« Caller » l’originel (ou keepin’ it Riel!)

Je tiens à préciser tout de go que ce papier n’est pas une vulgaire plogue pour mon podcast sur le cinéma, le 7ème antiquaire. Ce n’est pas non plus une séance d’auto congratulations. En fait, si je vais y faire référence, c’est que le sujet est directement pertinent pour les Mystérieux étonnants. C’est aussi qu’il y a parfois dans la culture de ces magnifiques synchronismes où un zeitgeist (pour toi celui là Chen!) est saisi fermement par plusieurs mains en même temps. Il faut en parler!

Au 7ème antiquaire la semaine dernière, je parlais de la nécessité, voire même de l’urgence de se créer et d’exalter une mythologie nationale moderne sans qu’elle soit pour autant contemporaine. J’adressais l’aspect vital de la question. Il va de soi que les Mystérieux étonnants s’intéressent de très près à cette thématique: notre appétit pour la culture populaire et les archétypes transcende le simple divertissement. C’est pour nous question d’émerveillement.  Nous fantasmons littéralement de voir nos espaces, nos légendes, nos héros oubliés devenir de véritables symboles invitant à l’inspiration. Nous voulons les voir en bande dessinée, en jeux vidéos, et plus que tout, au cinéma. Nos voisins d’en dessous croulent sous le poids de leurs panthéons en constante expansion. Aucune raison pour que ça en soit pas notre cas, malgré le jeune âge de notre nation.

J’aurai le culot de vous étamper mon papier sur le sujet au grand complet ici, parce que la coïncidence trop belle est survenue. Cliquer sur la photo du bas si jamais vous voulez écouter l’émission:

Cette semaine: de la nécessité de se créer un espace mythologique québécois. CJe « call » l’originel. Je le fais par ailleurs seul, indépendant, pour la première fois en 4 ans. Cette émission en solo me permettra d’exalter (vous allez entendre ce mot là au moins 10 fois à l’émissions et je m’en excuse) ma fibre patriotique, qui a décidément les mailles slaques en vieillissant. Je suis tricoté moins serré, en somme. En fait, c’est moins le Pays que je veux célébrer que la Terre, celle de la légende.
Est-ce que le Québec a une aversion envers sa propre mythologie ? En avons-nous une à proprement parler? Si oui, sommes nous frileux quand vient le temps de l’exalter? En terre Québec, si le JE ME SOUVIENS a de plus en plus la mémoire courte, nos mythes sont forcément contemporains; chanteurs populaires morts voilà deux heures, aviateur aux nerfs d’acier, petits criminels expulsé d’un page du Allo police. Symptôme d’une culture sclérosée par la litote? Malgré son efficacité à chatouiller la couenne idéologique, notre cinéma est-il le bon outil pour s’inventer un panthéon, captif des trop nombreuses contingences économiques?
Il n’est pas seulement question ici de célébrer les héros nationaux, populaires ou non, ou même (ce qui serait hautement salutaire) de s’en inventer. Pourquoi aucune Chasse-galerie, aucune Corriveau, aucun Joe Monferrand ou Alexis le trotteur au cinéma? Il est d’abord et avant tout question de raviver les mythes ou même de s’en gosser quelques uns de circonstances.

Le terroir archaïque contre le terroir archétype. Le coureur des bois dans un « road movie » stationnaire. Le bucheron, le draveur, la trappeur, des titans que se battent  contre l’immensité. Si vous n’en voulez pas, que ces demi-dieux soient transposés sur le bitume, avec des passions semblables et le même souffle (ne me dites pas que c’est impossible. Mémoires Affectives de Francis Leclerc avait tout compris de cette problématique l’avait fait à la perfection).

Voulez vous ben me crisser patience avec vos arc-en-ciels de vos gens heureux qui se donnent la main comme ans une pub de Benneton? Pour respecter l’autre, faut d’abord se reconnaitre soit même avec ses évidences, ses faiblesses et ses  laideurs. Après, on peut écouter l’autre.Je plains le futur pays, qu’il soit sur papier ou non, qui n’aura pas sa cosmogonie.

Voilà pour le papier initial.

Quelques jours plus tard, Fred Pellerin résume en paroles sublimes ce que je me suis égosillé à faire pendant une heure de radio.

Deux autres jours plus tard, une amie m’envoie ces images. J’en reste pantois.


Ces magnifiques images proviennent-elles d’un film sur Alexis le trotteur? Le personnage lui ressemble. Ces images, on les diraient tout droit sorties d’une magnifique bédé à propose de notre coureur légendaire qui se prenait pour un cheval.

Je regarde une bande annonce, que vous pouvez (devez)  regarder en cliquant ici.

Je suis profondément saisi par l’émotion. Cette petite bande annonce est sublime. On jurerait une bédé qui serait mise en scène pas Jeunet.  Notre version québécoise du mythe américain de John Henry. C’est précisément ce dont je parlais depuis le début. Cette bande annonce fait en images ce que Fred Pellerin fait avec la parole.

Mais qui a réalisé ce truc?

Je tombe sur le cul. Deux gars. Arnaud Brisebois. Un gars qui a fait des effets spéciaux pour pour 300 (tout prend soudain du sens) Fantastic four et Sky Captain. et pas mal de dessins pour des comics. Et Francis Leclerc… fils de Félix. Le gars qui avait également tout compris avec son film Mémoires affectives, qui possédait déjà de profondes inflexions mythologiques, dans ses thèmes comme son iconographie. Je n’étais pas au courant. Apparemment, c’est un court métrage de 8 minutes, intitulé Trotteur.

Et puis, il y a de la neige. Enfin, un retour de la neige à l’écran, si fondamentalement nécessaire a notre mythologie.

Je voudrais remercier personnellement Brisebois (quel nom magnifiquement approprié) et Leclerc (quel nom magnifiquement approprié) d’avoir fait ce court que je n’ai pas encore vu qui donne le coup d’envois à une course épique qui, je l’espère, ne fait que commencer

 

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