La suite de Cloverfield dévoilée

Paramount Pictures a pris tout le monde de court en diffusant le premier aperçu vidéo de « 10 Cloverfield Lane », une suite, plus ou moins directe, de « Cloverfied », un film de kaiju de 2008 réalisé par Matt Reeves.

Autrefois connu sous le nom de « Valencia » et « The Cellar », ce nouveau long métrage de Dan Trachtenberg se veut une suite « spirituelle » de son prédécesseur.

J.J. Abrams, producteur du film original ainsi que de sa suite, a donné quelques détails au sujet de l’idée derrière la production dans un communiqué transmis à Collider.

« L’idée s’est manifestée il y a longtemps durant la production. Nous voulions en faire un “parent de sang” de Cloverfied. L’idée a été développée au fil du temps. Nous voulions garder le titre caché le plus longtemps que possible ».

« 10 Cloverfield Lane » met en vedette John Goodman, Mary Elizabeth Winstead et John Gallagher Jr et sortira en salle le 11 mars prochain.

– Benoit Mercier

Succès-souvenir : Intergalactic des Beastie Boys

Le vidéoclip d’Intergalactic des Beastie Boys présente un gigantesque robot qui détruit tout sur son passage alors qu’il se bat contre une énorme créature ressemblant à Chtulu. Le tout est une parodie des films de kaiju, pastichant surtout la finale de Johnny Sokko and his Flying Robot, mais aussi des oeuvres de sentai. Quant aux trois membres des Beastie Boys, ils sont habillés de l’uniforme traditionnel des kojis, ouvriers de la voirie nippone. Le voici :

Ce vidéo a remporté le prix du meilleur vidéoclip de hip-hop aux MTV Video Music Awards et la chanson a remporté le Grammy de la meilleure performance rap par un duo ou un groupe. Il s’agit de plus du plus important hit du groupe (atteignant, entre autres, la cinquième position sur le palmarès britannique), bien que ce n’est généralement pas la chanson qui nous vient en tête en premier.

– ‘xim Sauriol

Godzilla comme symbole de la force du Japon

Dans son papier hautement pertinent, notre pote ‘xim Sauriol parle du regain de popularité de Godzilla, en ce moment précis où le Japon vit des cataclysmes qui font penser tout de go à ceux que pouvait déclencher le grand saurien atomique. Inutile de vous dire que depuis le commencement de ces  cataclysme, bon nombre de cinéphiles, nous y compris, font l’association avec Godzilla, avec un degré autrement différent de frissonnement.

S’il peut sembler irrespectueux d’associer les drames véritables des japonais à leur création la plus populaire, nous pensons, à l’instar de Sauriol, que c’est une nécessité d’aspect catharsique. Comme les grands monstres de l’expressionnisme allemand, véritables mise en garde presciente contre les despotes à venir, Godzilla était à sa genèse l’évocation sérieuse des angoisses d’un peuple, une métaphore évidente pour la peur des cataclysmes et de l’énergie nucléaire.
De nos jours, la pertinence de certains épisodes de la franchise est tristement perdue auprès des occidentaux non-initiés.
Le 7ème  Antiquaire vous propose de faire la découverte de cette création  importante qui, plus que jamais, évoque la prescience de l’imaginaire d’un peuple.

Vous trouverez les deux volets ici même en cliquant sur les liens:

-Ishiro Honda, père des Kaijus (films japonais de monstres géants)
-Tout ce qu’il faut savoir sur sa plus grande création, Gojira

En quittant, une évocation. Le 7ème a jadis fait la conception d’un Tarot du cinéma, utilisant de archétypes de films pour en moderniser le principe. Dans tous les jeux de Tarot, on retrouve une carte portant le nom de La Force. On pourrait décrire ce qu’elle représente dans ces termes:
La Force est un arcane assez riche. Son nom a changé plusieurs fois à travers les âges et certain Tarot l’on carrément renommé. Dans tous les cas, ce n’est pas simplement l’idée de force physique ou mentale qu’elle exalte mais la détermination, l’endurance, la longévité. On parle ici de force de la nature, de volonté à toute épreuve.
J’ai cherché pendant des jours quel symbole utiliser pour l’attribuer à mon Tarot. Je cherchais un archétype représentant la longévité, l’endurance, quelque chose qui serait à la fois l’évocation d’une force de destruction et d’une volonté implacable. Quelques jours plus tard, j’ai trouvé:

Au final, Godzilla ne représente pas qu’une force de destruction; il est désormais l’évocation paradoxale du Japon lui-même, en continuelle renaissance, survivant devant l’adversité. Un symbole approprié et nécessaire en ce moment.

Jeter le blâme sur Godzilla

Godzilla profite d’un regain de popularité depuis que le terrible tremblement de terre/tsunami/catastrophe nucléaire/et autres calamités du 11 mars dernier a affligée l’Empire du Soleil levant. En effet, les statistiques provenant de Wikipédia démontrent que les recherches sur ce célèbre Kaijû ont littéralement explosé dans les jours suivant la catastrophe, comme le démontre ce tableau :

Pourquoi les gens recherchent-ils ce monstre qui sème le chaos partout sur son passage? Est-ce pour transférer les malheurs dans la fiction, question qu’ils soient moins éprouvants, moins pénible? Ou, tout simplement, pour pouvoir jeter le blâme sur un être? Lorsqu’on examine son histoire, l’on découvre que c’est exactement pour ces raisons.

Godzilla provient d’essais nucléaires américains, il n’est qu’un simple iguane qui fut transformé, par la radioactivité, en un dinosaure ravageur. Il incarne, symbolise ainsi le désastre nucléaire, le matérialise et le rend visible par son immense corps monstrueux. De plus, il est une force destructrice auquel la science, la raison et la bravoure de quelques héros prêts à se sacrifier permettent d’éliminer et de passer au travers, d’en survivre. Godzilla offre ainsi une perspective émotionnelle à la tragédie, tandis que des faits tels le « mécanisme » des tremblements de terre offre une perspective rationnelle. Il permet donc un certain confort pour ceux qui sont affligés.

– ‘xim Sauriol

Source

Bonus : Voici la bande-annonce de Gojira, le film de 1954 qui donna naissance à la bête :

http://www.youtube.com/watch?v=ARCbfTP1KGo

 

Big man Japan

 

Le 7ème est un maniaque des kaiju eiga, les films de monstres géants japonais. Question de remettre les pendules à l’heure sur un genre trop souvent décrié par une certaine intelligentsia bourrée de préjugés qui n’en a probablement pas vu un seul, nous avions fait jadis une émission — que dis-je? — deux émissions sur le sujet; Ishiro Honda, le créateur du genre, et sa célèbre progéniture, Godzilla. Pour l’occasion, nous avons même chanté un blues d’Alan Moore sur le grand saurien, Tramplin’ Tokyo. A Capela. Oui madame. (vous pouvez les écouter les émissions en cliquant respectivement ici et ici).
Nous attendions évidemment Big Man Japan avec impatience. Son absence au festival Fantasia nous a semblé de mauvais augure. Puis, le film est sorti, dans une relative indifférence. Quelques critiques timides, d’autre hautaines. Et hop…un petit DVD discret débarque sur les étalages. L’engouement général pour l’ovni nippon, si engouement il y avait, s’est rapidement estompé.
C’est donc plus ou moins appréhensif que je regardai le film hier.
Flabbergasté. Rien de moins. Ce n’était assurément pas le film attendu.
Si Ozu avait fait son kaiju eiga, Big man Japan aurait été le résultat. Ce n’est rien de moins que le Tokyo Story des films de monstres géants. Mais non, je ne blague même pas. Pour la petite histoire: Masaru Dasaito est le dernier d’une longue lignée de défenseurs du Japon. Quand des monstres veulent détruire Tokyo, c’est lui qu’on appelle. On l’envoie dans une centrale énergétique expérimentale où on le gonfle et le transforme en géant. C’est un héros. Tout le monde s’en contrefout. C’est un fonctionnaire. C’est une blague. On le déteste, on le trouve plus nuisible que vraiment héroïque. Un genre de Hancock géant et obèse en caleçon.

Entre une beuverie de karaoké et une transmutation, des documentaristes suivent son quotidien banal, ses relations ruinées. Tout ça ponctué de combats avec des kaijus plus nuisibles que dangereux et particulièrement étranges (l’un d’entre eux est un gros pied surmonté de la tête du comédien Riki Takeuchi, un habitué de Takashi Miike).

Ce qui fait le charme de Big man Japan, c’est la mélancolie qui accompagne le propos déconstructiviste du récit. En 1977, Robert Mayer, un romancier inconnu, écrivait un chef d’oeuvre de pathos suivant un super héros bedonnant, banlieusard, à la retraite, intitulé Superfolks. Loin de se douter que tous les grands du comic suivraient cette approche, d’Alan Moore à Grant Morisson, Mayer fut un des premiers à effleurer le thème avec le brio nécessaire pour convier autour des ces archétypes des petites tragédies de l’ennui. The Incredibles, The Sentry, Dark Knight Returns… avant, il y a eu Superfolks. C’est précisément l’approche de Mayer qui est préconisée par Hitoshi Matsumoto, le réalisateur du film.

Il est tentant de comparer le film à Watchmen. L’approche est similaire. À l’idéalisme patriotique des années 60, on oppose l’indifférence cynique de notre époque. Au Japon comme partout ailleurs, le super héros n’inspire plus confiance. On ne le craint même pas. Les combats de Big man Japan bloquent les rues quelques minutes, coûtent des millions en dommages… et il doit faire des pieds et des mains pour que tout le monde puisse voir les publicités qui ornent son torse, question de payer pour tout ça. Son rituel de transformation sacré, jadis crucial, est désormais considéré long et fastidieux, vidé de son essence (l’allusion au Sumo est évidente).

C’est le crépuscule des idoles façon niponne, la déconstruction d’un genre, la perte des idéologies, des repères et des traditions. Les héros du passé, déphasés moralement, n’ont plus leur place dans un monde qui est, tout compte fait, assez indifférent à sa propre survie. C’est aussi probablement un e réflexion sur le cinéma japonais, qui doit se faire plus violent, plus bruyant chaque jour (symbolisé par les étranges kaijus) pour garder l’intérêt de son jeune public. Mais par dessus tout, c’est un film sur la perte de la mémoire, personnelle et collective.

-FRANCIS OUELLETTE