En préparation pour le DARPA Robotics Challenge, qui se tiendra prochainement en Floride, la NASA a dévoilé son robot Valkyrie, qu’ils qualifient de « robot superhéros ».
Le but éventuel d’un tel robot serait d’être envoyé sur Mars, pour préparer l’arrivée d’astronautes humains.
L’utilisateur YouTube timtrusler a pris une vidéo d’un robot (développé par la DARPA) qui marche sur un tapis roulant et l’a brillamment juxtaposé à la chanson Stayin’ Alive des Bee Gees. Le voici, mais attention, le « swag » y est extrêmement élevé.
Récemment, ce fut le dixième anniversaire du film Artificial Intelligence, cette bouleversante fable restée essentiellement incomprise. Une timide commémoration, prenant la forme d’un blu-ray blu-ray anonyme (bien qu’attendu avec impatience par plusieurs) et la fête est finie.
Il me semble urgent (voir même vital) de retourner, 10 ans plus tard, sur la perception que les gens ont de ce film, question de lui rendre justice. Les perspectives erronées qui lui sont attribuées l’ont presque condamné. Ne pas apprécier le film, c’est une chose. Répéter ad nauseam les mêmes arguments pour l’exprimer, surtout quand il sont faux, est consternant.
C’est en 2001 que sort A.I. La date de sortie du « dernier » film de Kubrick, poétiquement, prophétiquement, évoque sa plus grande œuvre, la plus importante du cinéma à mon humble avis. Plusieurs d’entre vous le savez déjà, c’est un projet que Kubrick a développé pendant plusieurs décennies et qu’il a ensuite offert à Steven Spielberg de son plein gré, pour plusieurs raisons. Ce fut la rencontre entre deux philosophes, une symbiose créative, une fusion totale.
Au cinéma, je suis bouleversé par cette oraison funèbre de Spielberg, je suis convaincu de sa consécration, je suis catégorique qu’il est un des plus grands films de la nouvelle décennie. Ce qu’ Avatar aura été , je pensais qu’A.I le représenterait à l’époque. Et puis le public, le critique, le maniaque de Kubrick s’est prononcé. Rien n’aurait pu me préparer à cette réaction. Ma consternation fut complète mais plus encore, je fus profondément attristé par la condescendance généralisée de cette réaction.Devant cette réception glaciale, j’ai légèrement douté de mon jugement. Je me suis ensuite rangé: le film était venu bien trop tôt. Il faudrait probablement une décennie avant que le public ne comprenne ce qu’il a condamné. L’association à 2001 aura été de mauvais augure; rappelons nous que l’opéra cosmique de Kubrick avait eu droit également à ce genre d’accueil. Inutile de préciser à quel point on m’a trouvé prétentieux. De ma certitude émergea la colère. J’ai défendu le film becs et ongles presque une décennie. Depuis, je me suis assagi sur le sujet, mais non pas par résignation : j’ai eu le temps d’écouter ce que tout le monde pensait savoir du film. Aujourd’hui, je sais sans équivoque la raison de son accueil. Elle tient plus ou moins à 5 éléments qui sont répétés constamment par l’essentiel des nombreux détracteurs, sur le même ton, avec les mêmes termes, comme une litanie. Les voici, accompagnés une fois pour toute de rectifications…1-La perception qu’avait le public de Spielberg :en 2001, il se trouvait encore des gens persuadés que Spielberg n’était rien d’autre qu’une machine à blockbuster. C’est un préjugé généralement entretenu par un bon nombre de gens, y compris certains cinéphiles. Ils ont tendance a oublier ce que Spielberg a vraiment offert à son public, une balance entre le film d’auteur et le divertissement populaire, entre la virtuosité technique et l’émotion pure. Les intellectuels sont très souvent inconfortables avec le mélodrame, surtout quand il opère bien. Ils sont forcés à l’émotion et ça les indispose. Ils trouvent ça grossier et vulgaire. Pourtant, le mélodrame est un genre qui possède sa mécanique propre, à l’instar de l’opéra ou de la tragédie. Il ne se targue pas d’être autre chose. Le mélo, le vrai, le poignant, c’est un art que Spielberg maitrise à merveille.
Le grand public, lui, peut probablement nommé tout au plus une dizaine de réalisateurs et leurs films. Dans leur cas, Familiarity breeds contempt, tout simplement (ahhh tu sais…l’est comme ça Steven…les juifs et les martiens!).
2-L’usurpation du projet de Kubrick par Spielberg
Ce qui ne c’est jamais produit. Kubrick avait longuement pensé à Spielberg pour le réaliser. Selon lui, A.I demandait la sensibilité de quelqu’un comme lui, capable de comprendre l’enfance, de maîtriser l’émotion mais aussi un virtuose technique. Kubrick voulait faire le film avec un vrai robot! Il a simplement attendu que la technologie puisse lui offrir une alternative.
Si Kubrick était un cinéaste-technicien qui s’interroge sur la condition humaine, Spielberg est un humaniste fasciné par les aspects techniques du cinéma.
3-La Trahison de Spielberg envers Kubrick :
J’ai entendu cette phrase tellement de fois. La vision de Spielberg a contaminé celle de Kubrick. Les obsessions thématiques de Spielberg ont été engoncées de force dans le scénario original et patati…
Faux. La collaboration entre les deux fut très étroite. Comme ce fut toujours le cas chez Kubrick, les recherches, les storyboards, les sketches et le scénario sont des œuvres volumineuses. Elles furent respectées à la lettre par Spielberg. À la limite, il serait juste de dire que le projet de Kubrick avait déjà une facture…spielbergienne.
4-L’obsession pour le génocide et les extraterrestres:
Finalement, c’est vraiment de ça qu’on accuse le plus souvent Spielberg.
L’idée du génocide (des robots) est celle de Kubrick. Elle traverse d’ailleurs son œuvre assez souvent. Kubrick a longtemps travaillé à la conception d’un film sur le sujet intitulé Aryan Papers. Il l’a abandonné après avoir vu Schindler’s list, un des plus grands films de l’histoire du cinéma selon lui. C’est d’ailleurs ce film qui l’a finalement convaincu de donner A.I à Spielberg
Les « extraterrestres de la fin » (soupirs).
Vous savez, même si ça en était, le film ne perdrait rien de sa puissance. Par ailleurs, le Deus ex machina de leur apparition à la toute fin du film n’a rien de facile: c’est un processus scénaristique vénérable s’il en est (ne perdons pas de vue que A.I emprunte au conte).
La fin du film est tout de même traversée d’une certaine grâce. Cela dit, ces extra-terrestres, ce n’en sont pas. Les créatures de la fin sont l’évolution future des robots, désormais des êtres vivants à part entière. Ils sont des robots vivants, tout simplement. Un forme de vie synthétique parfaite. Les gens ont tendance à condamner un film si la fin les déçoit, comme si la qualité de l’œuvre au complet pouvait être annulée par les quelques minutes de la fin. Dans le cas d’A.I, l’incompréhension de la fin, causé par les préjugés du public, retire énormément de puissance au propos.
Si les robots angéliques de la fin sont désormais des êtres vivants, c’est directement à cause de la soif d’amour et des aspirations de petits robots comme David. Il fut le premier, l’initiateur, un homme parmi les singes. La simplicité de son désir aurait eu le temps de s’enrichir à travers les siècles jusqu’à ce que, virtuellement, elle devienne le balbutiement d’une essence. Il est la confirmation d’un passé lointain où cette race a commencée à désiré, vouloir et, au final, exister.
5-La fin naïve et mélodramatique:
Une lame à double tranchant. La fin l’est sans doute pour quiconque n’ayant pas saisi les éléments mentionnés plus haut. Dans quel cas votre lame est émoussée. La fin sera donc attribuée, préjugés obliges, à Spielberg. Le robot à simplement droit (certain diront que c’est suffisant) à l’amour de sa mère.
Dommage: la fin est on ne peut plus Kubrickienne; David a droit à l’illusion de l’amour. C’est la leçon ultime du film, profonde et lourde. La manquer, c’est écouter une fable et ne rien comprendre de la leçon finale parce qu’on est consterné par la faculté de parole des animaux.
Il n’y a aucune différence entre le simple désir binaire d’un robot et celui des hommes, provenant d’une ancienne programmation organique. Avant de vouloir être aimé, le singe n’a voulu qu’une chose. Survivre. Il en sera indubitablement de même avec les intelligences artificielles, dans le torrent des siècles. Selon Spielberg, le robot a des vrais émotions. Selon Kubrick, les émotions humaines sont un programme. Au final, tout le film est basé sur cette balance entre deux opposés qui disent la même chose.
Je conclus ma litanie. Je ne suis pas seul. Un nombre grandissant de gens sont de mon avis et le verbalisent de manière pertinente tous les jours sur Internet.
Cette année, Artificial Intelligence a dix ans. Y’a pas beaucoup de monde à la fête. On se revoit dans une autre décennie?
« maybe it’s not such a surprise that AI had difficulty finding a audience and ended up being one of Spielberg’s rare box office also rans. That was the price Spielberg paid for demonstrating the artistic integrity so many doubt he has, and for the ingenuity he is almost never given credit for. AI: Artificial Intelligence, though the most remarkable film of 2001, may prove to be a movie for the future. »