Fantasia 2015 – Big Match

big matchAncien champion de soccer, Ik-ho s’entraîne maintenant pour devenir une star des arts martiaux mixtes, sous l’œil bienveillant de son grand frère Young-ho. Profitant de la relation privilégiée entre les frangins, un malfaiteur étrange enlève Young-ho pour ensuite piéger Ik-ho dans un jeu grandeur nature. Celui qui se surnomme Ace mettra Ik-ho au défi de survivre une série de situations dangereuses alors qu’il est filmé partout dans la ville pour le bonheur d’un auditoire riche qui mise sur ses chances. L’enjeu; la vie de son frère. À travers une série de baguarres violentes avec la police et plusieurs malfaiteurs minables, Ik-ho usera de ses talents de combattant mais également de son ingéniosité pour sauver sa peau et celle de son frère.

S’il y a un genre que le cinéma coréen fait très bien c’est le film de revanche. Vous me demanderez si Big Match est un film de revanche; eh bien non, mais c’est un film d’action et c’est ce que la Corée fait de mieux, après la revanche. On ne trouve rien de particulièrement nouveau dans ce film; les policiers sont typiquement incapables, les gangsters sont un peu niais mais attachants, le héros est un beau mec incroyablement talentueux et le méchant est excentrique et ultimement pathétique. On y trouve même une demoiselle mystérieuse avec un passé lourd de significations. Le scénario est plutôt prévisible et les éléments visuels à la Minority Report sont distrayants mais… on s’amuse tellement! Le rythme du film est excellent du début à la fin, les scènes de combat sont magnifiques et on ne s’ennuie pas une seule seconde. Visuellement, tout est léché et rapide, pour garder le sentiment d’urgence de la course de Ik-ho. Pratiquement chaque blague fait mouche et lorsque les gentils l’emportent (naturellement), on a envie de crier victoire avec eux et leur offrir un câlin. Bref, un autre divertissement léger absolument réussi d’un pays qui déçoit rarement.

Fantasia 2015 – Bunny the Killer Thing

Bunny

Dans la campagne finlandaise, un groupe de jeunes gens dont les hormones parlent plus fort que leurs cerveaux se rassemble pour une belle fin de semaine dans un chalet. Nul ne s’attend, par contre, à se faire interrompre par une bête dégueulasse, mi-homme, mi-lapin, qui les terrorisera en pourchassant tout ce qui bouge avec son organe génital gigantesque et insatiable.

Ça vous semble un peu maigre comme synopsis? C’est que ce l’est tout à fait. Bunny the Killer Thing est une comédie on ne peut plus niaise, qui ne cache pas sa vraie nature. Le costume de l’homme-lapin ressemble à une mascotte de magasin de chocolats de Pâques établi dans un ancien club vidéo, si on avait passé ladite mascotte sous un dix-roues puis dans la bouette. On voit même très clairement la fermeture éclaire à plusieurs reprises. La vraisemblance, le scénario, le développement des personnages; Bunny the Killer Thing n’en a rien à foutre! Ici on a droits à des blagues de masturbation, d’herpès, un peu de racisme et beaucoup, beaucoup de faux-sang.

Un film du genre n’a sa place qu’à une représentation de minuit, là où le public peut crier et rire fort et ne s’attend à rien de plus qu’un bon moment. Ce fut en effet le cas pour Bunny, qui a fait bœuf à en juger la réaction de la salle, malgré un scénario aussi flaccide que le pénis en plastique du principal intéressé. Lors de la session de questions et réponses à la fin du film, le réalisateur et auteur du script Joonas Makkonen a expliqué à demi-mot (et dans un anglais plutôt adorable) que l’idée était née d’un soirée un peu… enfumée. Le public a crié de joie lorsqu’on a annoncé une suite; pour ma part, j’aime mes films avec un peu plus de viande autour de l’os et je suis allergique au lapin.

Fantasia 2015 – Princess Jellyfish

princess jellyfishLes « geeks » sont une race à part, tout le monde le sait. Ces êtres intenses, obsédés par un sujet qui les passionnent plus que tout au monde et qui souvent semblent vivre dans un univers différent du reste de la planète. Tsukimi est une « geek » de méduses; depuis sa plus tendre enfance elle est fascinée par ces êtres aquatiques gracieux qui semblent éthérés et presque surréels. Elle habite une maison remplie d’autres de son espèce; une « geek » de train, une fille qui adore les items traditionnels japonais, une autre qui est obsédée par un texte historique chinois d’époque… Les filles cohabitent à merveille mais ne fonctionnent pas si bien à l’extérieur des murs de la maisons, là où les humains fabuleux (jolis et normaux) vivent.

Un soir, en tentant d’aborder un bel être humain dans le but de sauver une méduse dans une animalerie, Tsukimi fait la rencontre de Kuranosuke, une jeune fille absolument superbe, avec un sens de la mode irréprochable. Naturellement, Tsukimi est immédiatement pétrifiée (littéralement) par Kuranosuke, d’autant plus qu’elle découvrira rapidement que sa nouvelle amie est en fait… fils de politicien! Les malaises et les quiproquos déferlent mais Kuranosuke gagnera rapidement le coeur de toutes les filles de la maison est les aidant à contrer un projet municipal qui raserait leur demeure.

Tenter d’adapter une série animée en prise de vue réelle n’est pas une tâche simple et le résultat dépend très souvent de la capacité du réalisateur à saisir et reproduire l’esprit du matériel original. La série Princess Jellyfish est adorable et permet à quiconque s’est un jour senti dans la marge de la société de se retrouver dans le personnage de Tsukimi. Le film abonde dans le même sens: on suit son développement émotionnel avec intérêt et on ressent ses petites victoires un peu comme les nôtres. Malgré quelques longueurs, on s’amuse beaucoup grâce à l’humour très naïf et aux personnages attachants. Reste qu’on a droit ici à une comédie romantique on ne peut plus typique et le ton un peu ringuard n’est définitivement pas pour tout le monde. La plus grande déception selon moi est la très belle relation qu’on voit grandir entre les deux personnages principaux mais qui, ultimement, ne nous offre pas la satisfaction émotionnelle qu’on recherche dans ce genre de cinéma. Tout de même un film léger et agréable, qui vous décrochera sans doute un sourire. Une bonne raison d’aller également découvrir la série animée!

Fantasia 2015 – Deathgasm

deathgasm

Cette comédie d’horreur néo-zélandaise nous faire suivre un jeune fan de Heavy Metal. Suite à la mort de sa mère monoparentale Brodie est envoyé, tel un Harry Potter à manteau de cuir, vivre avec la famille de son oncle très religieux. Pour ajouter à l’horreur de la situation, son cousin est un sportif style joueur de football amateur d’intimidation qui se met immédiatement à l’oeuvre pour ruiner la vie déjà misérable de Brodie. Rien n’est franchement mieux à l’école; les gens sont ennuyants, les belles filles n’en ont que pour pour les jocks et Brodie se retrouve enrôlé dans une partie de Donjons & Dragons avec deux tronches, malgré lui. Ce n’est que lorsqu’il fera la rencontre de Zakk, un metalhead endurci. Les deux deviennent amis instantanément et décident de former un groupe de métal qu’ils nomment Deathgasm. Le métal, c’est bien connu, a une réputation de « musique du diable », capable de posséder ceux qui la jouent et l’écoutent. C’est naturellement de la foutaise… mais si c’était vrai?

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Fantasia 2015 – Catch Me Daddy

catch me daddy

Le festival Fantasia nous offre très souvent la chance de découvrir d’excellents films avant la majorité du grand public. Parfois, on n’a pas droit à un grand film mais on ressort de la salle avec tout de même l’impression d’avoir déniché quelque chose de spécial.

Catch Me Daddy est l’histoire de Laila, une jeune adolescente britannique d’origine pakistanaise qui habite avec son copain Aaron. Le couple n’a pas beaucoup d’argent mais énormément d’amour l’un pour l’autre. Les premières interactions auxquelles on assiste cachent pourtant quelque chose qui hante leur quotidien, une épée de damoclès pas très loin au-dessus de leurs têtes: Laila est une fugitive. Elle a fui le domicile familial et l’autorité envahissante, voire dangeureuse de son père au grand désarroi de celui-ci. Lorsqu’il engage le grand frère de Laila et sa bande d’amis en plus de deux chasseurs de tête de bas niveau, le bonheur et la sécurité des jeunes amoureux seront fracassés.

Catch Me Daddy est le premier film du réalisateur Daniel Wolfe, qui a fait son nom dans les vidéoclips et il est facile de voir cette influence dans son oeuvre. Une caméra très active, un montage légèrement hyperactif, des choix de plans non-conventionels mais surtout une énorme présence de pièces musicales qui semblent tout droit sorties de la librairie du cinéaste. Les images jurent parfois avec les choix musicaux et ça peut devenir irritant pour certains mais la recette a fonctionné avec moi, d’autant plus qu’elle me rappelait le génie musical de la première saison de True Detective. Le premier acte du film est lent à outrance mais sans être mauvais; Wolfe excelle dans les moments intimes et sa dépiction de Laila est ennivrante. Il faut dire que l’actrice Sameena Jabeen Ahmed est éblouissante dans le rôle. La tension attend son paroxysme lorsque les amoureux sont découverts, on s’attend alors à une explosion des émotions, à de l’action ou à tout le moins à une résolution, soit-elle bonne au mauvaise. On n’aura malheureusement droit à rien de tout ça. Wolfe s’attaque à plusieurs énormes et très complexes sujets pour son premier long-métrage; la misère, la pauvreté, la violence, le racisme, le crime d’honneur au sein de la communauté musulmane, la toxicomanie… Les portraits qu’il en tire sont authentiques mais ne nous emmène nul part qui n’aurait pas été exploré auparavant. On devine une certaine maladresse de débutant dans le montage; certaines scènes de nuit sont complètement inutiles parce que beaucoup trop sombres et le film souffre d’être franchement trop long. Wolfe n’avait-il pas le coeur de faire plus de sacrifices lors de la post-production?

J’ai découvert un réalisateur de talent avec ce film, qui dirige ses acteurs avec main de maître et qui de toute évidence a envie d’échauffer les esprits avec de nouvelles idéee. Je garderai certainement l’oeil ouvert pour ses prochaines oeuvres et j’espère qu’il apprendra des faiblesses de Catch Me Daddy.

Fantasia 2015 – Miss Hokusai

Miss Hokusai

Pour le commun des mortels, les gens artistiques semblent parfois appartenir à une race distincte, qui habite un monde complètement différent du nôtre. Un monde abstrait, plus fantastique, voire magique.  C’est dans cet univers que nous plonge tout en douceur le magnifique film d’animation Miss Hokusai.

Nous sommes en 1814, alors que Tokyo se nomme toujours Edo. O-Ei vit avec son père, un homme excentrique dans la cinquantaine et un peintre extrêmement doué qui a déjà une réputation qui entraîne le respect et plusieurs contrats. Katsushika Hokusai (alors appelé Tetsuzo) ne fait ni le ménage, ni la cuisine, sa vie se résumant entièrement à peindre et sortir boire avec son apprenti un peu empoté. C’est d’ailleurs O-Ei qui doit souvent terminer (ou créer!) les œuvres de son père pour qu’elles soient livrées à temps et ce, sans pouvoir signer son travail ni récolter les honneurs que son talent mérite. Un talent qui rend Tetsuzo un peu nerveux… Car O-Ei a également hérité du caractère fort et de l’entêtement de son père. Entre les sautes d’humeurs du maître, sa petite sœur malade et quelques prétendants maladroits, la jeune femme découvre les beautés que ce monde a à offrir; le calme de la neige, la fureur d’un incendie, les secrets d’un dessin érotique réussi et la magie du quotidien.

Miss Hokusai, à l’image des dessins du maître et de sa fille, est un pur délice pour les yeux et le cœur. Rarement a-t-on vu une lumière si parfaite dans un film d’animation, en plus des couleurs toutes en nuances qui nous transportent directement au Japon de l’ère Edo. Le réalisateur Keiichi Hara était présent lors de la représentation d’ouverture et a précisé que le film était adapté du manga Srusuberi, qui est lui-même une interprétation plus qu’une biographie directe de la vie de cette légendaire famille d’artistes. Si le nom Hokusai ne vous dit rien, pensez à la fresque japonaise très populaire qui met en image les vagues de la mer; ce tableau, c’est La Grande Vague de Kanagawa qu’il a peint en 1831. Le scénario est lent et contemplatif mais gonflé d’émotions et jamais ennuyant. Il nous offre de passer un moment dans la vie de ces personnages historiques incomparables mais foncièrement humains et on apprécie l’expérience tout en sortant inspiré. Miss Hokusai est ce genre de film qu’on regarde avec un sourire constant au visage et parfois quelques larmes à l’œil. Une excellente fresque sur les grands sujets universels de la vie, la mort, l’amour et l’art.

Ne manquez pas la deuxième représentation de Miss Hokusai le samedi 25 juillet à midi, pour plus d’informations vous pouvez visiter le site du Festival Fantasia.

Fantasia 2014 – Stereo

Dès le premier coup d’oeil, on sait qu’Erik n’est pas un enfant de coeur. Plus que la moto et les nombreux tatouages, c’est surtout son regard qui trahit un lourd passé qu’il tente, avec un certain succès, de laisser derrière lui. Sa nouvelle vie se porte plutôt bien; sa relation avec Julia s’épanouit et il se rapproche de la jeune fille de celle-ci. Puis un jour, pendant un pause cigarette, Erik aperçoit un homme, la tête dissimulée sous un capuchon, qui semble l’épier. L’homme apparaît à nouveau, plusieurs fois, et de plus en plus près d’Erik qui se rend compte qu’il est le seul à le voir. Erik a-t-il finalement perdu la tête? Est-ce que la figure est un message de son passé?

Ce qui impressionne, dès les premières minutes de Stereo, est la perfection avec laquelle l’ambiance de ce film a été construite. La trame sonore, la photographie et la direction débordent de style et nous transportent directement dans l’univers d’Erik; un univers incertain, fragile et dangereux. On y voit l’influence certaine de plusieurs films (principalement Fight Club et A History of Violence) mais le résultat est génial et inventif. Moritz Bleibtreu, qu’on a connu en  1998 avec le rôle de Manni dans Run Lola Run, livre ici la performance de sa carrière, intense et troublante. Un film cérébral avec un scénario intelligent qui se culmine en scènes d’une grande violence mais qui, ultimement, lance son plus grand coup de poing droit au coeur. À voir.

– Jessy Beaulieu

 

Fantasia 2014 – The Texas Chainsaw Massacre

Texas Chainsaw

Ce n’est pas tous les jours qu’on peut assister, avec des centaines de nos amis, à la représentation d’une version restaurée en haute-définition d’une oeuvre qui a pratiquement inventé le film d’horreur moderne, en présence de son réalisateur. Le Festival Fantasia a permis à une salle remplie d’admirateurs de vivre précisément cette expérience hier soir.

Le festival a profité de l’occasion pour remettre à Tobe Hooper un prix pour l’ensemble de son oeuvre. Les films de Hooper (The Texas Chainsaw Massacre, Poltergeist, Salem’s Lot, entre autres) ont révolutionné le cinéma d’horreur et ont marqué plusieurs générations par leur réalisme, leur cruauté et leur cynisme. L’homme semble pourtant très heureux aujourd’hui et s’est prêté au jeu de la session de questions avec plaisir, nous offrant plusieurs anecdotes sur le tournage de The Texas Chainsaw Massacre, dont plusieurs absolument dégoûtantes. De plus, il a fait une énorme surprise à son public en emmenant avec lui une copie 35mm de la suite du film, The Texas Chainsaw Massacre 2, que les spectateurs ont pu voir gratuitement après le visionnement du film original.

Si la majorité de la salle était composée d’admirateurs connaissant manifestement le film par coeur au grand complet, on y comptait quand même quelques curieux qui avaient sauté sur l’occasion pour enfin voir le grand classique. Je peux affirmer sans aucun doute que tout le monde a été grandement satisfait. La restauration est magnifique et une attention toute particulière a été portée à conserver l’apparence un peu vieillote et abîmée de l’image. N’ayant pour ma part pas visionné The Texas Chainsaw Massacre depuis plusieurs années, j’ai eu l’impression de le voir pour la première fois, avec tout le plaisir que cela implique pour l’amoureuse du cinéma de terreur que je suis.

Tobe Hooper a dit hier avoir écrit The Texas Chainsaw Massacre suite à son sentiment de désillusion au début des années 1970. Watergate, la guerre du Vietnam, la situation économique des États-Unis, « Je croyais qu’on nous disait la vérité… mais on nous mentait« . La critique sociale qui en découle est, tristement, toujours d’actualité. C’est une des raisons pour lesquelles le film vieillit si bien. La suggestion et l’imagination sont les moteurs de l’horreur, beaucoup plus que l’hémoglobine (même s’il n’en manque pas) dans ce film et nous rappellent qu’en 2014 autant qu’en 1974, la peur la plus forte demeure toujours celle de l’inconnu.

Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Starry Eyes

L’industrie du cinéma inspire d’étranges et grandioses histoires depuis le tout début de son existence. Un nombre incalculable de jeunes acteurs et actrices les yeux plein d’espoir s’y rendent tous les jours, prêts à vendre leur âme pour un petit morceau de succès, pour la reconnaissance de leur talent, pour un jour se voir sur un grand écran.

Sarah attend encore sa chance. Elle occupe un emploi assommant comme serveuse dans un resto pour pouvoir se permettre son appartement à Hollywood et court à toutes les auditions qu’elle peut trouver. Les échecs accumulés lui pèsent, elle se trouve moche et n’arrive pas à vraiment connecter avec ses amis, eux aussi des aspirants du milieu. Son destin semble tourner lorsqu’une maison de production de films d’horreur la rappelle pour une deuxième audition. D’accord, ils sont un peu étranges et demandent d’elle des performances peu orthodoxes mais c’est le succès qui cogne à sa porte, Sarah en ai convaincue et elle ne le laissera pas passer. Elle verra son nom sur l’affiche, coûte que coûte…

Starry Eyes m’a ébranlé. C’est un film difficile à regarder par moment, particulièrement grâce à ses effets spéciaux visuels incroyablement réussis, mais aussi par les intenses émotions si fidèlement rendus à l’écran. La performance de Alex Essoe dans le rôle principal de Sarah est hallucinante et a du être très épuisante pour l’actrice, une toute nouvelle venue sur la scène.  Je n’aurais jamais deviné que Kevin Kolsch et Dennis Widmyer, les réalisateurs et auteurs du scripts, ont eu recours à Kickstarter pour fonder le film. On y voit des références à de nombreux classiques (Possession de Zulawski, l’horreur biologique de Cronenberg, les slashers des années 1970 et 1980 et même un peu du nihilisme de Fight Club) mais l’ensemble est original et réussi.

Porté par une magnifique trame sonore toute en synthétiseurs menaçants (disponible sur album vinyle bientôt), Starry Eyes nous emmène au plus profond des dessous étranges d’Hollywood et, ce faisant, nous offre un des meilleurs films d’horreur de l’année.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Creep

Creep

Vous considérez-vous quelqu’un de naïf? À quel point pourriez-vous faire confiance à un inconnu? Vous risquez de reconsidérer vos réponses suite au visionnement de Creep.

Aaron, cinéaste un peu cassé, accepte une offre trouvée sur Craigslist. La tâche semble assez simple: suivre Josef avec sa caméra pour documenter une journée de sa vie. Dès leur rencontre dans un chalet isolé au milieu des montagnes, Josef s’empresse de le serrer dans ses bras pour ensuite lui expliquer qu’il est atteint d’un cancer incurable et qu’il souhaite laisser un vidéo souvenir pour le fils que sa femme et lui attendent. À l’agenda on retrouve une marche en montagne, un bain et un repas de crêpes. Aaron, tout comme nous, se découvre une certaine pitié pour Josef mais plus la journée avance, plus son comportement devient excentrique et la situation prend rapidement un tournant inquiétant.

Creep est le bébé de Patrick Brice et Mark Duplass, qui jouent Aaron et Josef respectivement. Le duo a écrit, réalisé et produit en partie ce film dans lequel ils interprètent également les deux seuls personnages. La majorité des dialogues ont été improvisés et le tout a probablement coûté des peanuts. Les films à micro-budget sont rarement mes favoris, on ressent souvent les lacunes dans le scénario ou le jeu des acteurs. Creep pourrait bien me faire changer d’avis. Le film aurait pu aussi s’appeler Malaise parce que c’est principalement ce que vous allez ressentir en regardant la relation entre Aaron et Josef varier entre l’indifférence, l’incompréhension, la panique et la compassion. La salle entière était au prise avec des rires nerveux et ce, du début à la fin. Le personnage de Josef trouble profondément et Duplass joue à la perfection ce gars étrange avec des manières singulières qui met tout le monde mal à l’aise. À l’instar d’Aaron, le public n’est jamais prêt à trancher; est-il simplement drôlement différent ou vraiment dangeureux?

Creep est un film caméra à l’épaule sans fantômes, sorcière ou démon mais qui s’avère très drôle et absolument terrifiant.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – At the Devil’s Door

 The Pact, le premier long métrage de Nicholas McCarthy, a été présenté au Festival Fantasia en 2012 et sa bande-annonce avait grandement piqué mon intérêt. Malheureusement, le film lui-même s’était avéré une déception, malgré de visibles bonnes intentions se culminant en une finale complètement invraisemblable. Lorsque j’ai appris que McCarthy était de retour cette année avec At the Devil’s Door, j’ai décidé de lui donner une seconde chance. Après tout, The Pact n’avait peut-être souffert que d’un manque d’expérience.

At the Devil’s Door raconte l’histoire de Leigh, une jeune agente immobilière qui se voit confier la tâche de vendre une maison avec un passé plutôt sombre. Lors d’une visite, elle y croise une jeune fille portant un imperméable rouge, l’air complètement misérable. Leigh voudra lui venir en aide mais, ce faisant, ouvre la porte à une force inquiétante qui s’immiscera dans sa vie et celle de sa soeur, Vera.

Voilà, du moins, le synopsis pour une partie du film. At the Devil’s Door se promène entre les époques et les protagonistes à grande vitesse et sans finesse dans ses transitions. Le tout est monté de façon incroyablement maladroite et empêche ses personnages de se développer proprement. L’ambiance est toutefois réussie jusqu’au troisième acte, où le scénario fait de tels bons qu’on ne peut s’empêcher de rire d’incrédulité.

J’aurais du me fier à mon instinct. At the Devil’s Door n’est pas une amélioration du début décent mais imparfait qu’était The Pact. C’est même un pas vers l’arrière, confus et ponctué de moments de tensions mal exploités.  Une porte qui n’aurait jamais du être ouverte.

Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – No Tears for the Dead

Après le succès retentissant du suspense d’action The Man from Nowhere, le réalisateur Jeong-beom Lee s’est retrouvé devant tout un défi; satisfaire l’appétit grandissant de ses nouveaux fans internationaux avec un nouveau film tout aussi enlevant que celui qui a fait sa réputation. La pression était énorme et Lee n’a pas tout à fait livré la marchandise.

Gon est un gangster endurci, qui a grandi dans un pays qui n’était pas le sien après avoir été abandonné par sa mère. Il est maintenant un as dans son domaine, un assassin discret et efficace. Seulement, son dernier job a mal tourné. Gon, qui ne fait jamais d’erreur, tue involontairement une fillette innocente. Encore sous le choc quelques semaines plus tard, il se voit confier la mission d’abattre la mère, qui est au beau milieu d’une gigantesque arnaque financière sans le savoir. Pour la première fois de sa vie, Gon envisage désobéir aux ordres pour sauver la mère de sa victime. Les larmes et le sang couleront à flots.

Les scènes d’actions de No Tears for the Dead sont époustouflantes. Le cinéma coréen filme la violence avec une énergie pure et puissante, comme personne d’autre ne sait le faire. Dans ce film, par contre, les scènes à couper le souffle sont peu nombreuses et on doit souffrir un montage souvent insensé pour être trop rarement récompensé. J’imagine qu’on voulait augmenter l’attrait international de la production en imaginant un personnage principal qui aurait grandi aux États-Unis et en filmant plusieurs moments entièrement en anglais. Seulement voilà, de toute la distribution, un seul acteur était crédible dans la langue de Shakespeare et Dong-gun Jang, dans le rôle principal, était probablement le pire. On n’y croît jamais à cette histoire d’enfance au Minnesota.

La multiplications des personnages trop nombreux et inutiles ainsi que les dialogues risibles (surtout en anglais) n’aident en rien à garder le spectateur intéressé. Ce qui devrait être un crescendo vers la finale (somme toute spectaculaire) est plutôt une interminable valse entre des gangsters minables et une femme misérable. Au beau milieu; Gon, qui distribue de sales raclées mais qui perd pas mal de temps à hésiter avant de le faire. Vaut mieux regarder The Man from Nowhere à nouveau et attendre que les meilleurs « pètage de gueules » de No Tears for the Dead se retrouvent sur YouTube.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Honeymoon

http://youtu.be/9sH1bYmt3Gw

Ah, l’amour. On dit qu’il est aveugle et plus fort que tout. Paul et Bea, les protagonistes de Honeymoon, viennent à peine de célébrer leur mariage qu’ils devront mettre à dure épreuve ces belles préconceptions sur la puissance des sentiments que l’on éprouve pour l’être aimé.

C’est dans un joli chalet dans les bois québécois que nos tourtereaux ont décidé de passer leur lune de miel. Intensément amoureux et heureux, ils vivent leurs premiers jours comme mari et femme dans un tourbillon de sexe, de rires et plein-air. Puis une nuit Bea disparaît et Paul, paniqué, la retrouve nue et seule au beau milieu de la forêt. Dès cet incident, le comportement de sa fiancée devient de plus en plus étrange et inquiétant, au point où Paul ne reconnaît plus du tout celle qu’il a marié seulement quelques jours auparavant. Qu’est-ce qui pousse Bea à agir si bizarrement? Pourquoi oublie-t-elle un matin comment faire du café? Que s’est-il réellement passé dans les bois cette nuit-là? Et, surtout, jusqu’où Paul est-il près à aller et qu’est-il prêt à croire par amour?

J’écrivais récemment dans une autre critique que l’horreur c’est transformer le quotidien en terrifiant et quoi de plus près de nous que l’être aimé? Quand la personne qui partage votre vie, celle à qui vous avez juré confiance et amour, devient quelqu’un d’autre et pose des gestes que vous ne reconnaissez pas, il n’y a franchement rien de plus affolant. C’est pourquoi Honeymoon fonctionne à merveille sur papier. Malheureusement, le premier acte m’a semblé interminable, j’ai senti qu’on voulait tellement me convaincre que Bea et Paul était un petit couple parfait, avec si peu de subtilité que ça en devenait caricatural et donnait l’effet contraire. J’ai deviné le dénouement dès le premier événement étrange et j’ai donc du attendre patiemment que le personnage principal fasse de même, alors que les indices n’étaient absolument pas subtils.

Honeymoon aborde un thème intéressant mais qui a souvent été exploité, souvent avec de meilleurs résultats, et n’y apporte rien de nouveau. La morale que j’ai retenu? Ne choisissez pas les forêts québécoises pour votre lune de miel!

Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Cold in July

Le réalisateur Jim Mickle est surtout connu pour son travail dans le domaine de l’horreur. Mulberry St, Stake Land et We Are What We Are étaient tous de terrifiants films, pour de très différentes raisons. Avec Cold in July, il nous démontre à quel point quelques minutes de notre vie peuvent dramatiquement altérer le reste de nos jours.

Dans un Texas de la fin des années 1980, Richard Dane (Michael C. Hall) mène une existence tranquille, à la limite de l’ennuyant. Encadreur de profession, père d’un jeune garçon et mari dévoué, il détonne légèrement avec son environnement et son époque, où les hommes sont des cowboys et des machos. Lorsqu’un cambrioleur fait effraction chez lui, Rich s’arme nerveusement du fusil de son défunt père et abat le bandit, par réflexe involontaire. Complètement secoué par son geste, il n’est pourtant pas au bout de ses peines. Le voleur avait pour seule famille son père, un ex-détenu qui vient tout juste de sortir de prison et qui cherche maintenant à venger la mort de son fils unique. L’univers de Richard Dane est sur le point d’être complètement basculé.

Ce film, jusque dans son âme, est une lettre d’amour du réalisateur au cinéma des années 1980. La trame sonore est délicieuse, rappelant la musique de John Carpenter pour Halloween, les meilleurs morceaux de Giorgio Moroder ou, plus près de nous, ce que nous offre le groupe montréalais Le Matos. L’esthétique, l’histoire et même les personnages nous ramènent tous à une époque où les films d’action étaient plus simples, où les bons gars étaient des machos au grand coeur et conduisaient une Cadillac. La présence même de Don Johnson dans la distribution prouve les intentions de Mickle, qui réussit complètement à nous transporter dans le temps.

Là où le réalisateur perd pied, c’est au moment de traduire de façon cinématographique l’absurdité du matériel original. Cold in July est adapté d’un roman de l’auteur Joe R. Lansdale, qui a également écrit le livre qui a inspiré Bubba Ho-Tep, ce film mettant en vedette Bruce Campbell dans le rôle d’un Elvis vieillissant qui combat des morts-vivants aux côtés d’un JFK noir. Lansdale aime mélanger les tons et écrit avec beaucoup d’humour sur des sujets absolument sérieux. Il en résulte que Cold in July est un film constamment en quête d’identité, qui change de ton plus qu’une fois de manière assez radicale.  À la limite, on dirait parfois regarder plusieurs courts épisodes mettant en vedette le personnage de Richard Dane ou un de ses acolytes, au lieu d’un film complet et cohérent. Cette inconsistance entraîne un sentiment de longueur au film, en plus de nous faire décrocher du récit de temps à autre.

Malgré tout, j’ai grandement apprécié l’aventure et je suis restée en haleine, souvent au bout de mon siège, jusqu’à la toute fin. Cold in July nous offre la perte d’innocence d’un homme douloureusement ordinaire à travers plusieurs détours, certains très drôles et d’autres absolument tragiques, aux couleurs de ce qui fut possiblement la meilleure décennie du cinéma.

– Jessy Beaulieu

Fantasia 2014 – Cybernatural

http://youtu.be/qaSbVR0zSC0

Je l’avoue, je suis entrée dans la salle de représentation de Cybernatural à reculons. Les films tournés avec caméra à l’épaule, du genre Paranormal Activity, sont selon moi un genre qui a commencé à s’essouffler dès la sortie de The Blair Witch Project.  Lorsqu’en plus j’ai vu la bande-annonce, j’ai anticipé un film qui ne serait que l’exploitation un peu « cheap » d’une technologie moderne pour quelques effets spéciaux peu impressionnants. Je suis heureuse de vous annoncer que je m’étais enfoncé le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.

Un vidéo incroyablement embarrassant apparaît un jour sur internet et ruine la réputation de Laura Barns. Les images font rapidement le tour de l’école et l’adolescente, le moral complètement brisé par l’intimidation incessante de ses pairs, décide tragiquement de mettre fin à ses jours. Cet acte est également rendu public en ligne. Un an plus tard, le groupe d’amis responsable de la descente en enfer de Laura passe une soirée ordinaire en vidéoconférence sur Skype. Les insultes et les blagues fusent de toutes parts, certaines même au dépend de la défunte. Lorsqu’ils reçoivent tour à tour des messages des comptes de réseaux sociaux de Laura, la colère puis la panique les gagnent rapidement. Un individu anonyme et caché, sous le pseudonyme de Laura, se joint à leur session Skype et les force à jouer à son jeu pervers qui expose tous les mensonges qui germent depuis longtemps dans leur amitié. L’enjeu, tout simplement, est leur vie.

Il y a 10 ans, ou même 3, si quelqu’un m’avait prédis qu’un jour non seulement je verrais un film dont l’action est entièrement vue à travers un écran d’ordinateur mais qu’en plus je le louangerais, j’aurais assurément éclaté de rire. Le concept est très peu attirant, personne ne veut fixer un écran d’ordinateur lorsqu’on est au cinéma, on passe déjà pour la plupart notre journée entière à le faire! Pourtant, Cybernatural est un bijou. La distribution entière, composée de visages inconnus, est parfaite du début à la fin et contribue énormément à nous faire croire aux évènements surnaturels desquels nous sommes témoins. Il faut également dire que tout ici a comme but la vraisemblance; les personnages utilisent Skype, Spotify et Google, pas des versions bidons inventées pour éviter des poursuites.

Si vous êtes, comme je l’étais, un peu rebuté par l’idée de « l’horreur par ordinateur », souvenez-vous que les plus grands films d’épouvantes sont ceux qui réussissent à transformer le quotidien, le banal et même l’agréable en situations horribles et terrifiantes. Ce fut le cas pour les plages avec Jaws, les vidéocassettes avec The Ring, les oiseaux pour The Birds et le téléphone pour d’innombrables oeuvres. Cybernatural prend ce qui est devenu pratiquement une extension de notre identité et le métamorphose en une arme acérée pointée vers nous-mêmes. Ceci dit, je souhaite sincèrement que ce sera le seul de son genre, même si c’est peu probable. À l’instar du fameux The Blair Witch Project, la recette de l’horreur digitale en est une qui donnera sans doute naissance à de nombreuses émules qui risquent de ne pas arriver à la cheville de l’efficacité de l’original.

Je dois également noter que la session de questions suivant la projection a été accomplie partiellement par vidéoconférence Skype, une expérience complètement surréaliste pour le public qui se remettait à peine de ses émotions!

– Jessy Beaulieu