The Death of Superman Lives – Bande-annonce du documentaire

http://youtu.be/Nt9fxWq5qg0

Voici la bande-annonce pour le documentaire The Death of Superman Lives: What happened? qui révèle finalement les dessous du projet de film de Superman qui n’a jamais vu le jour.

Le documentaire semble surtout miser sur les témoignages de Kevin Smith, qui avait écrit la première version du scénario, et de Tim Burton qui devait le réaliser. Superman devait être incarner par Nicholas Cage.

Le long métrage documentaire, réalisé par Jon Schnepp, est toujours en recherche de financement pour être complété. Il est possible de faire un don à l’adresse suivante: http://www.SupportSupermanlives.com

– Mario J. Ramos

Fantasia 2014 – In Order of Disappearance

In Order of Disappearance prend initialement les allures d’un film typique de vengeance pour soudainement quitter les sentiers familiers du genre afin d’adopter un humour noir, grinçant et déstabilisant. Il s’agit d’un récit de gangsters atypique aussi unique que l’environnement dans lequel il prend place, le paysage enneigé de la Norvège.

Nils (Stellan Skarsgard) est un déneigeur qui parcourt les routes de sa région afin de rendre possible la circulation automobile. Un métier que l’homme pratique avec beaucoup de fierté et qui lui vaut le respect de ses concitoyens. Son univers basculera le jour où son fils est découvert sans vie dans une gare, le résultat, dit-on, d’une overdose. Flairant un complot, le père de famille partira à la recherche des hommes responsables de la mort de son enfant. Une quête de vengeance qui l’amènera nez à nez avec un trafiquant de cocaïne puissant et excentrique.

Le réalisateur Hans Petter Moland réussit à créer l’illusion d’une histoire on ne peut plus classique. Un leurre brillant pour lequel il relève le voile petit à petit pour finalement projeter l’audience  dans une succession de périples abracadabrants. Si au départ on prend les quelques moments cocasses comme de la maladresse ou le fruit du hasard, on s’aperçoit rapidement qu’il n’en est rien.

Silences pesants, dialogues mordants et instants ponctués de malaises viennent agrémenter un long-métrage qui peut se montrer sinon aussi violent que cru. Les intentions premières de Nils sont rapidement oubliées, ou très peu mises en valeur, pour se concentrer sur l’univers mafieux norvégien, dont ce dernier est aux prises avec un chef incompétent sur le bord de la dépression nerveuse et joué avec brio par Pål Sverre Hagen.

Le rythme de In Order of Disappearance est presque parfait si ce n’était du début du troisième, un moment de transition durant lequel l’oeuvre semble se chercher et tarder à aller vers sa conclusion qui, malheureusement, se dévoile comme étant prévisible.

Il ne faut pas également passer sous silence le travail de Bruno Ganz qui y incarne le chef d’une organisation criminelle serbe. Bien que peu présents, ses rares moments à la caméra sont hilarants et toujours empreints à une menace qui se dégage de son frêle personnage.

In Order of Disappearance peut s’inscrire sans problème dans la catégorie des films de gangsters nouveau genre. Son humour noir et son ton qui alterne entre l’oeuvre réflective et la violence sont les éléments d’une recette qui fonctionne étonnamment bien. À découvrir avec un gilet par balle et un anorak.

– Benoit Mercier

Fantasia 2014 – No Tears for the Dead

Après le succès retentissant du suspense d’action The Man from Nowhere, le réalisateur Jeong-beom Lee s’est retrouvé devant tout un défi; satisfaire l’appétit grandissant de ses nouveaux fans internationaux avec un nouveau film tout aussi enlevant que celui qui a fait sa réputation. La pression était énorme et Lee n’a pas tout à fait livré la marchandise.

Gon est un gangster endurci, qui a grandi dans un pays qui n’était pas le sien après avoir été abandonné par sa mère. Il est maintenant un as dans son domaine, un assassin discret et efficace. Seulement, son dernier job a mal tourné. Gon, qui ne fait jamais d’erreur, tue involontairement une fillette innocente. Encore sous le choc quelques semaines plus tard, il se voit confier la mission d’abattre la mère, qui est au beau milieu d’une gigantesque arnaque financière sans le savoir. Pour la première fois de sa vie, Gon envisage désobéir aux ordres pour sauver la mère de sa victime. Les larmes et le sang couleront à flots.

Les scènes d’actions de No Tears for the Dead sont époustouflantes. Le cinéma coréen filme la violence avec une énergie pure et puissante, comme personne d’autre ne sait le faire. Dans ce film, par contre, les scènes à couper le souffle sont peu nombreuses et on doit souffrir un montage souvent insensé pour être trop rarement récompensé. J’imagine qu’on voulait augmenter l’attrait international de la production en imaginant un personnage principal qui aurait grandi aux États-Unis et en filmant plusieurs moments entièrement en anglais. Seulement voilà, de toute la distribution, un seul acteur était crédible dans la langue de Shakespeare et Dong-gun Jang, dans le rôle principal, était probablement le pire. On n’y croît jamais à cette histoire d’enfance au Minnesota.

La multiplications des personnages trop nombreux et inutiles ainsi que les dialogues risibles (surtout en anglais) n’aident en rien à garder le spectateur intéressé. Ce qui devrait être un crescendo vers la finale (somme toute spectaculaire) est plutôt une interminable valse entre des gangsters minables et une femme misérable. Au beau milieu; Gon, qui distribue de sales raclées mais qui perd pas mal de temps à hésiter avant de le faire. Vaut mieux regarder The Man from Nowhere à nouveau et attendre que les meilleurs « pètage de gueules » de No Tears for the Dead se retrouvent sur YouTube.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Honeymoon

http://youtu.be/9sH1bYmt3Gw

Ah, l’amour. On dit qu’il est aveugle et plus fort que tout. Paul et Bea, les protagonistes de Honeymoon, viennent à peine de célébrer leur mariage qu’ils devront mettre à dure épreuve ces belles préconceptions sur la puissance des sentiments que l’on éprouve pour l’être aimé.

C’est dans un joli chalet dans les bois québécois que nos tourtereaux ont décidé de passer leur lune de miel. Intensément amoureux et heureux, ils vivent leurs premiers jours comme mari et femme dans un tourbillon de sexe, de rires et plein-air. Puis une nuit Bea disparaît et Paul, paniqué, la retrouve nue et seule au beau milieu de la forêt. Dès cet incident, le comportement de sa fiancée devient de plus en plus étrange et inquiétant, au point où Paul ne reconnaît plus du tout celle qu’il a marié seulement quelques jours auparavant. Qu’est-ce qui pousse Bea à agir si bizarrement? Pourquoi oublie-t-elle un matin comment faire du café? Que s’est-il réellement passé dans les bois cette nuit-là? Et, surtout, jusqu’où Paul est-il près à aller et qu’est-il prêt à croire par amour?

J’écrivais récemment dans une autre critique que l’horreur c’est transformer le quotidien en terrifiant et quoi de plus près de nous que l’être aimé? Quand la personne qui partage votre vie, celle à qui vous avez juré confiance et amour, devient quelqu’un d’autre et pose des gestes que vous ne reconnaissez pas, il n’y a franchement rien de plus affolant. C’est pourquoi Honeymoon fonctionne à merveille sur papier. Malheureusement, le premier acte m’a semblé interminable, j’ai senti qu’on voulait tellement me convaincre que Bea et Paul était un petit couple parfait, avec si peu de subtilité que ça en devenait caricatural et donnait l’effet contraire. J’ai deviné le dénouement dès le premier événement étrange et j’ai donc du attendre patiemment que le personnage principal fasse de même, alors que les indices n’étaient absolument pas subtils.

Honeymoon aborde un thème intéressant mais qui a souvent été exploité, souvent avec de meilleurs résultats, et n’y apporte rien de nouveau. La morale que j’ai retenu? Ne choisissez pas les forêts québécoises pour votre lune de miel!

Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Cold in July

Le réalisateur Jim Mickle est surtout connu pour son travail dans le domaine de l’horreur. Mulberry St, Stake Land et We Are What We Are étaient tous de terrifiants films, pour de très différentes raisons. Avec Cold in July, il nous démontre à quel point quelques minutes de notre vie peuvent dramatiquement altérer le reste de nos jours.

Dans un Texas de la fin des années 1980, Richard Dane (Michael C. Hall) mène une existence tranquille, à la limite de l’ennuyant. Encadreur de profession, père d’un jeune garçon et mari dévoué, il détonne légèrement avec son environnement et son époque, où les hommes sont des cowboys et des machos. Lorsqu’un cambrioleur fait effraction chez lui, Rich s’arme nerveusement du fusil de son défunt père et abat le bandit, par réflexe involontaire. Complètement secoué par son geste, il n’est pourtant pas au bout de ses peines. Le voleur avait pour seule famille son père, un ex-détenu qui vient tout juste de sortir de prison et qui cherche maintenant à venger la mort de son fils unique. L’univers de Richard Dane est sur le point d’être complètement basculé.

Ce film, jusque dans son âme, est une lettre d’amour du réalisateur au cinéma des années 1980. La trame sonore est délicieuse, rappelant la musique de John Carpenter pour Halloween, les meilleurs morceaux de Giorgio Moroder ou, plus près de nous, ce que nous offre le groupe montréalais Le Matos. L’esthétique, l’histoire et même les personnages nous ramènent tous à une époque où les films d’action étaient plus simples, où les bons gars étaient des machos au grand coeur et conduisaient une Cadillac. La présence même de Don Johnson dans la distribution prouve les intentions de Mickle, qui réussit complètement à nous transporter dans le temps.

Là où le réalisateur perd pied, c’est au moment de traduire de façon cinématographique l’absurdité du matériel original. Cold in July est adapté d’un roman de l’auteur Joe R. Lansdale, qui a également écrit le livre qui a inspiré Bubba Ho-Tep, ce film mettant en vedette Bruce Campbell dans le rôle d’un Elvis vieillissant qui combat des morts-vivants aux côtés d’un JFK noir. Lansdale aime mélanger les tons et écrit avec beaucoup d’humour sur des sujets absolument sérieux. Il en résulte que Cold in July est un film constamment en quête d’identité, qui change de ton plus qu’une fois de manière assez radicale.  À la limite, on dirait parfois regarder plusieurs courts épisodes mettant en vedette le personnage de Richard Dane ou un de ses acolytes, au lieu d’un film complet et cohérent. Cette inconsistance entraîne un sentiment de longueur au film, en plus de nous faire décrocher du récit de temps à autre.

Malgré tout, j’ai grandement apprécié l’aventure et je suis restée en haleine, souvent au bout de mon siège, jusqu’à la toute fin. Cold in July nous offre la perte d’innocence d’un homme douloureusement ordinaire à travers plusieurs détours, certains très drôles et d’autres absolument tragiques, aux couleurs de ce qui fut possiblement la meilleure décennie du cinéma.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Cybernatural

http://youtu.be/qaSbVR0zSC0

Je l’avoue, je suis entrée dans la salle de représentation de Cybernatural à reculons. Les films tournés avec caméra à l’épaule, du genre Paranormal Activity, sont selon moi un genre qui a commencé à s’essouffler dès la sortie de The Blair Witch Project.  Lorsqu’en plus j’ai vu la bande-annonce, j’ai anticipé un film qui ne serait que l’exploitation un peu « cheap » d’une technologie moderne pour quelques effets spéciaux peu impressionnants. Je suis heureuse de vous annoncer que je m’étais enfoncé le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

Un vidéo incroyablement embarrassant apparaît un jour sur internet et ruine la réputation de Laura Barns. Les images font rapidement le tour de l’école et l’adolescente, le moral complètement brisé par l’intimidation incessante de ses pairs, décide tragiquement de mettre fin à ses jours. Cet acte est également rendu public en ligne. Un an plus tard, le groupe d’amis responsable de la descente en enfer de Laura passe une soirée ordinaire en vidéoconférence sur Skype. Les insultes et les blagues fusent de toutes parts, certaines même au dépend de la défunte. Lorsqu’ils reçoivent tour à tour des messages des comptes de réseaux sociaux de Laura, la colère puis la panique les gagnent rapidement. Un individu anonyme et caché, sous le pseudonyme de Laura, se joint à leur session Skype et les force à jouer à son jeu pervers qui expose tous les mensonges qui germent depuis longtemps dans leur amitié. L’enjeu, tout simplement, est leur vie.

Il y a 10 ans, ou même 3, si quelqu’un m’avait prédis qu’un jour non seulement je verrais un film dont l’action est entièrement vue à travers un écran d’ordinateur mais qu’en plus je le louangerais, j’aurais assurément éclaté de rire. Le concept est très peu attirant, personne ne veut fixer un écran d’ordinateur lorsqu’on est au cinéma, on passe déjà pour la plupart notre journée entière à le faire! Pourtant, Cybernatural est un bijou. La distribution entière, composée de visages inconnus, est parfaite du début à la fin et contribue énormément à nous faire croire aux évènements surnaturels desquels nous sommes témoins. Il faut également dire que tout ici a comme but la vraisemblance; les personnages utilisent Skype, Spotify et Google, pas des versions bidons inventées pour éviter des poursuites.

Si vous êtes, comme je l’étais, un peu rebuté par l’idée de « l’horreur par ordinateur », souvenez-vous que les plus grands films d’épouvantes sont ceux qui réussissent à transformer le quotidien, le banal et même l’agréable en situations horribles et terrifiantes. Ce fut le cas pour les plages avec Jaws, les vidéocassettes avec The Ring, les oiseaux pour The Birds et le téléphone pour d’innombrables oeuvres. Cybernatural prend ce qui est devenu pratiquement une extension de notre identité et le métamorphose en une arme acérée pointée vers nous-mêmes. Ceci dit, je souhaite sincèrement que ce sera le seul de son genre, même si c’est peu probable. À l’instar du fameux The Blair Witch Project, la recette de l’horreur digitale en est une qui donnera sans doute naissance à de nombreuses émules qui risquent de ne pas arriver à la cheville de l’efficacité de l’original.

Je dois également noter que la session de questions suivant la projection a été accomplie partiellement par vidéoconférence Skype, une expérience complètement surréaliste pour le public qui se remettait à peine de ses émotions!

– Jessy Beaulieu

Camille Raconte – Des films populaires racontés par une enfant

Camille Raconte  est nouvelle websérie québécoise écrite réalisée par Vincent Éthier.

Il s’agit de courtes capsules où des dessins d’enfants sont animés et accompagnés de la voix de la jeune comédienne Juliane Belleau qui raconte à sa façon comme elle perçoit certains films populaires tels que Jurassic Park, La Guerre des tuques, Le seigneur des anneaux, Batman et autres.

Les épisodes sont disponibles sur YouTube.

– Mario J. Ramos

Fantasia 2014 – Life After Beth et Suburban Gothic

La comédie d’horreur est un genre particulièrement difficile à faire et surtout à bien faire. Il faut savoir doser les blagues et le sang et atteindre un précieux équilibre qui laisse assez de place à chaque élément sans éclipser ou annuler le reste. Life After Beth et Suburban Gothic, deux films présenté un à la suite de l’autre au Festival Fantasia hier soir, se donnaient tous deux la mission de relever ce défi.

Zach est inconsolable. Sa copine Beth est décédée quelques jours auparavant et il n’arrive plus à trouver de raison de continuer. Malgré son aveu que leur couple éprouvait des difficultés et qu’ils s’étaient temporairement séparé lorsque le drame a frappé, Zach se morfond en se rappelant toutes les choses qu’il n’a jamais pu dire à la fille qu’il aimait, tous les gestes qu’il a repoussé à plus tard. Il trouve un refuge émotionnel chez les parents de Beth, les Slocum (joués par John C. Reilly et Molly Shannon), jusqu’à ce que ceux-ci cessent de retourner ses appels et refusent de le laisser entrer chez eux. C’est en fouinant autour de la maison que Zach découvre l’impossible: Beth est revenue, sans souvenir des événements ayant mené à sa mort. Zach est fou de joie et se fait un devoir d’enfin profiter pleinement de la présence de sa bien-aimée. Beth par contre est… différente. Elle a des excès de colère terrifiants, elle développe un amour étrangement intense pour la musique de salle d’attente (le smooth jazz) et a un énorme appétit… sexuel. Zach apprend donc à composer avec ses changements parce qu’il aime Beth et l’aimera toujours, quoiqu’il arrive. Du moins c’est ce dont il tente de se convaincre.

Life After Beth est peut-être rempli de créatures étranges mais son histoire en est une très ordinaire; l’histoire d’un couple qui tente de survivre longtemps après avoir atteint la date d’expiration. Pratiquement chaque scène peut être interprétée au deuxième degré. C’est intelligent, ça fonctionne. Le scénario est drôle et efficace mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il manquait un petit quelque chose. Une touche de finition, un ficelage plus serré, un aiguisage des blagues, je ne sais pas trop. Le réalisateur Jeff Baena a avoué qu’il avait écrit Life After Beth il y a plusieurs années mais n’avait jamais trouvé les ressources ou l’intérêt de le porter au grand écran. C’est sa femme Aubrey Plaza (Julie Powers de Scott Pilgrim vs. The World et la Beth titulaire du film) qui l’a encouragé à, disons-le, ressusciter le scénario récemment. Une comédie légère avec très peur d’horreur, qui se retrouve dans la catégorie de Warm Bodies et autres; sympathique mais pas nécessairement mémorable.

Suburban Gothic est une comédie au ton quelque peu différent. Cliquez ci-dessous pour en savoir plus.

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Fantasia 2014 – Boyhood

Vous en avez certainement entendu parlé, Boyhood est cet accomplissement cinématographique du réalisateur Richard Linklater, filmé sur une période de pas moins de 12 années. Ne serait-ce que pour cette raison, le film est intriguant mais est-il divertissant?

Plusieurs personnes m’ont demandé de décrire le scénario de Boyhood depuis la représentation d’hier et je dois avouer que je n’ai pas encore réussi à trouver les bons mots. Boyhood est à propos de rien… et de tout. C’est une fenêtre sur la vie d’une famille américaine dont les parents sont séparés depuis que les enfants, Mason et Samantha, sont très jeunes. On y suit leur quotidien à différents moments et on les voit littéralement grandir et changer devant nos yeux pendant près de 3 heures. Si cette prémisse vous semble ennuyante à mourir, détrompez-vous. Le scénario et les dialogues sont si bien écrits qu’ils semblent complètement naturels, presque improvisés. On a vraiment l’impression d’avoir une porte qui mène à cette famille et que l’on ouvre au hasard pour observer où ils en sont, qui ils sont devenus à ce point dans leur vie. La distribution entière excelle et on s’attache facilement et rapidement aux personnages.

Un détail que j’ai particulièrement apprécié est l’omniprésence de la musique tout au long du film. Le père de Mason et Samantha et musicien et discute souvent de pièces avec ses enfants comme seul un vrai mélomane sait le faire, Mason juge le caractère de son futur co-chambreur par le fait qu’il est grand fan du groupe Bright Eyes, par exemple. Au delà de ça, les chansons qui accompagnent certaines scènes ont étés soigneusement choisies pour représenter l’année et l’ambiance du moment. Par exemple, Blink-182 nous chante Anthem Part Two en 2002, pendant qu’un jeune Mason et son meilleur ami explore le voisinage à vélo.

Boyhood est la définition même d’un « feel good movie« . C’est un film qui donne envie de vivre, d’avoir des enfants, d’appeler ses parents et de serrer nos amis dans nos bras. C’est un tour de force unique en son genre, qui sonne plus vrai que toutes les séries de télé-réalité réunies ensembles.  Lorsque le générique roule au bout de 2 heures 45 minutes, on n’a pas vu le temps passer et on en voudrait encore. À ne pas manquer.

Boyhood sera en salle de cinéma dès ce vendredi 25 juillet.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Animosity

Une couple de nouveaux mariés emménage dans une belle grande maison au milieu de nul part, entourée d’un boisé et de pas grand chose d’autre. L’endroit idéal pour Carrie, qui a besoin de quiétude pour composer des trames sonores de films d’horreur. Seule tous les jours pendant que Mike est au boulot, Carrie croise un homme armé dans les bois et est témoin d’événements très inquiétants. Mike, pourtant, semble vouloir tout rationaliser et tente de convaincre sa femme qu’elle a l’imagination fertile et qu’ils sont parfaitement en sécurité. Que se passe-t-il vraiment dans les bois? Carrie est-elle en danger dans sa propre maison?

La principale force d’Animosity est son actrice principale, Tracy Willet. Le personnage de Carrie passe au travers d’une gamme d’émotions très intenses et la performance de Willet nous permet de croire à chaque moment. Malheureusement on ne peut en dire de même du reste de la distribution. Le film semblait souffrir de quelques problèmes de sons et de montage mais tout ceci serait facilement pardonnable si l’intrigue savait nous garder en haleine. Vous l’aurez deviné, ce n’est pas le cas. Le scénario nous offre une gigantesque surprise mais celle-ci déraille complètement l’histoire et apporte beaucoup plus de questions que de réponses. Les invraisemblances  s’accumulent et la finale n’apporte que très peu de satisfaction.

Animosity est un film qui aurait pu être un excellent court métrage. Dommage.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Open Windows

Le film Open Windows du réalisateur et scénariste Nacho Vigalondo débute en force avec une prémisse intrigante et une approche inusitée qui nous accroche, celle de présenter l’entièreté de son récit par l’entremise d’un écran d’ordinateur.  Malheureusement, cette recette s’effrite rapidement pour faire place à une série de clichés usés jusqu’à la corde qui contrastent violemment avec le ton initial du long-métrage.

Nick Chambers (Elijah Wood) est l’administrateur d’un site internet dédié à Jill Goddard (Sasha Grey), une actrice populaire pour qui il entretient un intérêt à la limite de l’obsession. Ce dernier est invité à rencontrer la comédienne lors du lancement de son prochain film à Austin. Une occasion en or pour l’admirateur. Alors qu’il écoute en ligne la diffusion d’une conférence à laquelle participe Goddard, le webmestre est contacté par un mystérieux internaute aux intensions nébuleuses. Si la conversation avec son interlocuteur se veut au départ amicale, leurs échanges prendront un tournant pour le pire tandis que Nick est entrainé malgré lui dans une séquence d’évènements aux répercussions graves pour lui et la jeune interprète.

Open Windows prend le pari de garder en haleine son public du début à la fin. Un objectif risqué lorsque l’on considère la manière dont est structuré le film. Vigalondo parvient malgré tout, de façon efficace, à construire une mise en scène dynamique qui prend tout son sens dans la manière dont est présentée l’action dans l’interface virtuelle du portable de Nick. Le réalisateur décide par moment de concentrer sa «caméra» sur une partie de l’écran, d’en exclure une ou de montrer le déplacement de celle-ci entre les différentes «fenêtres». Une technique qui aurait pu facilement tomber dans la répétition, mais qui ne demeure pas moins autant rafraichissante que divertissante

Regrettablement, l’oeuvre prend un tournant vers le pire aussitôt que l’on délasse le huis clos qu’offrait la chambre d’hôtel de Nick pour le remplacé par une poursuite dans les rues de la ville texane. C’est à ce moment que le scénario de Nacho Vigalondo perd de son rythme et de son originalité. Avec maladresse, le film met de côté le sentiment d’authenticité dans lequel il était trempé jusqu’ici pour employer des avenues proches de celle de la science-fiction. Quant à elles, les technologies, qui se voyaient au départ plausible, font désormais place à des gadgets impossibles qui font coup sur coup rire l’audience au fait de la plausibilité des engins utilisés.

Elijah Wood n’en demeure pas moins attachant dans le rôle sympathique de Nick et c’est avec beaucoup d’adresse qu’il parvient à nous garder intéressé au sort de son personnage. Une performance qui éclipse complètement celle de Sasha Grey au jeu souvent inégal.

On pardonnerait les nombreux défauts d’Open Windows si ce n’était des incongruités de son troisième acte qui s’entête à multiplier les révélations superflues et les explications inutiles. Des irritants supplémentaires qui ne font que contribuer à créer au sentiment de déception qui nous suit à la sortie de la projection. Une  déception qui n’est que plus grande lorsque l’on considère le potentiel du film qui n’est qu’au final un amalgame les codes du «Found Foodtage» à ceux des «Slasher» classiques.

Open Windows sera en représentation le 23 juillet à 21h45 à la Salle J.A. De Sève de l’université Concordia dans le cadre de l’édition 2014 du festival Fantasia.

– Benoit Mercier

Fantasia 2014 – Faults

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Je suis prête à parier qu’un certain nombre des gens présents lors de la représentation de Faults ont acheté des billets dès qu’ils ont vu le nom de Mary Elizabeth Winstead dans le rôle principal. Winstead a incarné un personnage très important dans le monde geek il y a quelques années, celui de Ramona Flowers dans l’adaptation Scott Pilgrim vs. the World. Elle joue ici une jeune femme complètement différente mais tout aussi mémorable.

Ansel Roth est un loser. Spécialiste dans la « dé-programmation » des gens qui se sont fait embarqués dans des cultes et autre lavage du cerveau du genre, il était autrefois respecté. Ayant perdu son émission de télévision, sa femme, son argent et surtout sa dignité, il est contraint à faire des conférences minables dans des hôtels crades devant 10 personnes pour survivre. La chance semble pourtant vouloir lui sourire quand, à la fin d’une telle conférence, un couple âgé l’approche. Leur fille unique s’est fait entourloupée par un groupe qui s’appelle Faults et ils décident d’engager Ansel en espérant que son expertise leur ramènera leur Claire adorée.

Faults est un film qui, à l’image du culte fictif du même nom, manipule son public. Il débute en comédie (quoique plutôt noire) et nous entraîne dans une spirale de moments qui nous font douter de la première impression qu’on en avait eu. Les comédiens sont parfaits, surtout Winstead qui est franchement impressionnante tout au long de ce qui est essentiellement un huis clos pour la majorité du film. On voit la finale venir de loin mais le chemin pour s’y rendre est parsemé de surprises aussi choquantes que divertissantes. Quand on considère que c’est le tout premier long métrage du réalisateur Riley Stearns, on peut conclure que c’est une réussite.

Faults est présenté à nouveau le jeudi 24 juillet à 19:15 dans la salle J.A. De Sève.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Ghost in the Shell

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Mamoru Oshii, le réalisateur de Ghost in the Shell a avoué au public de Fantasia hier qu’il n’avait vu son film qu’une seule fois depuis qu’il l’avait terminé et qu’il détestait revoir ses vieux films. C’est une affirmation qui semble complètement impossible pour les fans, puisque Ghost in the Shell n’est pas qu’un grand film d’animation, c’est également un des plus grands films de la science-fiction moderne. Alors que l’oeuvre, qui a plus en commun avec Blade Runner qu’avec Dragon Ball, célébrera l’an prochain son 20e anniversaire, la voir sur grand écran renforce le sentiment qu’elle est intemporelle et toujours incroyablement grandiose.

C’est devant une salle comble que Oshii a reçu un prix pour l’ensemble de sa carrière. Prix, on l’a souligné plusieurs fois, qu’on souhaite très précoce puisqu’on espère que le réalisateur ait encore plusieurs histoires à nous offrir. D’ailleurs, sa présence à Montréal ne tenait pas d’un hasard; il y a filmé une partie de son plus récent film et y travaillait sur la post-production. Le public de Fantasia a eu la chance de visionner en primeur la toute première-bande annonce du long-métrage, intitulé The Last Druid: Garm Wars, un autre suspense de science-fiction mais pas un film d’animation cette fois. Sans trop en dire, c’était visuellement à couper le souffle. Espérons le voir sur la programmation du festival bientôt!

Le créateur a été candide et très drôle tout au long de la période de questions et a semblé visiblement touché par l’ovation debout que nous lui avons offert. Un horaire chargé l’a forcé à quitter avant la projection mais son absence n’a pas amoindri le plaisir que la salle entière a éprouvé à redécouvrir (et découvrir, pour certains) l’univers de Ghost in the Shell. La copie présentée était magnifique et la salle était complètement silencieuse du début à la fin, rivée à l’écran, hypnotisée par la trame sonore. Une superbe façon de démarrer mon festival.

– Jessy Beaulieu