repas. Les jours qui se passent  entre le noir et la lumière, le froid et la canicule, la violence gratuite et l’introspection. On fini par s’y perdre un peu, étourdie entre la surcharge d’idée et la redéfinition même de notre espace physique.  En REM toute la journée, des semaines à rêver.On catégorise ce qu’on a vu, on répertorie, quantifie et soupèse. La réceptivité de nos sens est poussé dans des retranchements…labyrinthiques. 

YOU ARE HERE n’est pas seulement une évocation de cet état de désorientation avec lequel le public Fantasien est assez familier. YOU ARE HERE est une expérimentation. Votre cerveau est la souris. Attention-STOP. Je ne dis pas que le film est expérimental; c’est littéralement une expérience, un mécanisme méta fictionnel et fractal aux contours escheriens. Vous allez obligatoirement vous y perdre; la carte de ce territoire cinématographique est tracée sur un miroir craqué que vous devez regarder avec une loupe et une bougie. C’est aussi, fort probablement, le film le plus élusif et unique présenté à Fantasia cette année. Bien sur, il conviendra probablement plus aux gens affamés par des questions qui en apportent deux autres, aux passionnés de puzzle, de labyrinthes, d’énigmes et de maladies mentales. Les autres auront droit à un mindfuck d’une qualité indéniable. Je sais pour ma part que c’est la grande découverte du Festival pour au moins trois personnes: le programmeur Simon Laperrière, moi et l’autre.
Un résumé est forcément inutile mais l’exercice est néanmoins irrésistible. Une porte donnant sur le vide à un étage inaccessible d’une gratte-ciel. Des expériences sur le cerveau se passant dans  une pièce vide. Une archiviste accumulant des documents audiovisuels apparaissant sur son chemin. Une prothèse oculaire qui change le monde. Un conférencier qui vous met en garde de suivre le point rouge de son laser. Tous ces éléments sont reliés  par d’infimes détails dans un réseau de filaments narratifs aux tensions variables. 
Vous êtes directement responsable de votre itinéraire. Si jamais vous vous sentez perdu, ne perdez pas de vue que vous êtes ici.

 Amalgame physique (et mental) de Cronenberg, Egoyan et André Sauvé, le réalisateur Daniel Cockburn investi sa métafiction d’un généreuse dose d’angoisses et de névroses. De sa propre déclaration, son film est une exploration sinueuse d’une crise existentielle et matérialiste où il a jadis failli se perdre par excès de causalités. 

À  mon sens, il y a quelque chose de typiquement canadien dans le film de Cockburn, des angoisses typiquement locales, situées entre les contraintes budgétaires, la crise identitaire et un obsession nationale voilée gravitant autour de la notion d’espace (Du Spider de Cronenberg jusqu’aux films de Vicenzo Natali…le Canada fait les meilleurs huis-clos en plein air. La perte, l’oblitération, la contraction et la dilatation de l’espace; un thème omniprésent dans la cinématographie canadienne (vous pouvez écouter notre émission sur le sujet ici même pour en avoir le cœur net). On y trouve forcément aussi une mélancolie urbaine délicieusement torontoise. Cockburn deviendra assurément une réalisateur canadien à suivre là où il voudra bien se rendre

Je terminerais sur cette blague, au mécanisme typiquement canadien; C’est une fois l’espace, le temps et l’esprit qui rentre dans un bord. L’esprit se tasse. Le temps passe de l’autre bord et rentre dans l’espace. Si vous riez, c’est que VOUS ÊTES ICI et ce film est décidément dessiné pour vous. 
Un gros merci à Simon Laperrière: ces obsessions personnelles sont responsable de l’apparition de ce film au Festival.
FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011, Jour 6: Critique de WICKER TREE-The Wicker horror picture show

The Wicker man. Le nom lui même est maintenant synonyme de légendes.
Tout a été attribué à The Wicker man: Citizen kane des films d’épouvante, porte étendard d’un renouveau païen, film fondateur de l’horreur folklorique. De biens grosses épithètes à porter. Vous qui lisez ceci, je sais que vous n’avez pas à vous faire résumer le film. Même si vous ne l’avez pas vu, vous savez assurément de quoi il en retourne.
38 ans plus tard, Robin Hardy vient présenter sa suite, The Wicker Tree, devant un public de Fantasiens émus. Digne, élégant et impeccablement british, Hardy a eu droit à une ovation, un moment émouvant et mérité. 
J’étais de ceux là qui se tenait debout. 
Malheureusement, je me mentais quelque peu à moi même. Voyez vous, je me suis toujours demandé si Wicker man était un film qui avait parfaitement saisi l’esprit de son époque par accident, si le public n’avait pas surdimensionné son propos. Je vais même me permettre un sacrilège de circonstance: Se pourrait-il que Robin Hardy soit l’homme d’un seul film et qu’il fut au bon endroit au bon moment, un one trick poney? C’est ce qu’on allait voir.
On savait que la suite n’en serait pas une, qu’elle serait une sorte d’extension thématique. L’histoire reste fondamentalement la même: au lieu d’un policier qui enquête, c’est maintenant un couple de jeunes évangélistes bien tarés qui vont faire une petit tour dans les landes écossaises, question de convertir les païens. Ils sont vierges et s’aiment presque autant qu’ils aiment Jésus. Elle est chanteuse, blonde et ressemble à s’y méprendre à une jolie petite truie sacrificielle (casting d’enfer). Il est cowboy, blond et c’est un grand dadet musclé plein de bonnes intentions. Si les gens qui habitent le village sont accueillants, on devine qu’il ne le sont pas parce qu’ils ont envie folle d’être convertis.
Le personnage inoubliable du patriarche tenu par Christopher Lee, Lord Summerisle (qui a un caméo de circonstance dans le film), est remplacé par un dénommé Sir Lachlan, responsable de la centrale nucléaire du village et de l’infertilité des villageois. L’homme d’osier du titre est désormais un arbre. Voilà le topo.

« It’s okay to laugh » avait annoncé Hardy avant le commencement du film. Et pour cause. 
Wicker man n’est pas qu’une comédie. C’est presque un musical. Entre les chansons pieuses de country chrétien et les ritournelles grivoises des écossais. On a parfois l’impression de regarder une relecture de Wicker man façon Rocky Horror picture show. Une occasion en or pour Hardy de se moquer de la foi en général et en comparaison, Wicker tree enchaine coup sur coup les gags absurdes et joue à fond la carte du clivage culturel. Quelques bonnes observations sur les dangers de la foi, des deux cotés, cependant.
Alors que la suite de Hardy dévoilait son enchevêtrement de blagues, de chansons et de commentaires agnostiques, une chose devenait clair: Après le 11 septembre, le sida et Oprah, la pertinence de cet univers s’est quelque peu fanée. En ce sens, le choix de Hardy est justifiable, celui de revoir son grand film avec un filtre satyrique. Pour cette raison, une autre chose devenait claire. Hardy n’a jamais eu la moindre  sympathie pour le idées païennes de son film de 73. Cette théorie sera confirmée par la discussion du lendemain qu’il aura devant public  avec Richard Stanley sur la foi au cinéma (nous vous donnerons un compte rendu de l’événement bientôt). 

Est-ce que The Wicker tree est un ratage? Peu s’en faut. Il faut avouer un chose: par affection pour Hardy et les bons souvenirs qu’il nous a tous procuré,les opinions des critiques sont plutôt douces.   Dans cette petite satire suranées, il y a les échos lointains d’un film culte qui aurait gagné à ne pas avoir de remake…et encore moins une suite.

-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011, Jour 6: MIDNIGHT SON-fils déchu de race surhumaine

Cette critique est légèrement tardive, mais je trouve approprié de la faire après en avoir parlé avec le plus de gens possible. La polarité qui entoure Midnight son est assez surprenante. Navet de Fantasia 2011 pour certains, le film de vampire appelé à devenir culte pour d’autres.
 Est-ce surprenant? Nous sommes actuellement dans le creux de la monstrueuse vague d’histoires de vampire qui revient sporadiquement éclabousser le public à toutes les décennies. Tout le monde a forcément une prédilection pour un certain type d’histoire de suceurs de sang. Personnellement, si on exclu le bouleversant Let the right one in, j’attendais ce type de film avec impatience. Depuis le terriblement sous-estimé The Addiction d’Abel Ferrara, en fait. Ceux qui ont soif de vampires « naturalistes » seront grandement désaltérés (à ce sujet, nous vous recommandons notre émission sur ce thème ici même)
 Jacob a une condition de peau qui l’empêche de vivre sous la lumière du soleil. Il vit donc la nuit et travaille comme gardien de sécurité. Il n’a que très peu de contacts humains et il peint à cœur de jour de magnifiques toiles où brille ce soleil qui est une menace pour lui. Ces derniers temps, rien ne semble rassasier sa fin grandissante… à part la nourriture très saignante. C’est à ce moment consternant de sa vie monotone qu’il rencontre une autre âme solitaire. Mary, serveuse et toxico, créature aussi nocturne que lui et encore plus tourmentée. Le désir s’installe peu à peu entre les deux âmes blessées. 
 Midnight son ne réinvente pas le mythe vampirique. Il reprend les codes classiques du genre pour les distiller un compte-goutte avec un réalisme assumé. L’évolution psychologique du personnage et la découverte de son état se font à pas feutrés, jusqu’à l’inévitable conclusion.   La banalité de son quotidien nocturne traversé de mélancolie est particulièrement crédible.  
Plus que jamais, le vampirisme apparait ici comme une véritable condition, une maladie, une toxicomanie. Il n’est pas ici une métaphore comme dans l’existentialiste film de Ferrara: Jacob est en tout point un junkie qui veut retrouver son thrill initial et en redoute les conséquences. Car Midnight Son est également une histoire de drogue, avec son lot de dealer et de clichés inhérents à ce genre également. À ce titre, il faut voir la scène où Jacob fait découverte du sang frais, aussi efficace que chargée de double sens. Les efforts que doit fournir le pâle jeune homme pour avoir un fix donnent lieu aux scènes les plus puissantes (et sanglantes) du film, tour à tour pathétiques et troublantes.
Tout en assumant son réalisme, Midnight son prend quand même le risque de conserver la dimension romantique du vampire, au plus pur sens du terme. À ce niveau, c’est tout ou rien. Plusieurs décrocherons. D’autres, (c’est mon cas), seront aspirés par la passion qui nait entre Jacob et Mary. .Dans le rôle de Jacob, le jeune Zak Kilbe, sorte de croisement entre Jude Law et Joseph Gordon-Levitt, est tout en nuances. Par moment, on croirait voir une variation vampirique du drame romantique Untamed Heart avec Marisa Tomei et Christian Slater (come on! Qui n’aime pas ce film là?)
 Dans ses thèmes comme dans sa facture, Midnight son est l’antidote du film de vampire hollywoodien. On y explore les thèmes les plus profonds de la créature: les liens étroits entre Éros et Thanatos, la solitude, la souffrance et la soif d’amour qui double celle du sang. Une très belle trouvaille de la part des gens de Fantasia.
-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia, jour 7 : Bullhead

Bullhead est certainement l’un des films les plus bouleversants que j’ai eu la chance de voir cette année au festival Fantasia. Réalisé par le metteur en scène belge Michaël R. Roskam, ce long-métrage d’une puissance étonnante saura venir vous soutirer quelques larmes. Pour ma part, il est parvenu à obtenir la première position de mon palmarès personnel.

Présenté au départ sous les allures d’un film de mafia se déroulant dans le milieu de l’élevage bovin, Bullhead prend rapidement un tournant vers le récit personnel et intimiste. C’est avant tout l’histoire d’une amitié et celle du parcours d’un personnage blessé au passé tragique qui tente tant bien que mal de vivre une vie normale et ultimement d’éprouver le sentiment qu’il a le droit d’être un homme et d’aimer

Les familles de Jacky Vanmarsenille (Matthias Schoenaerts) et Diederik (Jeroen Perceval), des amis d’enfance, travaillent dans le milieu de l’élevage bovin. La seule tache au tableau, leurs bêtes sont bourrées d’hormones illicites, une pratique aussi lucrative qu’illégale en Belgique. Un évènement viendra bouleverser la vie du jeune Vanmarsenille lorsqu’il se fera littéralement pulvériser les testicules par un jeune garçon à peine plus vieux que lui. Cet évènement transformera à jamais la relation qui unissait Jacky et Diederik. Plusieurs années plus tard, le meurtre d’un policier qui enquête sur le trafic d’hormones risque de se retrouver lié à Jacky. Par chance, cet événement fera croiser les chemins des deux hommes à nouveau.

Au fur et à mesure que le récit se dévoile, nous quittons l’intrigue policières pour en apprendre davantage sur Jacky. Celui-ci a dû à son adolescence prendre de la testostérone afin que son corps se transforme en celui d’un homme. Une pratique qu’il n’a jamais laissée de côté et qui s’est développée avec les années en une habitude maladive, quasi compulsive, de consommer des stéroïdes de toute sorte. Ce parallèle entre la consommation de stéroïdes et l’élevega de bêtes de ferme est plus qu’une simple métaphore élaborée pour un cours de scénarisation au collège. Elle aurait pu très bien tomber à plat si elle n’avait pas été appuyée par une histoire aussi prenante que tragique.

Matthias Schoenaerts dans le rôle de Jacky porte le film sur ses épaules. Si au début il nous est antipathique sous ses airs d’homme dur, on découvre qu’il s’agit en fait d’un masque qu’il s’est construit au fil des ans. Il devient curieusement un personnage émouvant pour qui on ne veut que du bien. En effet, rien n’est de plus poignant que de le voir mal à l’aise dans son corps de colosse, son tempérament à fleurs de peau et prêt à sauter à la gorge du premier qui lui manquera le moindre respect. On le sent à l’étroit et maladroit, spécialement quand il tente de séduire un vieil amour de jeunesse. On se retrouve à souhaiter du bonheur en espérant de tout coeur qu’il saura se contrôler et surpasser ses blessures émotives.

Sans qu’on nous prenne par la main, on comprend ce qui motive Jacky et ce qui fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. Cette dimension humaine et complexe et beaucoup plus intéressante que les rares scènes d’action que l’on retrouve à quelques reprises dans le film. Quant à lui, même si son parcours est moins mis de l’avant, Diederik est un personnage tout aussi attachant. Affligé par les mêmes évènements que Jacky, il asseye maintenant de faire ce qui est juste. Une épreuve qui n’a rien de facile lorsqu’il devra choisir entre son ami et ce qui est juste.

BullHead n’a rien de moralisateur. Sans prendre position sur les agissements amoraux de ses personnages, il ne fait qu’exposer ses protagonistes dans tout ce qu’ils ont de plus humain, autant leurs qualités que leurs faiblesses. C’est un récit touchant qui ne laissera personne d’indifférent.

– Benoit Mercier

Fantasia, jour 6 : One Hundred Years of Evil (Et si Hitler avait survécu et vivait aux U.S.A.)

One Hundred Years of Evil est un documenteur qui emprunte une prémisse des plus intéressantes et certainement jamais empruntée au cinéma. Serait-ce possible qu’Adolf Hitler aurait eu une telle fureur de vivre, qu’il ne se serait pas suicidé d’une balle dans la tête dans son bunker au coté de sa bien-aimée (Eva Braun), mais qu’il aurait plutôt été fait prisonnier par les américains avec plusieurs de ses sosies? Et que suite à sa libération, il aurait vécu aux États-Unis sous une autre identité (Adolf Munchenhauser)? C’est ce que croit le chercheur norvégien Skule Antonsen et le documentariste espagnol Idelfonso Elizalde. Ces deux comparses partent à la recherche des traces de ce M. Munchenhauser au péril de leurs vies, pour prouver que le Fuhrer a bel et bien vécu au pays de l’Oncle Sam et qu’il était protégé par la C.I.A.

Diffusé un mardi à 17h30, dans la petite salle (de Sève), il ne fallait pas s’attendre à un grand film, mais, par son sujet, c’était définitivement un des films à voir. Il en ressort un film qui mêlent les faits et la fiction comme Peter Jackson le faisait dans Forgotten Silver, et les scènes d’entrevues, de réels se mêlent; tout comme la comédie et le suspense. Malheureusement, bien que le film soit souvent très hilarant, les scènes d’action sont de véritables pétards mouillés, il n’y a aucune tension. Pour ce qui est des performances d’acteurs, elles sont plus que justes (pour les principaux), mais un peu trop caricaturales pour les seconds rôles (comme les agents d’immigration). Il faut saluer le scénario, plus qu’ingénieux; toutefois, vers la fin, il s’essouffle, le rythme ralentit. Le film ne dure que 80 minutes et une quinzaine de minutes de moins n’aurait pas fait de tort. On peut blâmer le budget plus que microscopique, pour certaines de ses faiblesses.

Cela m’étonnerait que ce film soit diffusé à nouveau à Montréal sur écran géant, hormis le mardi 26 juillet prochain à 13 h (de Sève). Je lui donne 3 thumbs up et 2 thumbs down (3/5), mais malgré cette note et ses faiblesses, ce film vaut réellement la peine d’être vu.

Voici la bande-annonce qui en dévoile un peu trop :

– ‘xim Sauriol

Festival Fantasia 2011, Jour 4: The Troll Hunter

Je ne mentionnerais pas pour ce survol de The Troll Hunter les populaires longs-métrages de « caméra à l’épaule » ou de « bobines retrouvées » tel que le Blair Witch Project ou Cloverfield… oups je viens de le faire. S’engouffrer dans ce genre de comparaison devient rapidement inutile et sert souvent qu’à démolir le film en prétextant que son contenu est une copie exacte ce qui s’était fait auparavant. C’est dommage. Parce que s’il est vrai que cette esthétique peut faire dans la redondance, l’argument de « ça c’est déjà fait avant » ne tient pas toujours la route. La vérité c’est que malgré les mauvaises langues, j’aime bien ce genre de cinéma, il faut s’assumer. Bien réalisé, ce type narratif a la possibilité d’être extrêmement divertissant à condition d’éviter certains clichés qui malheureusement dans le cas de The Troll Hunter le film ne parvient pas à éviter.

Franchement, j’aurais voulu aimer le long-métrage du réalisateur norvégien André Øvredal. En fait, j’ai l’impression que c’est le commentaire qui est ressorti le plus à la sortie de la projection. Tout le monde voulait avoir apprécié davantage ce film qui avait tout pour être une réussite. Par contre, à cause en partie de sa longueur et de son jeu de caméra qui incarne parfaitement ce que les détracteurs du genre détestent, le récit tombe rapidement dans la redondance et ne parvient que par de brefs moments à émerveiller son auditoire.

En effet, entrecoupé des séquences de « chasse aux trolls », notre équipe formée de documentaristes en herbe livre des informations intéressantes sur ce métier nébuleux gardé secret par les autorités du pays.
C’est par le biais d’interviews avec Hans, le seul chasseur de Trolls de la Norvège, que l’on découvre les rouages du métier. Ces échanges parsemés de brin d’humour nous éduquent sur les différents types de trolls, leur habitudes et habitat, mais également sur la dimension bureaucratique qui entoure leur chasse. Formulaires multiples, cartes et autres documents officiels doivent être remplis afin de garder un oeil sur la population de ces bêtes et de s’assurer un suivi afin que leur existence ne soit pas révélée au public. Étrangement, c’est au bord de la route, en voiture ou dans un café que la magie s’opère véritablement. Nous n’avons pas besoin dans ces scènes de voir aucun troll pour croire en leur existence, une subtilité qui est perdue lorsque les personnages se retrouvent dans les bois à pourchasser les créatures aux côtés de Hans.

Comme je l’ai souligné plus haut, il y a également le jeu de caméra qui laisse à désirer. Un des attraits des films aux « bobines retrouvées », est les plans-séquences qui permettent de créer l’illusion que l’action s’est déroulée en temps réel et que nous sommes témoins d’évènements qui ont bel et bien eu lieu. Malheureusement, la caméra de The Troll Hunter est extrêmement nerveuse et change constamment de plan pour aller piger la réaction des personnages ou pour établir un environnement. En plus d’être excessivement irritant, on perd ce sentiment d’immersion qui accompagne ce genre de long-métrage. Il faut aussi mentionner que mis à part le personnage de Hans, la distribution reste de parfait inconnu et on ne tient pas vraiment à ce qu’il pourrait leur arriver. Cet aspect est très dommage puisque c’est par l’intermédiaire de leurs périples que l’on découvre l’univers des trolls.

Malgré ses faiblesses je ne pourrais qualifier The Troll Hunter de « mauvais film ». Le récit réussit par moment à nous surprendre et à venir réveiller une certaine magie en nous. Il aurait par contre gagné à être un peu plus peaufiné, s’éloigner de l’action pour adopter la découverte.

– Benoit Mercier

Fantasia 2011, Jour 5: Critique de LOVE-Métaphysique 101 0110011 011

Pas facile pour un jeune réalisateur de se coltiner à de grands thèmes métaphysiques de nos jours. La cinéma a érigé des bouleversants monuments au nom de l’infini : un monolithe noir et parfait, une planète-mer vivante et curieuse, une galaxie agonisant d’un cancer cosmique. Plus récemment, la naissance et la mort de l’univers rejoignant en grandiloquence celle d’un garçon. C’est devant (et derrière) ces grandes réalisations que le cinéaste-philosophe devra invariablement se prosterner avant de se lancer dans la contemplation.  Une poignée de films qui transcendent l’idée même du cinéma et qui le détermineront à jamais

Les habitués de notre émission et de ce blogue l’auront remarqué, nous sommes férus de films métaphysiques et d’occultisme. Pour moi, il n’y a pas de film plus complet et crucial que 2001:a space odyssey. Il est sacré. Il est inévitable qu’il soit cité, parfois comme une simple référence, d’autres fois comme un évangile qu’on psalmodie (Pour ceux qui partage cette avis, nous vous invitons à écouter notre émission Voyage au bout de l’Enfer –2001:A SPACE ODYSSEY analysé via le livre d’Howard Bloom, THE LUCIFER PRINCIPLE.). Même The Fountain, pour toutes ses inégalités et ses détracteurs, est selon moi un film important. 
Le cinéma de science-fiction métaphysique a t-il encore quelque chose à dire? Peut-il offrir une nouvelle approche au delà de la référence et plus encore, avec un budget modeste? Je n’en suis pas certain. Il faut avoir énormément de courage pour explorer dans une petite nacelle ce que d’autres ont frayé avec une monstrueuse embarcation. 
 Un futur proche. Un astronaute en mission spéciale passe des jours répétitifs dans une station spatiale. Entrainé à supporter la solitude, c’est néanmoins une autre paire de manche qui l’attend lorsqu’on lui fait savoir qu’il devra y rester pour un temps indéterminé. Dans sa descente inexorable vers la folie, il trouve dans la station un journal personnel datant de la Guerre de Sécession. Quelque chose s’est passé là bas qui a changé le cours de l’humanité et qui explique probablement qu’on l’ai abandonné.
Entre les tableaux de combat de la guerre de Sécession, hautement iconographiques, et les scènes d’immobilité du capitaine dans sa station, le mystère s’ouvre peu à peu. C’est la succession de tableaux d’une saisissante  beauté, doublée de l’amplitude de la trame sonore d’Angels & Airwaves qui prend le dessus sur la narration. Mentionnons que le film se voulait initialement une succession de vidéo clips. Kubrick l’a déjà dit: il faut voir ce type de film comme des expériences sensorielles et non verbales, sans chercher à comprendre. 
Malheureusement, n’est pas un pur métaphycisien qui veut…
LOVE de William Eubank ne pouvait pas échapper aux comparaisons. Il sera aussi accusé d’être une œuvre composite. Il souffrira même (le réalisateur en est hautement de conscient) de l’inévitable association à MOON de Duncan Jones. Les similarités entre les deux sont beaucoup trop nombreuses: l’isolement d’un astronaute dans sa navette, la mission qui s’éternise, la folie qui s’installe et les  longs regards lancés vers la terre pendant que la barbe pousse. Les thèmes empruntés à la musique également; si Duncan Jones semble avoir voulu illustrer une chanson de son père David Bowie, la présence à la trame sonore de Angels & Airwaves (qui assure aussi la production)  vient tapisser le film de thèmes qui sont chers au groupe. Le film ne cache d’ailleurs pas ses références…il les étend généreusement comme Lady Gaga met le map-o-spread de Madonna sur ses toasts au Wonderbread.
Mais ce n’est pas là que Love surprend. 

C’est un film métaphysique…ouvrier. Regardez l’affiche plus haut: l’image de l’astronaute qui semble attendre l’autobus pour aller bosser est assez chargée de sens.

On s’explique

Durant la séance de questions suivant le film, un spectateur a posé une colle hautement pertinente sur les nombreux sous-textes Franc-Maçons qui traversent le film. La question a été vite évincée par l’équipe de créateurs, peu chaud à l’idée de le réduire  film à une série de symboles. Dommacar LOVE est absolument gavé d’imageries franc-maconiques: une structure spatiale qui ressemble à un building new-yorkais, des images de pères fondateurs au combat, des artefacts anachroniques rappelant un hôtel américain, des vieux secrets de l’histoire cachés par les autorités. Les architectes de ce monde connaissent le secret. Point de fallacieuses élucubrations conspirationnistes ici: si les symboles et les propos ont échappé aux créateurs, ils sont là et en bloc. 
Ce qui n’est pas sans pertinence. Le film a été réalisé avec des moyens dérisoires, beaucoup d’inventivité et l’huile de bras de bricoleur de l’équipe. Il porte bien son titre, car il est véritablement un Labor of love, fait avec patience par des bâtisseurs. Le personnage principal est lui même un homme à tout faire, un ouvrier doublé d’un soldat et le dépositaire des secrets du monde. Un batisseur. La métaphore, qu’elle soit inconsciente ou non, est omniprésente. 
Love gagnera beaucoup à être vu avec son matériel supplémentaire, où le spectateur pourra comprendre l’inventivité mis en jeu pour réaliser un film de ce type avec un budget dérisoire. Or, ce matériel supplémentaire ne fera que renchérir et confirmer les thèmes franc-maçoniques en montrant des ouvriers qui œuvrent par des moyens physiques et terre à terre à percer les secrets du monde, en toute insouciance. 

En ce sens, LOVE est non seulement un film où la figure du père ouvrier est omniprésente, il est aussi une oeuvre métaphysique matérialiste où les mystères de l’univers se démontent avec une clé à molette et beaucoup de patience. 

-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011, Jour 4: Critique de PHASE 7-l’ennui au temps de la pandémie

Presque à tous les ans, je me souviens avoir vu au moins un film à Fantasia qui disparait sensiblement de la circulation par la suite (ou qui ne connaitra jamais de distribution massive). Rien à voir avec la piètre qualité du film. C’est qu’ils sont parfois spécifiquement « nationaux ». Quelqu’un a vu, voilà quelques années, l’adaptation de la bédé espagnole Mortadel et Philémon? La qualité du film était indéniable mais le produit final était spécifiquement espagnol. Il demandait un minimum de référents. Dans ces conditions, le dépaysement est encore plus fort à mon sens. C’est aussi ça pour moi, le plaisir de ce festival. C’est voir des productions  au budget microscopique qui seraient pratiquement impossibles à découvrir dans un autre contexte et qui dépaysent dans tous les sens du terme. 
Phase 7 est ce film. L’idée est convenue. Le traitement lui, ne l’est guère. Pipi et Coco, un jeune couple qui n’en est plus à ses premières idylles, vont bientôt avoir un enfant. Le contexte n’est pas des plus reluisants: une épidémie ravage lentement mais surement plusieurs pays. Est-ce la guerre? La fin du monde? On n’en apprendra que très peu sur la chose. L’édifice de Pipi et Coco doit être mis en quarantaine. Dans ce contexte, vont-ils se tomber sur les nerfs à en crever?
 On pourrait présager un huis clos étouffant, une folie généralisée qui s’installe. Eh bien non. Les soucis des protagonistes sont d’une banalité effarante: une ampoule brulée, le rationnement des Froot-loops, les voisins paranos et ceux, encore plus chiants, qui veulent emprunter des trucs. En fait notre couple n’est pas des plus jovial. Ils s’engueulent légèrement et constamment pour des peccadilles. Il en va de même des voisins. Quand l’un des leurs disjoncte et se met à décimer les autres, c’est aussi pour un malentendu. 
 À part les films de Fabian Bielinsky et de Juan Jose Campanella, je n’ai pour ainsi dire que très peu de connaissances du cinéma argentin. Je ne connais pas les mécanismes de l’humour là bas. Mais après avoir vu tout au plus une dizaine de films provenant de la terre du tango, il est  possible d’y constater un rythme, une cadence bien précise. Je dirais même une langueur. Phase 7 n’y échappe pas. En fait, il n’échappe à rien. C’est la moins paniquante des attaques virales de l’histoire. Évidemment, le budget famélique limite les possibilités de démonstrations de la situation, mais des films fauchés y sont néanmoins parvenus (Right at your door et REC). En fait, le réalisateur Nicolas Goldbart fait le choix délibéré de nous montrer une fin du monde traversée d’une certaine lenteur.
C’est là que les mécanisme comiques du film opèrent le mieux. C’est « Les Zombies attaquent l’Auberge du chien noir » sans que l’on voit un seul zombie. La lenteur et l’indifférence finissent par faire sourire le spectateur qui craignait de s’ennuyer quelques minutes plus tôt. Même la bavarde trame sonore de synthétiseur rappelant les films de zombies italiens fini par faire rire tellement elle est juxtaposée à des scènes anticlimatiques. 
Fantasia, c’est aussi ça: un petit film argentin de fin du monde où le couple joue au battleship en regardant le monde crever. Et vous savez quoi? Après les virus et les cannibales Mccarthien, les gens qui se suicident et violent des bébés, je ne serais pas surpris que les survivants de notre monde ressemblent à Pipi et Coco…un couple qui s’emmerde. Ha ha.

-FRANCIS OUELLETTE

Festival Fantasia 2011, Jour 4: A Lonely Place To Die

Les amateurs de sensations fortes en ont eu pour leur argent hier soir lors de la projection de A Lonely Place To Die, un film du réalisateur britannique Julian Gilbey qui était sur place afin de présenter son long-métrage en première Canadienne. Pour ceux qui n’ont malheureusement pas eu la chance d’assister à la projection, imaginez le film Cliffhanger de Renny Harlin avec des personnages pour lesquels vous avez un véritable attachement, rajoutez s’y des scènes d’actions prenantes dans un paysage majestueux et vous vous rapprocherez de ce à quoi consiste ce Thriller à couper le souffle.

A Lonely Place To Die nous projette dans les hautes terres écossaises. On y suit cinq amateurs d’escalade qui ont choisi ce coin de pays reculé pour pratiquer leur sport favori. Leur excursion est soudainement chamboulée lorsqu’ils se porteront au secours d’une fillette prisonnière d’une boîte de bois enterré sous la terre. Sans le savoir, le groupe venait de contrecarrer les plans d’un duo de kidnappeurs qui a enlevé la jeune fille afin d’exiger une rançon à sa famille. Isolé, seul à des kilomètres du village le plus près et pourchassé par les criminels, le groupe d’amis tentera au péril de leur vie d’alerter les autorités.

Que les mauvaises langues se tiennent pour dit, le film de poursuite a encore quelque chose à offrir! Comme Gilbey lui-même l’a souligné avant et après la projection de son long-métrage, un film d’action peut être réfléchi et extrêmement crédible si on l’approche d’une façon intelligente. Ce qui motive les personnages et ce qui résoudra ultimement les situations périlleuses auxquelles ils sont confrontés doivent se résoudre de manière logique et non forcée. C’est exactement l’impression que nous avons lorsque l’on a passé au travers de la projection A Lonely Place To Die. Nous en ressortons avec la certitude que ses concepteurs ont fait leurs classes et que l’environnement, la montagne dans le cas présent, n’a pas été utilisé comme un simple gadget pour attirer le public en salle. L’oeuvre est traitée avec une telle véracité que cette dimension en devient littéralement effrayante lorsque l’on est témoins des séquences d’actions, que ce soit durant des scènes d’escalades ou lorsque les personnages sont pourchassés par les kidnappeurs armés de carabines à longue vue.

Le réalisateur Julian Gilbey a lui-même pris des cours d’escalade afin d’écrire le scénario et ça se ressent. Si vous n’avez pas le vertige, vous l’aurez assurément après les deux premières minutes. Perché à des centaines de mètres de hauteur, le réalisateur parvient à présenter la montagne dans toute sa splendeur, mais également dans tout ce qu’elle a de plus angoissante. Les scènes de cascades où les protagonistes sont constamment projetés au sol ou celles durant lesquelles ils se tiennent à bout de doigt sur le bord d’une corniche vous glaceront le sang. Il faut ici souligner la performance de l’actrice Melissa George, principale héroïne du film, qui n’offre rien de moins qu’une performance fantastique pour son rôle de Alison, une jeune femme alpiniste à la ténacité de fer.

Par contre, si la première partie du film nous garde en haleine, la deuxième est beaucoup moins efficace et tombe rapidement à plat. En effet, le premier volet du récit sait tirer avantage de nos peurs primaires comme le vertige, la claustrophobie, l’isolement et la peur d’être traqué. Malheureusement, le film prend un virage pour le pire dans son second en changeant totalement de registre. Une équipe de mercenaires chargés de retourner la fillette kidnappée entre en jeu et le tout prend davantage les allures d’une histoire typique de rançon. Ces dernières séquences du film se déroulent dans un village en plein carnaval auquel participent des centaines de personnes. On a du mal à sentir l’urgence si brillamment mise en scène au début de l’oeuvre. Même si cette partie du long-métrage déçoit, il reste que la finale demeure explosive et tout à fait satisfaisante.

À voir avec un petit sac de papier brun si vous avez le vertige et de l’antisudorifique pour ne pas indisposer vos voisins. Croyez-moi, vous allez en suer un coup!

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2011, Jour 3: The Theatre Bizarre

C’est devant une foule gonflée à bloc hier soir que les différents artisans du film anthologique «The Theatre Bizarre» ont présenté leur long-métrage devant une salle pleine à craquer du Théâtre Hall de l’Université Concordia.

L’atmosphère était fébrile alors que Mitch Davis, programmateur pour le festival, et les différents réalisateurs sont venus sur scène avant la projection pour expliquer qu’il s’agissait à priori d’un projet qui a vu le jour grâce au festival. Ils ont par ailleurs souligné l’importance de cet évènement culturel au grand plaisir d’un auditoire comblé de voir réuni en un même lieu leurs réalisateurs préférés.

En effet, pour ce long-métrage, les gens de chez Severin Films et Metaluna Productions sont allés recruter des créateurs bien connus du milieu, dont Douglas Buck, Buddy Giovinazzo, David Gregory, Karim Hussain, Jeremy Kasten, Tom Savini et Richard Stanley. Chacun d’entre eux a pour leur part offert un court-métrage d’horreur d’environ une vingtaine de minutes qui, une fois combiné aux autres segments, vient former le film de «The Theatre Bizarre». Quant à lui, le récit d’une jeune femme qui assiste à une représentation dans un théâtre lugubre vient lier chaque film. Les segments deviennent alors une projection offerte à la jeune femme qui perd de plus en son humanité au fil du visionnement. Les amateurs de bande dessinée feront le lien ici l’album « Contes d’outre-tombe » de l’auteur québécois Jacques Lamontagne qui utilise un procédé narratif similaire pour unifier les différentes histoires de son recueil.

Malgré les différentes flagrantes au niveau de la production et de la mise en scène de chaque segment, nous avons droit à un bel éventail de récits extrêmement imaginatifs et qui contre toute attente se marient bien entre eux. Par exemple, l’atmosphère fantastique est à l’honneur pour le court de THE MOTHER OF TOADS de Richard Stanley tandis que le ton de THE ACCIDENT de Douglas Buck vient surprendre par sa réflexion très profonde sur le sens de l’existence et de la mort.

Soulignons également le travail du Montréalais Karim Hussain qui est venu récolter plusieurs réactions avec VISION STAINS, une œuvre où le sang et la métaphysique se côtoient.  Je ne peux passer sous silence la présence remarquée du légendaire spécialiste d’effets spéciaux Tom Savini qui a su donner des frissons aux messieurs qui assistaient à la projection avec son segment intitulé WET DREAMS. Un court dans lequel se mélange le rêve et la mutilation d’un membre bien masculin…

Ultimement, «The Theatre Bizarre» rend nostalgique de ce type de compte anthologique tel que Tales From The Creep ou Amazing Stories qui étaient populaire au milieu des années 90. En outre, on espère qu’il s’agisse d’un projet chapitre d’une longue série s’inscrivant dans le même style.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2011, Jour 3: The Unjust

Les dernières années ont été riches en découverts en ce qui concerne le cinéma provenant du sud de la Corée. Je dois souligner ici le véritable mentor qu’est le programmateur Nicolas Archambault lorsqu’il s’agit de la cinématographie de ce coin du monde. Grâce à lui, j’ai été initié à un style filmique qui m’était auparavant insoupçonné. Une cinématographique extrêmement riche, divertissante et bien particulière qui possède ses propres codes et qui exploite des thématiques bien précises, dont l’incompétence des autorités et du gouvernement.

Comme pour The Chaser, présenté à Fantasia en 2009, The Unjust du réalisateur Ryoo Seung-wan se penche sur incapacité des forces policière de la ville de Séoul à attraper un violeur de jeunes filles et tueur en série. Après une bavure policière qui coutera la vie d’un suspect, la police camoufle l’affaire afin d’éviter un scandale. Mais alors que les forces de l’ordre et le système de justice sont de plus en plus pointés du doigt pour leur incompétence en ce qui concerne l’arrestation du meurtrier, un complot émerge au sein des autorités afin de calmer l’opinion publique. La solution, trouver un coupable qu’il le soit véritablement ou non. Pour cette tâche, on fait appel aux services de Choi, un capitaine de police avec quelques squelettes dans le placard, dont des liens avec un riche immobilier aux méthodes d’affaires houleuses. Se rajoute à cette bande de corrompus un jeune procureur ambitieux aux pratiques tout aussi douteuses qui il tentera par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues de Choi.

The Unjust dessine un portrait stéréotypé intéressent des éléments qui forment le système de justice de la Corée du Sud, un système qui est davantage propulsé par l’ambition et des aspirations carriéristes que par un véritable désire de justice. Les antihéros dépourvus de morale que sont les protagonistes du film font de The Unjust une oeuvre à laquelle il est difficile de s’identifier.

À voir les personnages s’engouffrer de plus en plus dans des situations impossibles, font qu’il est pénible de s’attacher à ceux-ci. On devient plutôt un spectateur impuissant, témoin de la folie qui se joue devant nous à l’écran. N’en reste pas moins que l’intrigue est très prenante et que l’on désire voir ce qui arrivera ultimement aux différents protagonistes. L’atmosphère totalement amorale de The Unjust rend également le récit tout à fait rafraichissant en s’éloignant des longs-métrages moralisateurs d’Hollywood à la finale triomphante remplie de justice et de sens.

L’oeuvre de Ryoo Seung-wan reste profondément inquiétante et fataliste et démontre ce qui arrive lorsqu’on abuse notre position de privilège au profit de nos ambitions personnelles. À plusieurs reprises, nous avons le goût de nous lever et crier vers l’écran tellement le complot prend des proportions ridicules. Le rythme du film est ponctué d’un humour noir et satirique qui vient souligner certaines situations complètement absurdes et amène une touche de légèreté dans un récit qui est sinon très dense. C’est d’ailleurs cette caractéristique de l’oeuvre qui découragera certains. En effet, il est difficile parfois de se retrouver dans les différents jeux de pouvoir. Les scènes de complots qui s’enchainent l’une après l’autre à un rythme effréné font qu’on peut facilement s’y perdre. On vient à se demander « qui sait quoi » et ce qui motive les agissements des personnages.

The Unjust est tout de même captivant jusqu’à la fin et s’inscrit pour ma part dans une longue liste de films coréens qui méritent fortement d’être découverts de son côté si de l’hémisphère.

– Benoit Mercier

Fantasia 2011, Jour 3: Superheroes- Hérotomanie, chronique d’un phénomène annoncé‏

C’était inévitable. Le phénomène était inévitable. Un documentaire le sujet aussi, forcément. Les « real life superheroes »
Voilà de cela plus d’un an, nous avions écrit quelques articles sur la venue inévitable d’un phénomène social, les « véritables » super-héros, alors vaguement émergents. (vous pouvez trouver les articles en cliquant ici et ici) Initialement, le phénomène se voulait évidemment marginal; des clowns qui se promènent en collants, qui donnent des coup de mains aux gens, des sites internets de discussion et des répertoires pour « vrais super-héros ». Rien de bien avilissant. Le tout possédait déjà un certain charme naïf quoique jubilatoire.
Comme nous l’avions postulé, au moins une personne, directement inspirée du comic Kick-ass et du film du même nom, allait forcément tenter l’aventure. D’autres films ont depuis traité du même sujet: Defendor de Peter Stebbings et l’encore Super de James Gunn, présenté   le 21 et le 27 juillet à Fantasia également . Watchmen aura probablement aussi joué un chouïa dans l’équation. Il suffit de voir le macaron qu’arbore fièrement le justicier nommé « Superhero » sur son opulente poitrine dans le documentaire de Michael Barnett.
Il était inévitable que le phénomène évolue.
 Des geeks qui rêvent en 3-D? Du cosplay urbain? Du D&D superhéroïque? Faites votre choix
Pour ma part, au delà de la simple curiosité et d’une condescendance généralisée sur le sujet,  les real-life superheroes sont deux choses. Ils sont tributaires d’une nouvelle et fascinante forme de psychopathologie, une Hérotomanie en somme. Ils sont aussi, très simplement, des individus qui font de leur mieux pour inspirer. Parfois, ils échouent lamentablement. Quand ils y parviennent, cependant, c’est une chose assez magnifique à voir.
C’est le point de vue qu’a décidé d’emprunter le réalisateur Michael Barnett en nous montrant le quotidien de ces défenseurs de la veule et de l’orgelet. Point de simple condescendance ici. En fait, Barnett nous montre différents types de héros. Certains sont risibles. D’autres sont vaguement attachants. Quelques uns impressionnent. Mais collectivement, ils forment un phénomène qui commence à devenir trop important pour qu’on ne fasse qu’en rire. Le tout avec eune facture qui emprunte occasionnellement une esthétique aux comic-books où nos protagonistes deviennent immortalisés dans des cases. Ces scènes sont particulièrement émouvantes. Stan Lee est même de la partie en tant que commentateur.
Mr. Extreme est clairement simplet. Il est grassouillet et totalement déconnecté. Mais dammit, il est valeureux comme 20, le grand dadet! On ne peut que l’aimer. Et vous savez quoi? Il aide vraiment les gens.
 Master Legend est en quelque sorte le Ozzy Osbourne du genre super-héroique. Drôle malgré lui, convaincu de ses capacités. Probablement alcoolique. C’est une évidence que les boulons du bonhomme sont lousse. Et vous savez quoi? Tout le monde apprécie le bonhomme pour sa candeur et sa joie de vivre. Il inspire d’autre à faire comme lui: aider son prochain. 
Et puis il y a Zimmer et son équipe The New-york initiative, qui reprennent un peu les méthodes préconisées par les Street Angels. Ils n’ont pas l’air de deux de pique. On a aussi Dark Gardian, qui chasse les dealers de drogues. Ses individus sont tous en excellent forme et ont des cojones à revendre. Il y aussi LIFE, un jeune juif aussi inspirant qu’il est articulé, qui rend un hommage direct aux super-héros de la première génération, justement créés par des juifs.
J’ai moi même deux identité. Le cinéphile et le geek. 
Le cinéphile est allé voir le documentaire de Barnett avec une pointe de cynisme. Il s’est retrouvé profondément ému et troublé. Et si…ces étranges personnages avaient raisons, malgré le ridicule de toute cette mascarade?
Et vous savez ce que le geek en moi voulait faire? 
Je voulais hurler de joie. Peut-être que moi aussi…je pourrais…je ne sais pas…
Naaaaaa. 
-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011, Jour 2: The Legend of the Beaver Dam-Se faire venir dans les yeux

J’ai eu ma deuxième véritable relation sexuelle dans une colonie de vacances. Avec une anglophone d’Edmonton qui plus est. Couchés dans l’herbe poisseuse, aux alentours de minuit. J’ai joui en moins de 12 minute. Pas elle. Je ne suis pas un brigand qui ne pense qu’à son cul: un cunnilingus était de mise. Quelques secousses de langue et de doigts et l’affaire était ketchup; je le sais parce que j’ai reçu un généreux jet de liquide séminal dans l’œil. Ma première éjaculatrice! Je ne savais même pas ce que c’était. Je pensais fermement m’être fait pisser dans la pupille. La vie est pleine de mystère.
J’étais extatique: le feu de camp qui crépitait au loin, quelques notes de Paul Piché,  une délicieuse odeur résiduelle de chatte sur ma moustache molle d’ado, la fébrilité de me faire prendre en flagrant délit et aussi…la peur comique de me faire slasher dans le dos la face encore pleine de viendu de dame parce que je tringle dans les bois.
C’est précisément l’effet que m’a procuré cet hallucinant court-métrage: celui d’un jet de jus de chatte dans l’oeil. Ca fait sourire et on en reçois plein la gueule. Le titre est encore plus significatif pour moi, vous comprenez?.

Sur fond de musique (franchement prenante par ailleurs), un jeune nerd effrayé par les histoires de feu de camp de son moniteur baveux et obèse devra vite s’éveiller à la dure réalité des colonies de vacances: les compères bullies, les humiliations, la jeune fille qu’on aime en silence…le slasher archétypal qu’on invoque avec une comptine. Tel Ash dans Evil Dead 2, notre jeune garçon verra ses testicules tomber comme des noix de cocos sur une plage aride et il deviendra un homme. Un peu comme Mon oncle Antoine si le petit gars tuait son oncle et se faisait chasser pas Jason Vorhees…dans une comédie musicale. Et il nous ont passé ça avant Attack The Block! Vous imaginez la folie furieuse dans la salle!!!!

Simplement le short le plus réjouissant de l’année. le réalisateur Jerome Sable a un indéniable sens du rythme, du gag et du gore (un petit déjeuner complet). C’est aussi un hommage survolté à la tradition vénérable du film de Slasher canadien, beaucoup plus sirupeux que ceux de nos compères américains. Sable est un homme à suivre. j’ai littéralement crier de bonheur pendant les 12 minutes de ce court. Un peu comme la petite dame d’Edmonton qui a joui dans mon œil , jadis, au ranch Massawippi.Pour la première fois cette année à Fantasia, je suis venu dans mon short. 
 (Tambour. Cymbales)

-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011 – Jour 2: Attack The Block

L’un des plaisirs qui fait partie intégrante du festival Fantasia est bien sûr la découverte de films que l’on ne pourrait rarement voir ici en salle pour ne pas dire jamais. Quoi de plus énergisant que de découvrir en groupe un long-métrage provenant de l’autre bout de la planète dont personne n’a presque jamais entendu parler ou très peu? Vous avez beau faire le tour du programme et regarder toutes les bandes-annonces, il y a toujours une aura de mystère lorsque l’on pénètre dans la salle de projection de l’Université Concordia, comme si quelque part nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Avec les années, on peut dire que le public de Fantasia a appris à faire confiance à ses programmateurs qui par le passé ont souvent vu juste dans leur sélection.

Attack The Block, présenté hier en première Montréalaise, ne fait pas exception à cette règle. Plus qu’un simple film d’invasion extraterrestre, ce long-métrage britannique signé Joe Cornish, s’appuie sur un scénario solide et une distribution composée pour la plus part de jeunes inconnus hors pair. C’est un film puissant, comique, mais également touchant et souvent effrayant.

Dans le quartier défavorisé de South London, une bande de jeunes voyous et leur chef Mosses (John Boyega), tombent face à face avec une créature provenant de l’espace. Après une courte altercation, la bande finit par tuer la bête d’origine inconnue et décide de l’amener au revendeur de drogues Roy (Nick Frost de Shaun of the Dead) afin que ce dernier puisse l’identifier. Peu de temps après, une pluie d’astéroïde contenant d’autres créatures, cette fois-ci beaucoup plus féroces, tombe sur le quartier. C’est alors que la gagne de Mosses se retrouve pourchassée à travers le ghetto. Les jeunes adolescents devront apprendre à travailler de paire et utiliser leur ingéniosité pour survivre à la nuit. Leurs périples les amèneront à croiser le chemin de Sam (Jodie Whittaker), une infirmière qui s’est faite taxée par le groupe plus tôt au début du film.

Vous pourriez être tenté de penser en lisant cette prémisse qu’il s’agit d’un film de série B sans trop d’intérêt et de qualifier le tout de farfelu, mais rien ne pourrait être plus faux. Ce qui fait la force principale de Attack The Block c’est le sentiment de véracité dans lequel le film est plongé du début à la fin. Certes, la situation initiale est extraordinaire, mais rien de ce qui en découle n’est trop tiré par les cheveux ce qui amène l’auditeur a se mettre à la place des jeunes hommes et à craindre véritablement pour leur sécurité. La comparaison avec les Goonies est facile à faire, mais là où les personnages du film de Richard Donner étaient quasi invincible, ceux de Attack The Block ont tout ce qui est des plus humains. Un fait qui est souligné lorsque la bande perd l’un des leurs, terrassé par les griffes d’une créature.

Le jeu des jeunes interprètes porte sur leurs épaules le succès du film. La bande formée de Mosses (John Boyega), Dennis (Franz Drameh), Biggz (Simon Howard), Pest (Alex Esmail) et Jerome (Leeon Jones) s’avère très crédible et fortement attachante. Leurs réactions ne sont jamais forcées ou satiriques au point que le spectateur questionne leurs intentions. Au contraire. On ressent un bagage émotif puissant pour chacun d’eux, une écorce émotionnelle que l’on déduit a dû se développer afin que ces jeunes survivent à la rue.

Les créatures extraterrestres sont extrêmement terrifiantes et persistent à l’être même après que celles-ci soient dévoilées complètement à l’écran. De véritables chasseuses, ces bêtes extraterrestres aux capacités physiques rappelant celle d’un prédateur de la jungle ne cessent de faire sursauter le public dont les nerfs sont déjà très tendus.

Ce long-métrage est également très beau visuellement. Les plans sont soignés et les plus observateurs d’entre vous auront surement remarqué l’esthétique inspirée des Comic Books. En effet, dans plusieurs scènes, les personnages principaux sont présentés comme des superhéros un peu plus grands que nature, mais le ton reste tout de même réaliste.

Un peu d’humour bien placé et intelligent vient amener un peu de répit au film qui est par ailleurs bourré d’actions et de rebondissements. Le tout est par ailleurs accompagné d’une trame sonore hallucinante composée de morceaux d’hip-hop et de techno.

Finalement, Attack The Block vient prouver qu’un « film pour enfant » peut être intelligent, drôle, mais aussi extrêmement divertissant pour les éternels gamins «Fantasiens» que nous sommes.

– Benoit Mercier