Fantasia 2011 – Jour 2: Attack The Block

L’un des plaisirs qui fait partie intégrante du festival Fantasia est bien sûr la découverte de films que l’on ne pourrait rarement voir ici en salle pour ne pas dire jamais. Quoi de plus énergisant que de découvrir en groupe un long-métrage provenant de l’autre bout de la planète dont personne n’a presque jamais entendu parler ou très peu? Vous avez beau faire le tour du programme et regarder toutes les bandes-annonces, il y a toujours une aura de mystère lorsque l’on pénètre dans la salle de projection de l’Université Concordia, comme si quelque part nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Avec les années, on peut dire que le public de Fantasia a appris à faire confiance à ses programmateurs qui par le passé ont souvent vu juste dans leur sélection.

Attack The Block, présenté hier en première Montréalaise, ne fait pas exception à cette règle. Plus qu’un simple film d’invasion extraterrestre, ce long-métrage britannique signé Joe Cornish, s’appuie sur un scénario solide et une distribution composée pour la plus part de jeunes inconnus hors pair. C’est un film puissant, comique, mais également touchant et souvent effrayant.

Dans le quartier défavorisé de South London, une bande de jeunes voyous et leur chef Mosses (John Boyega), tombent face à face avec une créature provenant de l’espace. Après une courte altercation, la bande finit par tuer la bête d’origine inconnue et décide de l’amener au revendeur de drogues Roy (Nick Frost de Shaun of the Dead) afin que ce dernier puisse l’identifier. Peu de temps après, une pluie d’astéroïde contenant d’autres créatures, cette fois-ci beaucoup plus féroces, tombe sur le quartier. C’est alors que la gagne de Mosses se retrouve pourchassée à travers le ghetto. Les jeunes adolescents devront apprendre à travailler de paire et utiliser leur ingéniosité pour survivre à la nuit. Leurs périples les amèneront à croiser le chemin de Sam (Jodie Whittaker), une infirmière qui s’est faite taxée par le groupe plus tôt au début du film.

Vous pourriez être tenté de penser en lisant cette prémisse qu’il s’agit d’un film de série B sans trop d’intérêt et de qualifier le tout de farfelu, mais rien ne pourrait être plus faux. Ce qui fait la force principale de Attack The Block c’est le sentiment de véracité dans lequel le film est plongé du début à la fin. Certes, la situation initiale est extraordinaire, mais rien de ce qui en découle n’est trop tiré par les cheveux ce qui amène l’auditeur a se mettre à la place des jeunes hommes et à craindre véritablement pour leur sécurité. La comparaison avec les Goonies est facile à faire, mais là où les personnages du film de Richard Donner étaient quasi invincible, ceux de Attack The Block ont tout ce qui est des plus humains. Un fait qui est souligné lorsque la bande perd l’un des leurs, terrassé par les griffes d’une créature.

Le jeu des jeunes interprètes porte sur leurs épaules le succès du film. La bande formée de Mosses (John Boyega), Dennis (Franz Drameh), Biggz (Simon Howard), Pest (Alex Esmail) et Jerome (Leeon Jones) s’avère très crédible et fortement attachante. Leurs réactions ne sont jamais forcées ou satiriques au point que le spectateur questionne leurs intentions. Au contraire. On ressent un bagage émotif puissant pour chacun d’eux, une écorce émotionnelle que l’on déduit a dû se développer afin que ces jeunes survivent à la rue.

Les créatures extraterrestres sont extrêmement terrifiantes et persistent à l’être même après que celles-ci soient dévoilées complètement à l’écran. De véritables chasseuses, ces bêtes extraterrestres aux capacités physiques rappelant celle d’un prédateur de la jungle ne cessent de faire sursauter le public dont les nerfs sont déjà très tendus.

Ce long-métrage est également très beau visuellement. Les plans sont soignés et les plus observateurs d’entre vous auront surement remarqué l’esthétique inspirée des Comic Books. En effet, dans plusieurs scènes, les personnages principaux sont présentés comme des superhéros un peu plus grands que nature, mais le ton reste tout de même réaliste.

Un peu d’humour bien placé et intelligent vient amener un peu de répit au film qui est par ailleurs bourré d’actions et de rebondissements. Le tout est par ailleurs accompagné d’une trame sonore hallucinante composée de morceaux d’hip-hop et de techno.

Finalement, Attack The Block vient prouver qu’un « film pour enfant » peut être intelligent, drôle, mais aussi extrêmement divertissant pour les éternels gamins «Fantasiens» que nous sommes.

– Benoit Mercier

Fantasia 2011, Jour 2: Milocrorze: a love story-une lettre d’amitié au vieux maître Seijun Suzuki

Ce sera pour ainsi dire impossible pour le 7ème des Mystérieux étonnants de parler du film de  Yoshimasa Ishibashi sans exulter une généreuse dose de superlatifs (plus qu’à mon habitude, je veux dire).
Accrochez-vous d’accord? 
C’est notre premier film asiatique à Fantasia cette année et déjà, il sera difficile de voir plus déjanté que ces trois fables pêchées tantôt avec le fil de de l’imagination , tantôt avec le filet de la rupture de ton  et souvent avec la dynamite de l’absurdité  (Underwater love, je t’attend!).
Trois histoires donc, reliées par les fruits confits du hasard et le même comédien qui joue à fond la caisse trois rôles différents.
La première, celle d’un petit garcon,Ovreneli Vreneligare (vous allez vous souvenir de ce nom répété plus de 32 fois dans le film par une narration drolatique et délicieusement irritante), qui passe des journées ennuyeuses dans un monde technicolor de contes Zeussien avec son chat au comportement irascible Verandola Gorgonzola (sorte de croisement entre Azrael et Garfield en mauvaise 3D). Au cœur de son ennui, il rencontre et tombe amoureux de la belle et élusive Milocrorze (de 28 ans son ainée et représentation fantasmée de la femme idéale). Ils vivront une histoire d’amour traversée de pureté et de yaourt. Mais les jours de peine guettent Ovrenali Vrenaligare…Dort Ovreneli Vrenaligare dort…
Ce conte a deux fonctions bien précises: poser les assises de cette histoire d’amour tricéphales et pousser au paroxysme les uppercuts que les japonais aiment parfois se donner dans les fricatives labiales. C’est un réel plaisir d’entendre à outrance des mots que la narratrice ne peut prononcer qu’avec une multiplication des syllabes. De sa propre déclaration après le film, le réalisateur avait le but délibéré de créer l’irritation chez le spectateur. Les amateurs du film SYMBOL de Hitoshi Matsumoto, découverte totale de l’année dernière, apprécierons assurément ce segment.
La deuxième histoire tourne autour de Besson Kumagai, un motivateur de génie prodiguant des conseils professionnels de séduction pour jeunes garçons en manque d’amour par le biais d’une hotline. Enfant slick et illégitime de Serge Gainsbourg et d’une anguille, il prodigue des conseils absurdes, défit les lois de la narration en apparaissant à côté du téléphone et ses déplacements sont des danses scandées par des nymphettes (à la séance de questions qui suivait le film, un spectateur probablement stone a cru voir les chorégraphies du vidéo de Fatboy Slim avec Christopher Walken)
Si on se fie aux commentaires et aux réactions du public, ce sont les segments avec Besson, survoltés  et beaucoup trop courts, qui sont les grands moments du film. 

Pour ma part, c’est le troisième segment qui est le plus important, autant au niveau formel, narratif que référentiel.
Tamon tombe follement amoureux de Yuri. Au beau milieu de cette grande histoire, Yuri est mystérieusement kidnappée. Tamon la cherchera littéralement à travers le temps et l’espace, dans des anachroniques repères de yakuzas et des bordels,  le temps de devenir un cowboy, un ronin…Bref, un archétype total du guerrier solitaire et torturé cherchant sa belle. Dans ce segment hautement inspiré, si les genres et les ingrédients se voisinent furieusement, le sukiyaki final est bourratif sans devenir indigeste. Il faut voir l’interminable scène de combat au ralenti, grappillant autant le Nô, le Kabuki que les illustrations japonaises traditionnelles.   
Une partie de ce segment est d’ailleurs ouvertement un des plus touchants hommages à Zatoichi jamais réalisé (croyez moi, je suis un fan morbide)
 Milocrorze est déjà comparé à de nombreux films: Funky Forest, Survive Style 5, Symbol, Kamikaze girls. Les explorations formelles et narratives les plus poussées de Miike viennent aussi à l’esprit (les inconditionnels de IZO y trouveront leur compte). Le film  méritent toutes ces comparaisons à mon humble avis. C’est l’ovnippon (ouch!) habituel qui est la marotte des Fantasiens.
Cela dit, l’histoire d’amour ne s’arrête pas là. Une scène du film déclare ouvertement les influences d’Ishibashi en la présence de Seijun Suzuki jouant un vieux maître tatoueur complètement sénile. 
Milocrorze est une immense déclaration d’affection offerte humblement au vieux maitre, précurseur de toute une génération. Il n’est pas qu’une banale tentative d’émulation, mais une véritable volonté de faire perdurer la voix de Suzuki, de rappeler à la génération de réalisateurs japonais actuelle qu’il fut un des premiers à triturer joyeusement la forme de cette manière
Ce qui n’empêche pas Milocrorze d’être sa propre bête, hybride, amphibienne et coassant le  bonheur de faire du cinéma.
 
-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011, Jour 1: King of devil’s island

C’était une très bonne idée et un bon coup de la part des organisateurs de Fantasia de débuter le festival avec Red state, la première incursion de Kevin Smith dans le film de genre. Après tout, qui de mieux que le pape de l’intelligentsia geek  pour partir le bal du quinzième, d’emblée avec un film d’horreur? Le tout prend des airs de consécration non? Tarantino, Scott Pilgrim…et maintenant Kevin Smith. Une suite logique, ce me semble.

J’ai on ne peut plus hâte de lire les critiques nombreuses et inévitables qui vont suivre…parce que pendant que tout le monde se préparait à recevoir le brûlot de Smith en pleine tronche, on se gelait l’âme dans l’enfer blanc de la salle d’en face juste pour vous…et il ne nous viendrait pas à l’esprit de nous en plaindre! Certain vont à Fantasia pour le divertissement, la stimulation intellectuelle, le dépaysement, l’hystérie collective. J’y vais moi même pour toute ces raisons mais je favorise plus que tout autre un type de stimulation bien précis: je veux me faire torturer. Je veux le bouleversement, l’étourdissement. Je cherche ces films cruels dont Fantasia a le secret.

Si vous êtes comme moi, King of the devil’s island sera un passage obligé cette année. Rien comme une overdose d’injustice montrée froidement à l’écran pour nouer un estomac et vous faire serrer les poings.

Nous sommes en 1915 et il y a quelque chose de pourri au royaume de Norvège. Dans le centre correctionnel de l’île Bastoy, des jeunes hommes accusés de crimes souvent risibles vivent dans des conditions rappelant la prison ou les camps de concentrations. Abolition de l’identité, travaux forcé, rationnement, humiliation publique et punitions physiques . Tout ça pour le bien de ces jeunes sauvages, évidemment. Jusqu’à l’arrivée d’Erling, 17 ans, baleinier, accusé de meurtre. Une âme indomptable qui n’a pas l’intention de se laisser briser, peu importe ce qu’on lui fera subir.Le film de Marius Holt est un grand hymne au froid, celui de la Norvège mais aussi celui du cœur de petits hommes risibles assoiffés de contrôle. Entre la photographie bleutée (rappelant celle de Let the right one in) et les constantes exhalaisons sortant de la bouche des  jeunes hommes (même lorsqu’ils dorment), il donne littéralement froid dans le dos. Quelques notes lancinantes de violons s’élèvent sporadiquement, lamentant le sort des enfants. Personne ne fait mieux la mélancolie que les scandinaves.L’autre froideur qui traverse le film, c’est celle de l’immense Stellan Skarsgard. Visiblement content de jouer ce rôle, le grand Danois a laissé tomber le pilote automatique de ces insipides tours de piste hollywoodiens et retrouve son ténébreux regard, celui qu’il avait à l’époque de Insomnia et Breaking the waves. Les jeunes comédiens, à l’instar de leur personnage, ne s’en laissent pas imposer. Le jeune Benjamin Helsatd en particulier qui  transpire la révolte et possède un regard traversé d’intelligence brute.

Fonctionnant comme un The Magdalene sisters qui serait doublé d’un film de prison, King of devil’s island ne tente pas de réinventer le genre « carcéral » mais il tire parfaitement et efficacement sur ses cordes les plus tendues.

Reste que la grande valeur de ce film glacial est son invitation à la révolte. (Je n’ai pas eu envie de me battre autant pendant un film depuis Das Experiment!). Devant l’étroitesse d’esprit d’individus assoiffés de contrôle et de respect forcé, il n’y a pas de réponse plus urgentes que la désobéissance et l’insoumission…

On rappelle qu’une seconde projection aura lieu le 17 juillet à 17h20.

FRANCIS OUELLETTE

Émission spéciale Festival Fantasia

C’est devenu une tradition, chaque année nous recevons « à la bonne franquette » notre ami Simon Laperrière, programmateur du Festival Fantasia, pour venir nous parler des différents films et activités qui seront présentés durant le déroulement du festival.

Fantasia 2011: Conférence de presse:l’envol du Cheval noir

Lorsque j’ai vu les premières images du cheval noir déployant furieusement ses ailes sur les images publicitaires et le programme officiel du Festival Fantasia 2001 , j’ai été littéralement bouleversé. Les gens de Fantasia ont eu énormément de flair en la choisissant. Voyez vous, ce cheval provient d’une importante  légende québécoise, dont l’origine est élusive, comme toutes bonnes légendes. On peut apercevoir par exemple cette image iconique sur les bouteille de bière Trois Pistoles (un des potentiels lieux de provenance de la légende). En l’occurrence, ce cheval noir, ce n’est nul autre que le diable, le Malin  harnaché qui aide les hommes dans leur travaux les plus éreintants. Mais gare à ceux qui lui retireront sa bride.
Bravo au gens de Fantasia d’avoir eu cette idée inspirée. L’icône est forte mais la charge du symbole est encore plus appropriée. N’est-ce pas  précisément ce que les gens de Fantasia font à chaque années, bâtir quelque chose à bout de souffle, ériger une église, un lieu de rencontre en harnachant littéralement le démon? Le démon, c’est nous,  cinéphiles assoiffés de sensations fortes, de scènes chargées à bloc de violence et de vices, galopant comme des chevaux fous pour acheter nos billets et regarder 4 films par jour. Le démon, c’est aussi ce cinéma furieux et déchainé dont nous avons tous soif.
Plus encore, ce cheval, dans toute sa gloire, est un symbole profondément québécois. Pour son quinzième anniversaire, Fantasia rappelle à ses fidèles ses appartenances. Si le festival est ouvert sur la cinématographie mondiale, il a profondément et plus que jamais à cœur la cinématographie québécoise. 

À la conférence de presse d’hier, je voulais de toutes mes forces voir une statue ou un  trophée qui serait le symbole commémoratif de Fantasia. ET PAF! Le voilà le putain de trophée! Les meilleurs films seront désormais honorés par ce symbole sur un petit piédestal. Ça prenait un symbole unificateur et le voilà, ciboire! Attendez de voir  la publicité officielle, avec ce même cheval et Dominique Lévesque… c’est du grand art.  Tout ce que représente Fantasia engoncé dans une pub de quelques secondes.

Mais je digresse…

Il y avait une frénésie dans l’air hier à la conférence de presse. Cette 15ème édition prenait des allures de consécration méritée. Après le triomphe de l’année dernière, certains concepts sont de retour et de nouveaux viennent s’y greffer: un nombre effarant de personnalité seront là (plus de 100 invités, allant de Richard Stanley’ Ted Kotcheff à Udo Kier, de John Landis qui recevra un prix commémoratif à Robin Hardy), des conférences, des master class, une projection de Phantom of the opera avec orchestre interprétant une composition originale de Gabriel Thibaudeau. L’événement sera tout simplement plus massif que jamais. Un colloque tenue par 4 femmes sur l’horreur au féminin, une conférence sur la mythologie des Studios Hammer! Vous pourrez même aller voir gratuitement voir des films avec vos enfants; ils ont prévu des projections pour eux, ces maniaques!
Du côté du cinéma occidental, un volet intitulé Payback in black: the new wave, continuation du concept de l’an dernier couvrant le cinéma en caméra subjective.  J’ai l’eau à la bouche pour  VICTIMS de David Bryant, qui a le culot de dérouler son suspense en un seul plan-séquence
Voilà deux ans de cela, le 7ème antiquaire faisait un podcast sur l’importance des producteurs André Link et John Dunning dans l’émergence du cinéma de genre québécois et canadien :Cinépix et son héritage: Ciboire! Tu veux tu ben m’dire dayousski z’ont crissé nos grands films de genre du Québec???
Fantasia fournie la réponse à notre question en présentant un hommage bien mérité aux productions de ces pionniers, sorte de Roger Corman doublé de têtes à Papineau: My pinball summer, my bloody valentine, Daughter of darkness, Visiting hour et un préféré des Mystérieux étonnants, FRANKENSTEIN 2000!!!!! 
FRANKENSTEIN  2000 sur grand écran !!!:
À ne pas confondre avec Frankenstein 90, la brillante et très française relecture moderne du mythe avec Eddy Mitchell et Jean Rochefort). Le titre original, The Vindicator. Jadis, je voulais absolument retrouver le film. Tâche virtuellement impossible; même pour le plus féru des collectionneurs, le sacro-saint VHS est une denrée rare.

1-The Vindicator est réalisé par Jean-Claude Lord. Production de John Dunning et André Link, les fondateurs de Cinépix. Ce qui en fait un film de commande, soit, mais également un film québécois.

2-Le thème est terriblement similaire à Robocop avec une touche de Swamp Thing (l’original de Berni Wrightson et Len Wein, le film de Wes Craven par extension). Les références aux comic-books y sont d’ailleurs nombreuses; the Vindicator fut d’ailleurs le nom initial de notre Captain America national et le chef d’Alpha Flight avant The Gardian. Ceci dit, il est sorti un an avant Robocop. Visionnaire! Il est impardonnable que nous en ayons point parlé dans notre entrée de blogue sur Le retour de Deathlok-se faire tirer le Verhoeven du nez.
3-Pour tout son « génie » et les souvenirs qu’il m’a procuré, The Vindicator est à évoquer pour une incontournable scène, que je vous résume ici:
Transformé depuis peu de temps en machine à tuer par une sinistre organisation gouvernementale, notre héros déambule dans les rues, confus et titubant. C’est une nuit humide et triste… Il se regarde dans une vitrine de magasin de jouets. Ornée de masques de monstres, il ne distingue pas bien le reflet de son visage se confondant aux nombreux masques. Il est perplexe… Les masques et les jouets sont-ils en train de le narguer (comme Darkman et son putain d’éléphant rose)? Il prend soudainement conscience de ce qu’il est devenu. C’est terrible!

Emporté par la colère, notre héros casse la vitrine du magasin avec un panneau! Oh non!

On voit ensuite l’ampleur des dommages. OH NON! Câlisse! Frankenstein 88 vient juste de péter la vitrine d’une institution culturelle montréalaise, le Bric-à-brac, magasin de jouets/tabagie trônant fièrement, encore à ce jour, sur la rue Ontario. Noble comptoir faisant le bonheur des béesses depuis des lustres, échoppe incontournable pour les nombreux pèlerins des ventes trottoirs, on y trouvait jadis des jeux de pichenottes et de poches, des costumes cheaps et des imitations de figurines taiwanaises (j’ai encore une figurine de Robocop achetée là-bas en 89…quelle coïncidence poétique!), du tabac et des tubes de cigarettes de même que ces petits bidules noirs servant à remplir soi-même les tubes qui faisant des assourdissants Ka-klacs. Des heures et des heures de Ka-klacs où vos parents se confectionnaient des bonnes rouleuses à peu de frais. Flashback violent genre P’tit Québec/on revient chez nous/grand maman y’é bon ton fromage. Frankenstein 88 a pété la vitrine de mon bric-à-brac…

Osti. Pas besoin d’être Freud ou d’aller se faire tirer aux cartes chez matante Rolande.
La rue Ontario=la ligne de ma vie.
Le Bric-à-brac=mes souvenirs.

Frankenstein 88=mon inconscient
Frankenstein 88 en train de péter la vitrine du bric-à-brac=la révolte de mon inconscient contre un passé refoulé et monstrueux de jeune béesse qui revient me hanter inlassablement, avec dégoût et nostalgie.

*Soupirs*

Mais je digresse derechef…
On assistera aussi au grand retour de Richard Stanley dans une discussion sur l’occultisme au cinéma avec Robin Hardy. Ce dernier vient présenter par ailleurs la suite très attendue de son opus THE  WICKER MAN, The Wicker tree!  

Les programmateurs ce sont fait un devoir de nous présenter leurs suggestions personnelle, avec le brio qu’on leur connait.

-Les amateurs de film d’horreur transgressif et expérimental devront absolument voir THE THEATRE BIZARRE, anthologie de six films réalisés par autant de créateurs (dont Karim Hussein et Richard Stanley). La bande annonce à elle seule est un des meilleurs films d’horreur de l’année.

-La comédie danoise CLOWN qui promet d’être décapante et inconfortable à souhait.

-Le thriller coréen THE UNJUST qui arrive avec une solide réputation et une brochette d’acteur avec la gueule de l’emploi!

-Les habituels (et bienvenus) films de Takashi Miike et Sion Sono

-Un documentaire sur le phénomène social des real life super-heros (parce qu’il le fallait…je veux dire un documentaire sur le sujet, pas des gars qui se déguisent en collants t’sais)


-Le director’s cut du Captain America d’Albert Pyun (au delà de 30 minutes de plus pour ce magnifique navet confit)!!!!!!

-Une mystérieux film en  3-D qui sera dévoilé prochainement!!!!

-Un Génie, deux associés une cloche en présence de Robert Charlebois (crisse! c’est saugrenu à lire cette phrase là!)

Il serait rébarbatif de tout énumérer ce que nous avons entendu et vu à la conférence de presse. Vous aurez bien assez de lecture devant vous d’ici les prochains jours

En outre, LES MYSTÉRIEUX ÉTONNANTS se feront un devoir de couvrir pour vous un maximum d’événements du festival. 

Cela dit, pour nous, trois incontournables se dressent déjà à l’horizon: 

-Le PINKU EiGA (film de fesse nippon folichon) Underwater Love, montrant les frasques sexuelles et amoureuses d’un Kappa (un homme tortue) et d’une jolie dame, sur fond de mièvreries bien senties et de frotte- foufoune bien graphique.
Avec une photo de Christopher Doyle et une trame sonore de Stéréo total! Quand ces informations furent diffusés à la conférence, un individu a échappé un « WHAT!??! » de circonstance.

MUSTANG de Marcel Lefebvre, un western hybride et introuvable de chez nous avec les chanteurs de country Willie Lamothe de Bobby Hachey. Une vrai bénédiction.


ART/CRIME, le film par lequel toutes les polémiques devraient irrémédiablement suivre. Ce documentaire sur le controversé Cas Rémy Couture va faire couler de l’encre et du sang  en terre Québec, c’est garanti.


En bref, bon festival et un énorme merci au gens de Fantasia pour les inévitables frissons à venir.!!

 

FRANCIS OUELLETTE

Un «Director’s Cut» du film de 1990 de Captain America sera disponible en mai

Selon Albert Pyun, le réalisateur du tristement célèbre film de Captain America de 1990, une version revisitée du long-métrage sera mise en vente sur le marché à compter du mois de mai prochain.

Cette nouvelle version sera basée sur une copie 35 mm du montage qu’avait entrepris le réalisateur avant qu’il ne quitte le projet. Elle sera également plus longue, 124 minutes au à  de 97 et contiendra de nouvelles scènes inédites.

Le montage de Pyun sera doté également doté d’une nouvelle trame sonore et sera davantage orienté vers l’histoire du personnage.

io9 rapporte que le film sera présenté à l’édition 2011 du Festival Fantasia de Montréal.

– Benoit Mercier