Fantasia 2011, Jour 3: Superheroes- Hérotomanie, chronique d’un phénomène annoncé‏

C’était inévitable. Le phénomène était inévitable. Un documentaire le sujet aussi, forcément. Les « real life superheroes »
Voilà de cela plus d’un an, nous avions écrit quelques articles sur la venue inévitable d’un phénomène social, les « véritables » super-héros, alors vaguement émergents. (vous pouvez trouver les articles en cliquant ici et ici) Initialement, le phénomène se voulait évidemment marginal; des clowns qui se promènent en collants, qui donnent des coup de mains aux gens, des sites internets de discussion et des répertoires pour « vrais super-héros ». Rien de bien avilissant. Le tout possédait déjà un certain charme naïf quoique jubilatoire.
Comme nous l’avions postulé, au moins une personne, directement inspirée du comic Kick-ass et du film du même nom, allait forcément tenter l’aventure. D’autres films ont depuis traité du même sujet: Defendor de Peter Stebbings et l’encore Super de James Gunn, présenté   le 21 et le 27 juillet à Fantasia également . Watchmen aura probablement aussi joué un chouïa dans l’équation. Il suffit de voir le macaron qu’arbore fièrement le justicier nommé « Superhero » sur son opulente poitrine dans le documentaire de Michael Barnett.
Il était inévitable que le phénomène évolue.
 Des geeks qui rêvent en 3-D? Du cosplay urbain? Du D&D superhéroïque? Faites votre choix
Pour ma part, au delà de la simple curiosité et d’une condescendance généralisée sur le sujet,  les real-life superheroes sont deux choses. Ils sont tributaires d’une nouvelle et fascinante forme de psychopathologie, une Hérotomanie en somme. Ils sont aussi, très simplement, des individus qui font de leur mieux pour inspirer. Parfois, ils échouent lamentablement. Quand ils y parviennent, cependant, c’est une chose assez magnifique à voir.
C’est le point de vue qu’a décidé d’emprunter le réalisateur Michael Barnett en nous montrant le quotidien de ces défenseurs de la veule et de l’orgelet. Point de simple condescendance ici. En fait, Barnett nous montre différents types de héros. Certains sont risibles. D’autres sont vaguement attachants. Quelques uns impressionnent. Mais collectivement, ils forment un phénomène qui commence à devenir trop important pour qu’on ne fasse qu’en rire. Le tout avec eune facture qui emprunte occasionnellement une esthétique aux comic-books où nos protagonistes deviennent immortalisés dans des cases. Ces scènes sont particulièrement émouvantes. Stan Lee est même de la partie en tant que commentateur.
Mr. Extreme est clairement simplet. Il est grassouillet et totalement déconnecté. Mais dammit, il est valeureux comme 20, le grand dadet! On ne peut que l’aimer. Et vous savez quoi? Il aide vraiment les gens.
 Master Legend est en quelque sorte le Ozzy Osbourne du genre super-héroique. Drôle malgré lui, convaincu de ses capacités. Probablement alcoolique. C’est une évidence que les boulons du bonhomme sont lousse. Et vous savez quoi? Tout le monde apprécie le bonhomme pour sa candeur et sa joie de vivre. Il inspire d’autre à faire comme lui: aider son prochain. 
Et puis il y a Zimmer et son équipe The New-york initiative, qui reprennent un peu les méthodes préconisées par les Street Angels. Ils n’ont pas l’air de deux de pique. On a aussi Dark Gardian, qui chasse les dealers de drogues. Ses individus sont tous en excellent forme et ont des cojones à revendre. Il y aussi LIFE, un jeune juif aussi inspirant qu’il est articulé, qui rend un hommage direct aux super-héros de la première génération, justement créés par des juifs.
J’ai moi même deux identité. Le cinéphile et le geek. 
Le cinéphile est allé voir le documentaire de Barnett avec une pointe de cynisme. Il s’est retrouvé profondément ému et troublé. Et si…ces étranges personnages avaient raisons, malgré le ridicule de toute cette mascarade?
Et vous savez ce que le geek en moi voulait faire? 
Je voulais hurler de joie. Peut-être que moi aussi…je pourrais…je ne sais pas…
Naaaaaa. 
-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011, Jour 2: The Legend of the Beaver Dam-Se faire venir dans les yeux

J’ai eu ma deuxième véritable relation sexuelle dans une colonie de vacances. Avec une anglophone d’Edmonton qui plus est. Couchés dans l’herbe poisseuse, aux alentours de minuit. J’ai joui en moins de 12 minute. Pas elle. Je ne suis pas un brigand qui ne pense qu’à son cul: un cunnilingus était de mise. Quelques secousses de langue et de doigts et l’affaire était ketchup; je le sais parce que j’ai reçu un généreux jet de liquide séminal dans l’œil. Ma première éjaculatrice! Je ne savais même pas ce que c’était. Je pensais fermement m’être fait pisser dans la pupille. La vie est pleine de mystère.
J’étais extatique: le feu de camp qui crépitait au loin, quelques notes de Paul Piché,  une délicieuse odeur résiduelle de chatte sur ma moustache molle d’ado, la fébrilité de me faire prendre en flagrant délit et aussi…la peur comique de me faire slasher dans le dos la face encore pleine de viendu de dame parce que je tringle dans les bois.
C’est précisément l’effet que m’a procuré cet hallucinant court-métrage: celui d’un jet de jus de chatte dans l’oeil. Ca fait sourire et on en reçois plein la gueule. Le titre est encore plus significatif pour moi, vous comprenez?.

Sur fond de musique (franchement prenante par ailleurs), un jeune nerd effrayé par les histoires de feu de camp de son moniteur baveux et obèse devra vite s’éveiller à la dure réalité des colonies de vacances: les compères bullies, les humiliations, la jeune fille qu’on aime en silence…le slasher archétypal qu’on invoque avec une comptine. Tel Ash dans Evil Dead 2, notre jeune garçon verra ses testicules tomber comme des noix de cocos sur une plage aride et il deviendra un homme. Un peu comme Mon oncle Antoine si le petit gars tuait son oncle et se faisait chasser pas Jason Vorhees…dans une comédie musicale. Et il nous ont passé ça avant Attack The Block! Vous imaginez la folie furieuse dans la salle!!!!

Simplement le short le plus réjouissant de l’année. le réalisateur Jerome Sable a un indéniable sens du rythme, du gag et du gore (un petit déjeuner complet). C’est aussi un hommage survolté à la tradition vénérable du film de Slasher canadien, beaucoup plus sirupeux que ceux de nos compères américains. Sable est un homme à suivre. j’ai littéralement crier de bonheur pendant les 12 minutes de ce court. Un peu comme la petite dame d’Edmonton qui a joui dans mon œil , jadis, au ranch Massawippi.Pour la première fois cette année à Fantasia, je suis venu dans mon short. 
 (Tambour. Cymbales)

-FRANCIS OUELLETTE

Fantasia 2011 – Jour 2: Attack The Block

L’un des plaisirs qui fait partie intégrante du festival Fantasia est bien sûr la découverte de films que l’on ne pourrait rarement voir ici en salle pour ne pas dire jamais. Quoi de plus énergisant que de découvrir en groupe un long-métrage provenant de l’autre bout de la planète dont personne n’a presque jamais entendu parler ou très peu? Vous avez beau faire le tour du programme et regarder toutes les bandes-annonces, il y a toujours une aura de mystère lorsque l’on pénètre dans la salle de projection de l’Université Concordia, comme si quelque part nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Avec les années, on peut dire que le public de Fantasia a appris à faire confiance à ses programmateurs qui par le passé ont souvent vu juste dans leur sélection.

Attack The Block, présenté hier en première Montréalaise, ne fait pas exception à cette règle. Plus qu’un simple film d’invasion extraterrestre, ce long-métrage britannique signé Joe Cornish, s’appuie sur un scénario solide et une distribution composée pour la plus part de jeunes inconnus hors pair. C’est un film puissant, comique, mais également touchant et souvent effrayant.

Dans le quartier défavorisé de South London, une bande de jeunes voyous et leur chef Mosses (John Boyega), tombent face à face avec une créature provenant de l’espace. Après une courte altercation, la bande finit par tuer la bête d’origine inconnue et décide de l’amener au revendeur de drogues Roy (Nick Frost de Shaun of the Dead) afin que ce dernier puisse l’identifier. Peu de temps après, une pluie d’astéroïde contenant d’autres créatures, cette fois-ci beaucoup plus féroces, tombe sur le quartier. C’est alors que la gagne de Mosses se retrouve pourchassée à travers le ghetto. Les jeunes adolescents devront apprendre à travailler de paire et utiliser leur ingéniosité pour survivre à la nuit. Leurs périples les amèneront à croiser le chemin de Sam (Jodie Whittaker), une infirmière qui s’est faite taxée par le groupe plus tôt au début du film.

Vous pourriez être tenté de penser en lisant cette prémisse qu’il s’agit d’un film de série B sans trop d’intérêt et de qualifier le tout de farfelu, mais rien ne pourrait être plus faux. Ce qui fait la force principale de Attack The Block c’est le sentiment de véracité dans lequel le film est plongé du début à la fin. Certes, la situation initiale est extraordinaire, mais rien de ce qui en découle n’est trop tiré par les cheveux ce qui amène l’auditeur a se mettre à la place des jeunes hommes et à craindre véritablement pour leur sécurité. La comparaison avec les Goonies est facile à faire, mais là où les personnages du film de Richard Donner étaient quasi invincible, ceux de Attack The Block ont tout ce qui est des plus humains. Un fait qui est souligné lorsque la bande perd l’un des leurs, terrassé par les griffes d’une créature.

Le jeu des jeunes interprètes porte sur leurs épaules le succès du film. La bande formée de Mosses (John Boyega), Dennis (Franz Drameh), Biggz (Simon Howard), Pest (Alex Esmail) et Jerome (Leeon Jones) s’avère très crédible et fortement attachante. Leurs réactions ne sont jamais forcées ou satiriques au point que le spectateur questionne leurs intentions. Au contraire. On ressent un bagage émotif puissant pour chacun d’eux, une écorce émotionnelle que l’on déduit a dû se développer afin que ces jeunes survivent à la rue.

Les créatures extraterrestres sont extrêmement terrifiantes et persistent à l’être même après que celles-ci soient dévoilées complètement à l’écran. De véritables chasseuses, ces bêtes extraterrestres aux capacités physiques rappelant celle d’un prédateur de la jungle ne cessent de faire sursauter le public dont les nerfs sont déjà très tendus.

Ce long-métrage est également très beau visuellement. Les plans sont soignés et les plus observateurs d’entre vous auront surement remarqué l’esthétique inspirée des Comic Books. En effet, dans plusieurs scènes, les personnages principaux sont présentés comme des superhéros un peu plus grands que nature, mais le ton reste tout de même réaliste.

Un peu d’humour bien placé et intelligent vient amener un peu de répit au film qui est par ailleurs bourré d’actions et de rebondissements. Le tout est par ailleurs accompagné d’une trame sonore hallucinante composée de morceaux d’hip-hop et de techno.

Finalement, Attack The Block vient prouver qu’un « film pour enfant » peut être intelligent, drôle, mais aussi extrêmement divertissant pour les éternels gamins «Fantasiens» que nous sommes.

– Benoit Mercier

Fantasia 2011, Jour 1: King of devil’s island

C’était une très bonne idée et un bon coup de la part des organisateurs de Fantasia de débuter le festival avec Red state, la première incursion de Kevin Smith dans le film de genre. Après tout, qui de mieux que le pape de l’intelligentsia geek  pour partir le bal du quinzième, d’emblée avec un film d’horreur? Le tout prend des airs de consécration non? Tarantino, Scott Pilgrim…et maintenant Kevin Smith. Une suite logique, ce me semble.

J’ai on ne peut plus hâte de lire les critiques nombreuses et inévitables qui vont suivre…parce que pendant que tout le monde se préparait à recevoir le brûlot de Smith en pleine tronche, on se gelait l’âme dans l’enfer blanc de la salle d’en face juste pour vous…et il ne nous viendrait pas à l’esprit de nous en plaindre! Certain vont à Fantasia pour le divertissement, la stimulation intellectuelle, le dépaysement, l’hystérie collective. J’y vais moi même pour toute ces raisons mais je favorise plus que tout autre un type de stimulation bien précis: je veux me faire torturer. Je veux le bouleversement, l’étourdissement. Je cherche ces films cruels dont Fantasia a le secret.

Si vous êtes comme moi, King of the devil’s island sera un passage obligé cette année. Rien comme une overdose d’injustice montrée froidement à l’écran pour nouer un estomac et vous faire serrer les poings.

Nous sommes en 1915 et il y a quelque chose de pourri au royaume de Norvège. Dans le centre correctionnel de l’île Bastoy, des jeunes hommes accusés de crimes souvent risibles vivent dans des conditions rappelant la prison ou les camps de concentrations. Abolition de l’identité, travaux forcé, rationnement, humiliation publique et punitions physiques . Tout ça pour le bien de ces jeunes sauvages, évidemment. Jusqu’à l’arrivée d’Erling, 17 ans, baleinier, accusé de meurtre. Une âme indomptable qui n’a pas l’intention de se laisser briser, peu importe ce qu’on lui fera subir.Le film de Marius Holt est un grand hymne au froid, celui de la Norvège mais aussi celui du cœur de petits hommes risibles assoiffés de contrôle. Entre la photographie bleutée (rappelant celle de Let the right one in) et les constantes exhalaisons sortant de la bouche des  jeunes hommes (même lorsqu’ils dorment), il donne littéralement froid dans le dos. Quelques notes lancinantes de violons s’élèvent sporadiquement, lamentant le sort des enfants. Personne ne fait mieux la mélancolie que les scandinaves.L’autre froideur qui traverse le film, c’est celle de l’immense Stellan Skarsgard. Visiblement content de jouer ce rôle, le grand Danois a laissé tomber le pilote automatique de ces insipides tours de piste hollywoodiens et retrouve son ténébreux regard, celui qu’il avait à l’époque de Insomnia et Breaking the waves. Les jeunes comédiens, à l’instar de leur personnage, ne s’en laissent pas imposer. Le jeune Benjamin Helsatd en particulier qui  transpire la révolte et possède un regard traversé d’intelligence brute.

Fonctionnant comme un The Magdalene sisters qui serait doublé d’un film de prison, King of devil’s island ne tente pas de réinventer le genre « carcéral » mais il tire parfaitement et efficacement sur ses cordes les plus tendues.

Reste que la grande valeur de ce film glacial est son invitation à la révolte. (Je n’ai pas eu envie de me battre autant pendant un film depuis Das Experiment!). Devant l’étroitesse d’esprit d’individus assoiffés de contrôle et de respect forcé, il n’y a pas de réponse plus urgentes que la désobéissance et l’insoumission…

On rappelle qu’une seconde projection aura lieu le 17 juillet à 17h20.

FRANCIS OUELLETTE

Un «Director’s Cut» du film de 1990 de Captain America sera disponible en mai

Selon Albert Pyun, le réalisateur du tristement célèbre film de Captain America de 1990, une version revisitée du long-métrage sera mise en vente sur le marché à compter du mois de mai prochain.

Cette nouvelle version sera basée sur une copie 35 mm du montage qu’avait entrepris le réalisateur avant qu’il ne quitte le projet. Elle sera également plus longue, 124 minutes au à  de 97 et contiendra de nouvelles scènes inédites.

Le montage de Pyun sera doté également doté d’une nouvelle trame sonore et sera davantage orienté vers l’histoire du personnage.

io9 rapporte que le film sera présenté à l’édition 2011 du Festival Fantasia de Montréal.

– Benoit Mercier

L’année 2010 des Mystérieux étonnants – 1er partie

Pour les Mystérieux étonnants, l’année 2010 a été l’une des plus chargées de son histoire.

En plus de continuer notre émission de radio, 48 épisodes au total cette année, diffusée toutes les semaines sur CHOQ.FM, nous avons fondé notre show de WebTV afin de vous rapporter, autant en audio qu’en image, ce qui se déroule dans l’univers de la pop culture locale.

2010 c’est l’année ou nous avons reçu le plus d’invités dans nos studios. Au fil des diffusions, l’émission a accueilli des artistes, des blogueurs, des personnalités du milieu culturel québécois, des cinéastes et d’autres artisans issus de la culture populaire.

Nous avons été présents et nous avons couvert plusieurs des évènements les plus importants de la pop culture montréalaise. Du Geekfest en passant par Fantasia et sans oublier le Comiccon de Montréal, nous y étions!

Merci pour les belles rencontres, les échanges et les bons commentaires. Vous avez été plusieurs à embarquer avec nous dans cette aventure, à saisir notre approche idiosyncrasique et de nous avoir laisser la chance de vous divertir et vous informer.

Voici un retour sur quelques-uns des évènements et rencontres que nous avons fait au cours de l’année. Je m’excuse à l’avance si votre nom ne se retrouve pas sur celle-ci, je ne pouvais pas tout y inclure.

En mon nom et celle de toute l’équipe, je tiens à vous remercier sincèrement et je vous souhaite à tous une belle année 2011!

– Benoit Mercier

Batman & Robin – Cameron Stewart

Au fil des années, Montréal prend de plus en plus sa place dans le milieu de la bande dessinée. Plusieurs artistes qui vivent dans notre métropole travaillent pour de grandes maisons d’édition américaines telles que Marvel Comics et DC Comics.

C’est le cas de Cameron Stewart, un auteur et dessinateur canadien qui a travaillé dans le passé sur des titres importants, dont son tout dernier, Batman & Robin, en compagnie de l’auteur Grant Morrison.

Geekfest – Frédéric Harper

Au mois de mars dernier, nous recevions à l’émission radio, Frédéric Harper, président du Geekfest de Montréal (voir extrait vidéo de l’entrevue).

Au courant de l’année, nous avons recroisé Frédéric dans plusieurs évènements liés à la pop culture. Vous pouvez visionner l’entrevue que nous avons faite avec monsieur Harper lors du dernier Otakuthon.

La Dynastie du Trivéole – Jimmy Suzan

C’est justement lors du Geekfest que nous avons rencontré notre ami, l’auteur de la Dynastie du Trivéole (voir entrevue audio) et animateur occasionnel des Mystérieux étonnants, Jimmy Suzan.

Sinistreblogzine – Alexandre Duguay


Alexandre Duguay était de passage dos nos studios. Le rédacteur en chef et fondateur de Sinistreblogzine, un site dédié à la culture de l’horreur, est venu discuter avec nous la bande dessinée Black Hole.

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

En plus de le croiser au courant de l’année dans différentes activités liées au milieu de l’underground, Alexandre était de passage au lancement de la programmation du festival SPASM. Nous en avons profité pour échanger quelques mots.

Front froid

L’organisme Front froid est l’une de mes découvertes favorites de l’année. Ce groupe a pour mission de faire la promotion de la bande dessinée de genre au Québec. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard que l’organisme s’est joint cette année à la neuvième édition du festival SPASM.

Cliquez ici pour écouter l’entrevue radio que nous a accordée Olivier Carpentier, le directeur artistique de Front froid, lors de son passage à l’émission.

C’était la première de plusieurs rencontres entre les Mystérieux étonnants et ce groupe composé de passionnés.

La première capsule consiste en une entrevue avec Gautier Langevin le président de Front froid. La rencontre a eu lieu au mini Comiccon de Montréal en mai dernier.

La deuxième est un reportage sur le lancement de l’exposition Sky Doll à la Gallery. C’est au cours de cet évènement que nous avons fait la rencontre de Jeik Dion, auteur de bande dessinée et membre de Front froid.

L’année 2010 des Mystérieux étonnants – 2e partie

La Gallery

C’est justement chez notre partenaire la Gallery que nous avons rencontré plusieurs artistes cette année. Plus qu’une galerie d’art, la Gallery présente et vend à l’année des planches tirées autant de la bande dessinée franco-belge que celle des Comic Books américains.

L’analyse des geeks – Benoît Gagnon

Le 21 juin nous recevions dans nos studios le spécialiste en sécurité informatique et cybercriminalité Benoît Gagnon.

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

Depuis une amitié s’est formée entre notre show et L’analyse des geeks, un podcast qu’il anime avec François Messier, alias Frank The Tank sur les intertubes.

Festival Fantasia 2010 – Nicolas Archambault, Simon Laperrière

Nous ne pouvons pas passer sous silence l’un de nos festivals préférés, Fantasia. Depuis deux ans maintenant, en plus de notre couverture à la radio et écrite, nous recevons nos amis Nicolas Archambault et Simon Laperrière programmateurs pour le festival.

La geekette – Gina Desjardins


Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

Notre mois de juillet a également été marqué par le passage à l’émission radio de la journaliste spécialisée en technologies, Internet et jeux vidéo, Gina Desjardins.

Technostérone – Pascal Forget


En août, nous rencontrions le chroniqueur/journaliste et vulgarisateur technologique Pascal Forget. Une belle émission remplie de fous rires et de surprises.

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

L’année 2010 des Mystérieux étonnants – 3e partie

SPASM – Total Crap, Baby-Boom, etc.

Je suis tellement dédié à ce festival, que cette année j’ai pris mes vacances en même temps qu’il se déroulait. Pour vous donner une idée, SPASM au cinéma de genre, ce que Front froid est à la bande dessinée québécoise.

Cette année, l’évènement ouvrait ses portes au reste de la francophonie. En plus de notre couverture habituelle écrite, nous avons reçu en studio les créateurs du court-métrage Baby-Boom.

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

Simon Lacroix de Total Crap est venue présenter sa soirée de scrap légendaire. C’est également au cours de cette émission que nous avons eu la chance de nous entretenir par téléphone avec le dieu du métal canadien, Thor.

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

Voici une sélection de reportages sur SPASM:
Simon Lacroix
Pierrot Néron
Alexandre Duguay
Igor Simmonet
Le collectif Phylactère Cola

Le Comiccon de Montréal

Le Comiccon de Montréal est un incontournable pour tous ceux et celles qui sont intéressés par la pop culture.

Comic Books, figurines, bandes dessinées franco-belges, conférences et invités. Nommez-le, et vous le retrouverez au Comiccon de Montréal.

Voici une sélection de reportages que nous avons effectués lors du Comiccon de Montréal:
L’auteur de Comic Books, Chris Claremont.
Christian Viel producteur et réalisateur de Heroess of the North
Entrevue avec Benoit Godbout et Miche Lacombe
Jean Bernard
et Denis Rodier
Elvira

Et bien sur ma conférence avec Brent Spiner…

Batman inc#1 – Michel Lacombe Yanick Paquette

De fil en aiguille, nous sommes venus à connaitre Yanick Paquette et Michel Lacombe. Tous les deux travaillent pour l’industrie du Comic Book depuis plusieurs années. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec eux à plusieurs reprises.

Lors de leur passage à l’émission radio :

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

Au lancement de The Return of Bruce Wayne #3:

Au Comiccon de Montréal :

Temps mort

Une websérie sur la fin du monde, un Québec plongé dans le froid et dans la neige et des créateurs qui baignent dans la pop culture.

Jamais je n’aurais cru un jour dire qu’une telle série, en occurrence Temps mort, allait un jour être diffusée par Radio-Canada.

C’est désormais réalité et nous avons eu la chance de nous entretenir avec ses créateurs lors de leur passage à l’émission radio.

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

MC Gilles

Cliquez ici pour écouter l’entrevue.

Il a été notre dernier invité à l’émission radio. Le 13 décembre dernier, nous recevions le très coloré MC Gilles


Satoshi Kon: 1963-2010

Satoshi Kon, cinéaste d’animation et illustrateur de manga est décédé, cette semaine, précocement à l’âge de 46 ans; il était atteint du cancer du pancréas. Il complétait alors un road-movie pour robots intitulé The Dream Machine, son cinquième et, bien sûr, dernier film de sa filmographie comprenant Perfect Blue (son premier), Millenium Actress, Tokyo Godfathers et Paprika, ainsi que la série télé de 13 épisodes Paranoia Agent.

Selon plusieurs, M. Kon est parvenu au même niveau d’excellence artistique que ses compatriotes Kurosawa, Hayao Miyazaki (Princess Mononoke) et l’auteur Kenzaburo Oe. Ses films ont été présentés dans de nombreux festivals (Paprika fût projeté à Venise) et ont raflé de nombreux prix. Les festivals de Montréal n’y font pas exception puisqu’il remporta le prix du meilleur film asiatique pour Perfect Blue et Millenium Actress y remporta le prix du meilleur film d’animation et le ground-breaker award à Fantasia, alors qu’au Festival du Nouveau Cinéma, il obtint le prix du public pour Paprika. 

Son parcours commença lorsqu’il s’enrôla à l’université Mushashino pour y étudier la peinture. Mais, son intérêt s’est très rapidement porté sur l’illustration et il commença alors à illustrer des mangas pour le magazine Young. C’est ainsi qu’il fit la connaissance de Katsuhiro Otomo, le créateur d’Akira. Il devint alors animateur pour Rojin Z (écrit par M.Otomo et réalisé par Hiroyuki Kitakubo) et il produisit un scénario pour un segment de Memories (de M. Otomo), puis, en 1998, il devint le cinéaste d’animation qui marqua l’histoire des films d’animation.

– ‘xim Sauriol

Source 

Festival Fantasia 2010 – Scott Pilgrim

Dernière capsule sur le festival Fantasia édition 2010. Pour clôturer le festival en beauté, je vous parle de Scott Pilgrim Versus The World, un film typiquement geek.

Je vous invite à consulter notre émission radio du 31 mai 2010 qui est justement consacrée à l’oeuvre de Bryan Lee O’Malley: https://www.mysterieuxetonnants.com/?p…

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2010 – Into Eternity

Into Eternity est plus qu’un nouveau documentaire, le bébé d’un cinéaste bien heureux d’avoir déniché un sujet que peu couvert par le genre. Il s’agit d’une œuvre hautement importante et réflexive qui viendra certainement hanter vos songes suite à son visionnement.

À l’aide d’images dotées d’une beauté inouïe, mais aussi d’une grande froideur, le réalisateur Michael Madsen nous plonge au cœur de l’un des projets les plus ambitieux et des plus inusités que l’homme ait pu s’imposer.

Le tout découle d’une simple question. Que faire avec les déchets nucléaires? La question est d’autant plus pressante, que les stocks de ces résidus radioactifs s’empilent de plus en plus. Une solution définitive est à envisager. Il est d’une importance capitale d’entreposer ces déchets en lieu sûr, dans un environnement stable à l’abri des intempéries, mais aussi de la variable la plus instable de cette planète, l’homme.

Entre en scène Onkalo, un complexe souterrain gigantesque dont la construction ne sera pas complétée avant 2100 et qui propose une solution viable, enfin, en surface. Entreposer en son sein et de façon permanente ces matières mortelles. Facile non? Tout au contraire, car le projet amène son raz-de-marée de question et d’enjeux. Comment assurer la sécurité des lieux au fil des siècles?  Comment empêcher les futures générations à franchir le seuil de ce sanctuaire maudit? Le film est autant une œuvre écologique, anthropologique et philosophique. Une pièce historique qui pose un regard critique, mais toujours neutre sur un défit de taille qui dépasse le savoir de l’homme.

Grâce à des entrevues faites avec des experts et les principaux acteurs liés à Onkalo, Madsen tente premièrement d’établir les enjeux de ce projet. Petit à petit il nous ouvre les yeux sur une réalité qui échappe à la plupart d’entre nous. Le ton reste instructif sans toutefois devenir paternaliste ou réprobateur. Tout est révélé aux spectateurs avec la délicatesse et l’ingéniosité d’un chirurgien. Un niveau de compréhension amène son lot de nouveaux enjeux et de questionnements que le réalisateur s’empresse aussitôt d’illustré et de démystifier. On en sort une personne plus informée et sensible à notre empreinte écologique sur cette planète.

Le film reste également un très beau document, dont certains plans ne sont pas sans rappeler les scènes appartenant au film 2001 L’odyssée de l’espace. La froideur de la roche, la noirceur, l’eau, les éléments sont autant des acteurs importants dans le développement du récit que les intervenants d’Onkalu. L’image reste contemplative, lente et sereine, mais aussi inquiétante et parfois semble sortie tout droit d’une autre planète. La poésie des images est palpable, celle-ci sert au travers des innervations des experts de moments propices à la réflexion.

Un film efficace, intelligent qui ne prend pas son auditoire pour des imbéciles. Into Eternity est un film d’une puissance qui vous surprendra.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2010 – Doghouse

Doghouse n’est pas sans rappeler les autres comédies britanniques qui dans les dernières années ont flirté avec le surnaturel et la comédie. Les parallèles avec Lesbian Vampire Killer et Shawn of The Dead nous viennent rapidement à l’esprit, et sont plutôt faciles à faire pour les cinéphiles de mauvaise foi. Mais là s’arrêtent les similarités, car s’il est vrai que ces œuvres s’entrecoupent et que certains procédés comiques sont récurrent, Doghouse reste un film à part entière qui mérite votre attention.

Six amis se retrouvent pour une sortie « entre gars », boisson, rigolades et vieilles anecdotes salées seront les bienvenues pour ce week-end qui s’annonce d’être explosif. Laissons les femmes et problèmes de la vie bien rangée derrières, les prochains jours sont consacrés aux bons temps entre copains.

Afin de s’assurer d’avoir un espace tranquille où nos hommes pourront boire en paix et sans distraction, nos amis s’isolent dans un petit village de la campagne anglaise. Le plan parfait, la fin de semaine parfaite. Le seul hic, le village est peuplé de femmes zombifiées et violentes qui, après avoir décimé la population mâle du village, sont assoiffées de chair fraîche. Nos amis devront alors avoir des recours d’ingéniosité et de complicité afin de sortir vivant de cette situation.

Si le film reste plutôt léger, on en apprend assez sur les personnages pour bien pouvoir les cerner et comprendre qui ils sont et ce qui les motive. Aucun des personnages ne reste unidimensionnel. On évite parfaitement certains clichés que peuvent emprunter les comédies où plusieurs personnages partagent l’écran en même temps. Chacun d’eux reste complet et attachant et si par malheur l’un d’entre eux vient à mordre la poussière, victime d’une des femmes meurtrières, le moment est touchant et poignant.On devient vitre attachée à cette bande de gars maladroits, parfois vulgaires, mais toujours sincères et authentiques. Cet aspect rajoute beaucoup au film. Comme aucun personnage n’est à l’abri ou éternel, on craint pour eux et on espère que son « préféré » survivra.

Rien n’est plus drôle que de les entendre s’obstiner sur la prochaine étape à emprunter. Comment survivre? Comment utiliser le contenu des boutiques désertées du village à son avantage? C’est en travaillant ensemble qu’ils trouveront des solutions. Des solutions qui ne sont pas dépourvues d’humour et de beaucoup d’ironie.

Fusil à l’eau rempli d’essence qu’on allume, voiture téléguidée qui sert d’appât, tout est permis pour parvenir à sauver sa peau.

Malgré ses retournements de situation à ne plus finir où le groupe ne cesse de se séparer pour se retrouver à nouveau réuni, le tout reste cohérent et bien équilibré. Si parfois, on a l’impression que le récit se cherche, le scénario sait comment nous ramener dans son univers ludique et débridé.

Le film se permet au passage plusieurs commentaires sur la situation de l’homme dans un monde où de plus en plus les femmes prennent leur place. Dialogues poignants, mais jamais prévisibles, viennent sceller le tout pour une comédie à voir qui n’a rien à envier aux autres obus établis du genre.

– Benoit Mercier

Festival Fantasia 2010: A serbian film: Sex Nihilo ou l’amour au temps de vide

Voici un article qui provient de Francis Ouellette, coanimateur au 7ième Antiquaire sur CHOQ.FM.

Ce papier est la synthèse d’une logorrhée nauséeuse et colérique entre deux inconnus qui cherchent encore à se connaitre, suite au visionnement de A Serbian film. Si le film de Srdjan Spasojevic est le vecteur de quoi que ce soit, dans ce cas bien précis, il aura forcé deux personnes à se conjuguer dans un débat, à affronter l’horreur à grands coups de raison et conséquemment, à se rapprocher. Peut-être est-ce la finalité du film où le vide, le chaos est riche de sens.

Inévitablement, les papiers sur A Serbian film seront légion. Bien en deçà de la qualité du film, de son propos ou de son contenu, la déflagration de viscéralité de l’engin ne pourra que lascérer les consciences, laissant dans les souvenirs du spectateur des instants de fulgurances qui ne seront pas loin du symptôme post-traumatique. Certains voudront oublier, d’autre chercheront à ratiociner ses effets. Les détracteurs et admirateurs se complairont malgré eux dans leur colère, leur dégoût ou leur indifférence.

Face à la polarisation générée par le film, il sera impossible d’éviter la répétition de quelques lieux communs. Les clichés seront ponctués de sempiternelles dithyrambes. Alors pourquoi donc écrire sur A Serbian film? C’est la prérogative du 7ème de considérer le médium cinéma comme un baromètre de nos maux de société. Il importe guère ici de jauger le film en soi, mais bel et bien d’évaluer ce qu’il représente, son utilité fondamentale dans un canevas social encore à esquisser. Utile, A Serbian film l’est…

De la transgression comme révélation

En tant que cinéphiles sensibles au potentiel philosophique du médium, nous sommes de toute évidence en quête perpétuelle de transgression. Or, nous n’attendons pas simplement la provocation. Nous attendons, fébrile, l’extase de la fêlure fatale, l’instant suprême de la déchirure. Nous soulevons sincèrement la question: est-il possible que la coupure se fasse parfois trop vite, trop profondément, même sur les consciences les plus aguerries?
Il serait tentant, voir même rassurant, d’inclure A Serbian Film à cette peau de chagrin suintante que représente le cinéma dit transgressif. Il sera invariablement comparé, associé, juxtaposé à Salo et autre Irréversible. Nous ne nous prêterons pas à cette exercice. A Serbian Film est sa propre référence. Nous devrons tôt ou tard considérer collectivement la problématique du cinéma et de l’image (sa surexposition) au 21ème siècle. A Serbian film est-il justement un film de son temps? Assurément mais il est plus encore. Une offre que vous ne pouvez pas refuser…littéralement

A Serbian film nous transmet l’idée de la disparition progressive de la réalité dans la vie elle-même, celle que nous côtoyons. Le film est le témoin bruyant de l’effacement de la réalité, dans le monde des représentations dont le cinéma fait parti. La réalité s’est donc raréfiée et les spectateurs la recherche avec avidité. Sa valeur marchande à donc augmenté comparativement au fantastique, au rêve, à la simulation, au jeu grossier de la pornographie traditionnelle dont les formes pullulent et se banalisent par leur omniprésence (le film ridiculise la pornographie de la décennie précédente déjà obsolète et dont le jeu nous semble infiniment ampoulé).
Prenons cet exemple: la séquence où le frère du personnage principal se masturbe devant une scène de famille montrant les bonheurs simples qu’il visionne sur vidéo. En putifiant la réalité, le frère
la réifie la consomme, l’anéantie . Du monde auquel cet homme appartient, une simple scène de famille devient l’objet suprême des fantasmes et le suicide d’une famille au seuil du désespoir est désormais matière à spectacle. Le film annonce l’imminence d’un monde où nous subsistera la marchandise.

Sur l’autel des grands négoces, Éros et Tanathos ne sont pas simplement complémentaires, il sont désormais identiques et indissociables. C’est un « package deal » bonifié par A Serbian film et ses velléités violentes d’oblitération de l’indicible. C’est aussi là sa plus grande force. Il en va du protagoniste comme du spectateur, coincé dans un contrat faustien, fractal et élusif, duquel n’y a absolument pas d’échappatoire. Une fois happé par son vide, le spectateur peut boucher ses oreilles et masquer son regard, quitter la salle en trombe ou s’évanouir; une place l’attend dans les limbes, pour une modique somme. Le film dénonce t-il quoi que ce soit? Non. Pas plus qu’il annonce. En fait, il énonce, purement et simplement, beaucoup plus qu’il ne démontre. Pour être cru, nous dirions même qu’il n’a qu’un seul but véritable…défoncer. Le quatrième mur est ici l’hymen de l’histoire.

Se cacher derrière les jupons sanglants de l’Histoire?

Le film se targue d’être une représentation de l’histoire Serbe. Il s’y trouverait des références directes aux pratiques de torture, telles cette drogue facilitant la suggestion donnée au soldat pour en faire du viol une véritable arme de guerre. Le cinéma, essentiellement la pornographie aurait joué un certain rôle des années 90, durant et après la guerre entre les autorités serbes et l’UCK albanophone, dans le cadre de la guerre du Kosovo. La pornographie connait toujours une explosion en temps de guerre. La Serbie n’a pas fait exception. La pornographie et la prostitution infantile en tête.

Admettons que la réalité dans la vie tend à perdre sa valeur face à sa reproduction, par exemple au cinéma, le film exacerbe également le rôle du cinéma dans nos vies d’individu et par extension dans l’histoire. La confusion entre l’Éros et le Thanatos qui caractérise le fantasme d’aujourd’hui est lié à cette confusion voulue ou non entre le cinéma comme sublimation positive de la réalité et le cinéma comme arme de guerre autant que le viol.

Aussi, la pornographie est le lieu privilégié de la canalisation de la violence dans la culture de masse occidentale et de fait a peut-être remplacer dans les esprits des grandes idéologies politiques.

Prétexte patenté par des créateurs essayant d’engoncer de la substance là où il n’y a que le vide? Véritable tentative d’exorcisme des souffrances d’un peuple? Vaste fumisterie ou brulôt incandescent? Il y assurément un peu de tout ça dans A Serbian film. Admirons ici la pertinence pernicieuse de son titre, où les degrés de significations métatextuelles sont vertigineux (ajoutons que le film est la première production indépendante du pays).

Qu’en est-il du film en tant que film? Loin d’être le vulgaire « torture porn » annoncé, il crée l’agonie de ce sous-genre. En opposition aux thèmes de prédilection du genre, cette « effrayante » européanité scarifiée par la guerre en tête de liste, il prend la forme d’un psychodrame dont la structure est celle d’un thriller banal mais efficace. Il y a assurément du grand-guignolesque dans toute l’affaire mais il tend vers une certaine idée du sublime dans l’horreur, se justifiant métatextuellement au nom de l’art. Justification malaisée mais…pour le moins efficace.

Insidieusement, le film propose également aux spectateurs de quantifier la cruauté et l’horreur, à grands renforts d’habiles juxtapositions conceptuelles (des gâcheux -« spoilers »- commencent ici):

-Le viol du bébé à la seconde même de sa naissance est-il moins choquant que le sourire de sa mère s’en délectant?

-Mourir étouffé avec un phallus dans la gorge…sans pouvoir mordre parce que nos dents ont été arrachés…

-Couper la tête de sa partenaire pendant la pénétration…et continuer de tringler son cadavre désarticulé avec une excitation renouvellée.

-Se rendre compte que l’enfant que l’on sodomise malgré soi est son propre fils…pendant que notre épouse est violée par notre propre frère.

-Le réalisateur se faisant bousiller le crâne…en étant traversé d’extase par ce grand moment de fougue artistique, privant le spectateur et le protagoniste de la satisfaction d’une vengeance.

-L’ultime ironie de se suicider avec sa famille pour échapper à l’horreur…sans savoir que même mort, nos corps seront souillés.

FIN DES GACHEUX


Face au vertige que génère le film, deux options se posent. Le spectateur peut filtrer ce qu’il voit; avec une froide distanciation intellectuelle, une indifférence feinte, un refus en bloc, en riant. Par le rire, une part du public de Fantasia, dont l’atavisme légendaire et porcin se confond avec le manque d’hygiène le plus élémentaire, a créé un grand moment d’obscenité pendant la dernière représentation. Lors de la désormais célèbre scène de « viol occulaire », efficace métaphore pour le film s’il en est, moment bunuelesque pour le nouveau millénaire, les « freaks » hurlaient de bonheur comme des singes dans leur fiente, créant la consternation résignée et habituelles des pauvres « geeks ».

Doit-on se réfugier dans l’amour ou reproduire la violence? Les deux constituent une fuite : face à l’horreur, pour lui survivre, il n’y a que la philosophie. Après visionnement, dégoût profond, révulsion viscérale. Le film fait-il une critique des catégories journalistiques en posant cette question : peut-on et doit-on quantifier la violence, pour établir l’importance historique d’un évènement dans nos vies ou dans l’histoire?

C’est là où nous proposons l’autre option, faire le choix de vivre le film avec les conséquences impliquées. Ensuite, on observe les dommages, préférablement à deux, sentencieusement. Ce qui ressort de cette approche, c’est une reconnaissance de l’altérité. Et peut-être, à travers le vide, un bref moment de tendresse.