Festival Fantasia 2012 – Lloyd The Conqueror

Pas besoin d’être un fin observateur pour s’apercevoir que les Geeks sont à la mode depuis quelque temps. Alors que le cinéma hollywoodien nous offre année après année des films de superhéros et que des émissions telles que « The Big Bang Theory » font l’apologie de ce mode de vie qui pourrait essentiellement se résumer à, comme Simon Pegg le disait, ne jamais se la jouer cool au sujet de combien vous aimez quelque chose, certaines personnes quant à eux seraient tentées de proclamer que la « revanche des tronches » à bel et bien eu lieu. Vivons-nous maintenant dans un monde où tous et chacun sont Geek? À tout le moins juste un peu?

Bien qu’il est pratiquement aujourd’hui impossible de posséder un minimum de « culture Geek », tous ont au moins joué à Mario au Nintendo dans leur jeunesse ou utilise un téléphone intelligent sur une base régulière, il n’en reste pas moins que des aspects de celle-ci demeurent nébuleux, pour ne pas dire étrange.

Dans son film intitulé Lloyd The Conqueror, le réalisateur canadien Michael Peterson nous projette littéralement dans l’un de ces curieux passe-temps. Celui des jeux de rôle grandeur nature. On y retrouve un monde étrange avec ses propres règles et façon d’opérer. Un univers fantastique qui absorbe complètement ses joueurs qui tentent d’échapper à banalité du quotidien et qui parfois malgré eux s’y retrouvent complètement engloutit.

Lloyd (Evan Williams) est le chef d’un trio de colocataires qui fréquente l’université publique de leur ville. De nature plutôt fainéante, les trois jeunes hommes se retrouvent dans le pétrin alors qu’ils ne parviennent pas à préparer à temps l’exposé oral pour un cours essentiel pour l’obtention de leur diplôme. Sans la note de passage, Lloyd, Patrick et Oswald perdront leur aide financière aux études. Leur professeur (Mike Smith), un adepte et champion de jeux de rôle grandeur nature, leur propose alors un marché. S’ils s’enrôlent dans la prochaine compétition annuelle de GN, celui-ci leur donnera la note minimale de passage. Bien qu’ils acceptent sans toutefois connaitre cet univers, le groupe prendra goût au jeu tandis que la compétition se transformera petit par petit en une question d’honneur. Lors de leur quête, ils feront la rencontre du magicien blanc (Brian Posehn), un ancien joueur et propriétaire d’une boutique de jeux qui initiera le groupe aux mystères et règlements des GN. De son côté, Lloyd prendra son courage à deux mains en abordant la jeune entraineuse d’un dojo local pour qui il développera des sentiments.

Petit frère des «Slacker Movie», Lloyd The Conqueror ne réinvente pas le genre, mais parvient malgré tout à nous divertir et bien sûr nous faire rire. Quoique caricaturaux, à en être par moment même épuisant, ses personnages sont attachants et parviennent à nous toucher. Chaque scène devient un prétexte à se moquer des adeptes de ce type de jeux et des Geeks en général et leurs manies. Un humour qui, à moins d’être un Geek de mauvaise foi, sera bien reçu de ceux-ci. Avec de très peu de moyens Peterson parvient à demeurer inventif avec des gages qui ne se répètent pas et qui nous prennent malgré nous au détour. Les blagues employées sont par moments un peu facile, mais réussissent à ne pas tomber dans le « pipi caca », un facteur «choque» que l’on retrouve tapissé d’un bout à l’autre des longs-métrages de Kevin Smith, un autre réalisateur qui est un habitué de ce genre de films.

Brian Posehn est hilarant dans le rôle du personnage du vieux magicien qui tente de guider ses nouvelles recrues. On comprend que pour lui les grandeurs nature sont plus qu’un simple passe-temps, mais un style de vie qu’il prend terriblement au sérieux, ce qui entraine plusieurs malentendus et malaises. Mike Smith quant à lui est convaincant dans le rôle du «méchant» et champion invaincu des GN. Bien que terriblement cruel et malicieux, il s’entoure, comme les vilains des dessins animés, de sbires empotés qui le vénèrent tel un roi. On souhaiterait par contre que les scènes de combats soient un peu plus élaborées et créatives. Elles se concluent malheureusement très rapidement et semblent avoir été un peu trop improvisées, ce qui est dommage puisque le combat est au cœur de tout bon jeu de rôle grandeur nature. C’est d’ailleurs dans celles-ci que l’on retrouve le plus d’erreurs techniques. Des plans contre jour, un éclairage peu adéquat et des mises au foyer mal exécutées parsèment une photo qui est sinon bien réussie.

Un bon petit film canadien qui donne une visibilité et une voix à l’un peu connut des non-initiés.

– Benoit Mercier

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