Starship Troopers: Invasion du réalisateur Shinji Aramaki (Appleseed, Appleseed: Ex Machina) avait de gros souliers à remplir lors de sa projection montréalaise hier soir à la salle théâtre Hall de l’université Concordia.
En effet, ce film conçu entièrement en animation de synthèse se veut la suite du long-métrage culte de science-fiction de 1997 «Starship Troopers» du réalisateur Paul Verhoeven mettant en vedette Capster Van Dien. L’acteur qui a tenu le titre de producteur exécutif sur la production était par ailleurs présent sur place. Avec un enthousiasme marqué, il est venu adresser une foule accrochée à ses moindres mots avant de promettre de passer après la projection afin de répondre aux questions du public.
Après que la base de la Fédération Casey est attaquée par une horde des insectes extraterrestres de la planète Klendathu, l’équipe de soldats Roughneck K-12 tente de repousser l’une de leur attaque dirigée vers la Terre.
Malheureusement, et ce, malgré la bonne volonté de l’interprète hollywoodien et celle des artisans du film, Starship Troopers: Invasion tombe rapidement à plat. La qualité de son animation réalisée par ordinateur, quoique belle, ne suffit pas à accrocher l’attention des spectateurs qui ne cessent de questionner les choix scénaristiques du scénariste Flint Dille qui semblent ici avoir opté pour le cliché. Le long-métrage accumule trop de « mauvaises facettes » pour que l’on puisse passer par-dessus celles-ci, des défauts qui en deviennent à la longue franchement agaçants.
Outre les voix des doubleurs qui ne semblent pas être en mesure une fois sur deux de pouvoir transmettre la bonne émotivité, le récit devient répétitif. Les scènes d’affrontements entre les soldats et les insectes extraterrestres qui peuplent l’univers de « STI » se succèdent, mais ne parviennent pas à se démarquer. En plus de manquer terriblement d’originalité, celles-ci ne servent qu’à éliminer un personnage principal au passage. Des protagonistes avec lesquels de toute manière on n’arrive jamais véritablement à avoir un lien émotif tellement ils restent de surface. Leurs échanges et dialogues sortis tout droit d’un roman à l’eau de rose ne font qu’accentuer leur fadeur qui ne fait qu’entrer en contraste avec la beauté de leurs environnements.
La vérité est que l’on voudrait tellement aimer Starship Trooper: Invasion. Le récit offre un retour à une franchise qui malgré un premier succès au box-office n’a qu’engendré des suites ennuyeuses sorties directement sur DVD. Le design des vaisseaux, des armures et lieux où se déroule l’action sont magnifiques. Chaque engin est conçu de manière à créer l’illusion qu’il fonctionnerait dans la vie réelle et leur déploiement à l’écran est crédible. Le retour du personnage de Johnny Rico dans le feu de l’action, joué par Van Dien dans le film original, est épique, mais il nous laisse malheureusement pour la fin.
Malgré ses défauts, la foule réunie a semblé satisfaite de ce nouveau chapitre qui peut-être ne s’adresse qu’à ces fans invétérés. Heureusement, Capster Van Dien a tenu promesse et revenant après la projection. Après quelques questions sur STI, la discussion s’est réorientée vers le film de 1997 pour lequel l’acteur ne cache pas son enthousiasme et amour. Il en a profité pour interprété certaines des meilleures citations du film au grand plaisir de tous.
En 1974, Ronald DeFeo assassina sa famille entière dans des circonstances qui demeurent à ce jour étranges. Un an plus tard, une nouvelle famille emménage dans la demeure du 112 avenue Ocean dans la petite ville d’Amityville dans l’état de New York.
Les Lutz résident 28 jours dans la maison avant de la quitter clamant s’être fait attaquer par des forces surnaturelles. S’en suit un cirque médiatique un livre et une série de films d’épouvantes qui ont enflammé la curiosité de milliers de personnes à travers le monde.
George et Kathy Lutz se sont toujours défendus de la véracité de leurs dires. Aujourd’hui, pour la première fois en 35 ans, Daniel Lutz, qui n’était qu’âgé de 10 ans à l’époque lorsque sont survenus les évènements, raconte ce qu’il a vécu dans la tristement célèbre maison d’Amityville, ce que cette expérience a eu comme impact sur lui et les cicatrices qu’elle a laissées sur sa vie.
L’un des documentaires les plus puissants dont j’ai eu la chance de visionner dans les dernières années « My Amityville Horror » traite sans juger et sans sensationnalisme d’un sujet qui est resté chaud dans l’inconscient collectif toutes ces années. Le film est un document unique, puissant qui terrifiera, mais pas pour les raisons que vous vous imaginez.
J’ai eu la chance de rencontre le réalisateur du film Eric Walter et la productrice Andrea Adams. Lors de notre entretien, nous avons discuté du contexte de production du long-métrage, de Daniel Lutz et de phénomènes paranormaux en général. Voici dans mon célèbre accent anglais notre discussion.
Dead Sushi du réalisateur nippon Noboru Iguchi est exactement le genre de longs-métrages éclatés et complètement excentriques qui ont su se faire une place spécial au cœur des amateurs du festival Fantasia au cours des années. Ce film riche en effets spéciaux parvient, comme son nom titre l’indique, à se moquer de l’un des arts culinaires les plus respectés du pays du soleil levant en le combinant au genre de zombie si populaire en ce moment autant à la télévision, que dans les jeux vidéo et dans les bandes dessinées. Il en résulte un récit farfelu et par moments déroutant qui ne dérougit pas de début à la fin.
Keiko (Rina Takeda) est apprentie cuisinière auprès de son père, un homme passé maître dans la confection de ce plat composé de poissons crus. Extrêmement exigeant envers sa fille qu’il entraine parallèlement aux arts martiaux, Keiko quitte le foyer familial après une suite d’échecs. Elle s’isole dans la campagne nippone où elle trouve du travail auprès d’un couple entièrement dédié au succès de leur entreprise, un auberge et spa dont la réputation pour la qualité de leur sushi est soi-disant inégalée.
Tout tourne au vinaigre lorsqu’un groupe d’employés d’une compagnie pharmaceutique arrive à l’auberge pour un séjour de repos. Sans qu’il le sache, le groupe est poursuivi par un ancien collègue, inventeur d’un sérum qui ramène les cellules mortes à la vie qui a décidé de se venger de l’entreprise qui l’aurait condamné à tort et qui lui a volé ses recherches. Après une confrontation initiale entre Keiko, le chef de sushi de l’établissement et le représentant de la compagnie, l’ex-employé confronte les résidents de l’auberge. Abattu par coups de feu, l’homme utilise un poulpe pour contaminer les sushis de l’hôtel qui se transforment immédiatement en petites créatures dotées d’intelligence et de crocs qui attaquent et tue tout sur leur passage. Keiko en ayant recours à ses talents d’arts martiaux et de cuisinière sera la seule qui est en mesure d’arrêter les sushis carnivores.
Les détracteurs du genre ne retrouveront rien dans Dead Sushi qui saura les faire changer d’idée. Si ça se trouve, ils seront davantage confirmés dans leur manque d’intérêt pour ce type de long-métrage. Il faut dire qu’en plus d’avoir une prémisse rigolote et totalement invraisemblable, le film a recours tout au long du récit à des effets spéciaux inégaux et parfois littéralement mal exécutés. Combiné à un humour japonais qui peut se révéler par moment un peu étrange et enfantin, il est normal que le spectateur se retrouve déstabilisé. Par contre, si on peut mettre nos appréhensions négatives initiales de côté et ne pas bouder son plaisir, Dead Sushi se montre être hautement divertissant et comique grâce à ses gages qui se suivent l’un après l’autre ne faisant que très peu de place à la discussion. Conscient de la nature complètement éclaté, les acteurs eux-mêmes adressent les situations impossibles dans lesquelles ils se retrouvent à la manière d’un spectateur qui regarde le film. Cette dimension est par ailleurs totalement assumée lorsqu’un personnage s’adresse à ses compagnons pour lui dire : « nous sommes au moment où ça ne fait plus du tout de sens ». On comprend rapidement que le film n’est qu’une excuse pour une succession de situations grotesques contenant très peu de développement de personnage. Le réalisateur Noboru Iguchi utilise le canevas de son histoire pour pousser l’enveloppe du ridicule avec excentricité extrêmement créative qui dans le contexte du film ne semble pas avoir de limite. À voir pour ceux et celles qui veulent avoir un bon temps sans se casser la tête.
Cette semaine, nous recevons Simon Laperrière, programmateur pour le festival Fantasia, qui vient nous parler des films à ne pas manquer cette semaine. Également à l’émission, une discussion sur The Dark Knight Rises. Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons également les dernières nouvelles sur l’univers de la culture populaire: BD, cinéma, jeux vidéos, télévision, etc.
Écoutez la retransmission vidéo de l’émission #273 – Cette semaine, nous recevons Simon Laperrière, programmateur pour le festival Fantasia, qui vient nous parler des films à ne pas manquer cette semaine. Également au programme, une discussion sur The Dark Knight Rises.
Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons les dernières nouvelles sur l’univers de la pop culture, jeux vidéo, BD, films, télévision, etc.
Pas besoin d’être un fin observateur pour s’apercevoir que les Geeks sont à la mode depuis quelque temps. Alors que le cinéma hollywoodien nous offre année après année des films de superhéros et que des émissions telles que « The Big Bang Theory » font l’apologie de ce mode de vie qui pourrait essentiellement se résumer à, comme Simon Pegg le disait, ne jamais se la jouer cool au sujet de combien vous aimez quelque chose, certaines personnes quant à eux seraient tentées de proclamer que la « revanche des tronches » à bel et bien eu lieu. Vivons-nous maintenant dans un monde où tous et chacun sont Geek? À tout le moins juste un peu?
Bien qu’il est pratiquement aujourd’hui impossible de posséder un minimum de « culture Geek », tous ont au moins joué à Mario au Nintendo dans leur jeunesse ou utilise un téléphone intelligent sur une base régulière, il n’en reste pas moins que des aspects de celle-ci demeurent nébuleux, pour ne pas dire étrange.
Dans son film intitulé Lloyd The Conqueror, le réalisateur canadien Michael Peterson nous projette littéralement dans l’un de ces curieux passe-temps. Celui des jeux de rôle grandeur nature. On y retrouve un monde étrange avec ses propres règles et façon d’opérer. Un univers fantastique qui absorbe complètement ses joueurs qui tentent d’échapper à banalité du quotidien et qui parfois malgré eux s’y retrouvent complètement engloutit.
Lloyd (Evan Williams) est le chef d’un trio de colocataires qui fréquente l’université publique de leur ville. De nature plutôt fainéante, les trois jeunes hommes se retrouvent dans le pétrin alors qu’ils ne parviennent pas à préparer à temps l’exposé oral pour un cours essentiel pour l’obtention de leur diplôme. Sans la note de passage, Lloyd, Patrick et Oswald perdront leur aide financière aux études. Leur professeur (Mike Smith), un adepte et champion de jeux de rôle grandeur nature, leur propose alors un marché. S’ils s’enrôlent dans la prochaine compétition annuelle de GN, celui-ci leur donnera la note minimale de passage. Bien qu’ils acceptent sans toutefois connaitre cet univers, le groupe prendra goût au jeu tandis que la compétition se transformera petit par petit en une question d’honneur. Lors de leur quête, ils feront la rencontre du magicien blanc (Brian Posehn), un ancien joueur et propriétaire d’une boutique de jeux qui initiera le groupe aux mystères et règlements des GN. De son côté, Lloyd prendra son courage à deux mains en abordant la jeune entraineuse d’un dojo local pour qui il développera des sentiments.
Petit frère des «Slacker Movie», Lloyd The Conqueror ne réinvente pas le genre, mais parvient malgré tout à nous divertir et bien sûr nous faire rire. Quoique caricaturaux, à en être par moment même épuisant, ses personnages sont attachants et parviennent à nous toucher. Chaque scène devient un prétexte à se moquer des adeptes de ce type de jeux et des Geeks en général et leurs manies. Un humour qui, à moins d’être un Geek de mauvaise foi, sera bien reçu de ceux-ci. Avec de très peu de moyens Peterson parvient à demeurer inventif avec des gages qui ne se répètent pas et qui nous prennent malgré nous au détour. Les blagues employées sont par moments un peu facile, mais réussissent à ne pas tomber dans le « pipi caca », un facteur «choque» que l’on retrouve tapissé d’un bout à l’autre des longs-métrages de Kevin Smith, un autre réalisateur qui est un habitué de ce genre de films.
Brian Posehn est hilarant dans le rôle du personnage du vieux magicien qui tente de guider ses nouvelles recrues. On comprend que pour lui les grandeurs nature sont plus qu’un simple passe-temps, mais un style de vie qu’il prend terriblement au sérieux, ce qui entraine plusieurs malentendus et malaises. Mike Smith quant à lui est convaincant dans le rôle du «méchant» et champion invaincu des GN. Bien que terriblement cruel et malicieux, il s’entoure, comme les vilains des dessins animés, de sbires empotés qui le vénèrent tel un roi. On souhaiterait par contre que les scènes de combats soient un peu plus élaborées et créatives. Elles se concluent malheureusement très rapidement et semblent avoir été un peu trop improvisées, ce qui est dommage puisque le combat est au cœur de tout bon jeu de rôle grandeur nature. C’est d’ailleurs dans celles-ci que l’on retrouve le plus d’erreurs techniques. Des plans contre jour, un éclairage peu adéquat et des mises au foyer mal exécutées parsèment une photo qui est sinon bien réussie.
Un bon petit film canadien qui donne une visibilité et une voix à l’un peu connut des non-initiés.
Cette semaine, les membres des Mystérieux étonnants sont heureux de retrouver leur coanimateur Yoann alors qu’ils reçoivent en studio Nicolas Archambault, programmateur au Festival Fantasia. Également à l’émission, The Amazing Spider-Man du réalisateur Mark Webb mettant en vedette Emma Stone et Andrew Garfield. Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons également les dernières nouvelles sur l’univers de la culture populaire: BD, cinéma, jeux vidéos, télévision, etc.
Écoutez la retransmission vidéo de l’émission #272 – Cette semaine, les membres des Mystérieux étonnants sont heureux de retrouver leur coanimateur Yoann alors qu’ils reçoivent en studio Nicolas Archambault, programmateur au Festival Fantasia, et qu’ils discutent du film The Amazing Spider-Man du réalisateur Mark Webb mettant en vedette Emma Stone et Andrew Garfield.
Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons les dernières nouvelles sur l’univers de la pop culture, jeux vidéo, BD, films, télévision, etc.
La 16e édition du festival international de films Fantasia prendra son envol le jeudi 19 juillet prochain, et ce, jusqu’au 9 août. Pendant cette période, de nouvelles œuvres formidables de maîtres tels que William Friedkin, Takashi Miike, Quentin Dupieux, Harmony Korine, Bill Plympton et Noboru Iguchi seront projetés au grand plaisir des cinéphiles friands de cinéma de genre.
Lors de cet événement plus de 125 réalisateurs, producteurs et acteurs provenant des quatre coins du monde seront présents pour présenter leurs films, dont plusieurs gros noms de la pop culture tels que Mark Hamill (Star Wars), Tony Todd (Candyman), Michael Bienh (Aliens, The Terminator) et Casper Van Dien (Starship Troopers).
Comme toutes les années, le cinéma asiatique occupe une place prépondérante, dont une part importante proviendra des Philippines, dont le cinéma est en pleine renaissance. Le cinéma occidental n’est pas en reste pour autant avec des films provenant de l’Australie, des Pays-Bas, des États-Unis… et de la Scandinavie. En fait, il y sera présenté plus de 160 films provenant de plusieurs dizaines de pays.
En cette 16e édition, de nouvelles sections s’ajoutent à l’importante offre de ce festival, dont Axis, qui est consacré au cinéma d’animation international et qui rivalise avec le prestigieux Festival d’Annecy et qui salue les talentueux artistes qui continuent de créer de nouveaux mondes plan par plan. Et d’autres reviennent encore plus fortes dont Documentaries From the Edge, Camera Lucida (où les dix œuvres sélectionnées portent un regard sur le film de genre, puis le détruit pour mieux le reconstruire) et la quatrième édition du Fantastique week-end du court-métrage québécois.
Soulignons que le Jury Compétition long-métrage sera présidé par le cinéaste québécois Gabriel Pelletier (Karmina, La peur de l’eau) et secondé par Jay Baruchel, Michael Bienh, Sylvain Krief (musicien de jazz qui a accompagné certains des plus grands artistes et un très grand cinéphile de genre fantastique) et par la critique de cinéma Maggie Lee (Variety).
C’est le film japonais For Love’s Sake, réalisé par Takashi Miike, qui ouvrira le festival. Il s’agit d’une adaptation du manga Ai To Makoto qui raconte l’histoire d’amour entre une jeune femme riche et bien élevée et un voyou plus que fauché.
Finalement, le film de clôture sera rien de moins que PARANORMAN, un film de stop-motion 3D provenant du studio d’animation LAIKA qui avait offert auparavant Coraline. Notons que ce film raconte l’histoire d’une ville assiégée par les zombies; Norman, un jeune garçon incompris qui a le don de parler aux morts, les combattra tout comme des fantômes, des sorcières et, pire encore, des adultes [!]
Voyez une sélection de quelques-uns des films à voir, après le saut.
The Raftman’s Razor est un incroyable court-métrage qui met en scène la passion de deux jeunes adolescents pour un personnage de comic book qui ne fait jamais rien. Cette oeuvre, qui mélange animation et réel, a été présenté à Fantasia en 2006.
Fantasia est l’un des plus importants et influents festival de cinéma de genre au monde et le plus imposant en Amérique du Nord; il est encore et toujours en pleine expansion. Pour sa 16e édition qui aura lieu du 19 juillet au 7 août 2012, un nouveau projet orienté pour l’industrie du film de genre vient d’être annoncé, soit Frontières, le marché de coproduction international de Fantasia.
Pour cette première édition, quatorze projets provenant tant de réalisateurs aguerris que de nouveaux venus ont été sélectionnés. Ils viennent de partout dans le monde, mais quatre d’entre eux sont canadiens, soit Pontypool Changes de Bruce MacDonald (qui sera la suite du chef-d’oeuvre culte Pontypool), Pork Chop de Sid Zanforlin, Radius de Caroline Labrèche et Steeve Léonard (Sans Dessein) et finalement Turbo Kid de Roadkill Superstar (François Simard, Anouk Whissel et Yoann-Karl Whissel [notre cher collègue].
Soulignons que Turbo Kid est la version long métrage de T is for Turbo qui avait remporté le vote populaire lors du concours américain The ABCs of Death (organisé par Drafthouse Films). Il sera produit par le producteur néo-zélandais Ant Timpson (The Devil Dared Me To) ainsi que le canadien Jason Eisener (Hobo with a Shotgun).
Félicitations à Fantasia pour ce bel ajout à leur offre ainsi qu’aux créateurs des projets choisis!
Cette semaine, spécial pour les dames, alors que Simon Chénier est en vacances, Francis et Benoit tenteront de ne pas être trop salaces lors de leur discussion sur Shaolin Cowboy de l’auteur Geof Darrow. Bien sûr, comme à l’habitude, nous vous partageons également les dernières nouvelles sur l’univers de la culture populaire: BD, cinéma, jeux vidéos, télévision, etc.
The Whisperer in Darkness est plus qu’une simple transposition au grand écran de la nouvelle du romancier d’horreur H.P. Lovecraft. C’est un effort conscient d’adapter le plus fidèlement possible l’oeuvre originale en ayant recours à des techniques cinématographiques pastichés des longs-métrages des années 40.
C’est un récit classique fait avec un amour évident pour l’univers imaginé par le célèbre auteur du début du vingtième siècle. H.P. Lovecraft est l’un de ces écrivains dont on dit les oeuvres inadaptables. Sans vouloir ici rajouter de l’huile sur le feu entourant le débat des adaptations de livres au cinéma, les oeuvres de Lovecraft se révèlent les plus efficaces lorsqu’elles se basent sur ce qui a fait le succès des ouvrages, l’innommable, l’horreur qu’on ne peut littéralement pas être décrite et qui envahit complètement l’âme des hommes. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant que les protagonistes des histoires de Lovecraft rencontrent pratiquement tous la même fin, la folie plutôt qu’une mort définitive. Mais alors, comment adapter cette dimension au grand écran? Est-ce possible? Je suggère que devant l’impossibilité de pouvoir transposer cette essence horrifique vers le film, le réalisateur Sean Branney a vraisemblablement choisi d’emprunter une esthétique visuelle typée afin de rester, malgré tout, le plus proche de la nouvelle de The Whisperer in Darkness. Une adaptation directe n’aurait probablement pas été aussi efficace et ne serait pas parvenue à effrayer le public. On s’entend, les créatures qui peuplent les livres de H.P. Lovecraft traversent l’espace rempli de gaz grâce à des ailes. Pourquoi alors ne pas assumer complètement ce côté daté?
Est-ce que je me suis trop éloigné du sujet qui nous concerne? Pas complètement, puisque c’est l’une des critiques que j’ai entendues le plus à la sortie du film. Pourquoi ce style? Pour ma part, je crois qu’il est à propos et s’inscrit dans une suite logique de choix esthétiques qui font le charme de l’oeuvre.
Des polices de caractères en passant par l’utilisation de vieux effets spéciaux, d’une trame sonore d’époque et des maquettes, le réalisateur emploi toutes les ressources à sa disposition afin de plonger le spectateur dans un récit se déroulant dans première partie du vingtième siècle. Malgré quelque moment où la qualité de la production aurait pu être peaufinée, spécialement certaines scènes en noir et blanc ou lorsque l’on utilise des photographies modifiées, Sean Branney parvient à nous convaincre. Le rythme du film est lent et nous sommes beaucoup plus rapides que le personnage principal à comprendre l’énigme et ce qui se trame. Cet aspect aurait pu en déplaire à plus d’un, mais encore une fois, je dois admettre qui m’a plu. L’objectif n’était pas de dérouter ou surprendre le spectateur, mais bien l’amener en voyage afin qu’il découvre l’univers de Lovecraft.
Même s’il ne vous procura pas de frissons d’épouvante, le film est plongé dans une ambiance fantastique et surnaturelle qui rappelle les vieux feuilletons de télévision tels que The Twilight Zone et The Outer Limits. Sans faire dans la simplicité exagérer, la mise en scène est sobre et se déroule toujours entourée de décors dénudés, stéréotypés, mais efficaces.
Il faut aussi souligner la performance de l’acteur Matt Foyer qui se retrouve à porter seul une bonne partie du film sur ses épaules. En tant qu’interprète principal, Foyer devient notre guide au travers de cet univers ténébreux. Ses expressions, son état d’angoisse est palpable, un jeu parfaitement adapté pour le ton de l’oeuvre.
Parfois malgré lui comique, The Whisperer in Darkness a su gérer des rires de la part du public de Fantasia, souvent provoqué par des dialogues, ou les réactions rigolotes des personnages qui sortent hors de l’ordinaire pour notre époque.
N’en déplaise à ses détracteurs, The Whisperer in Darkness, est un film qui a du coeur qui a été créé par des artisans qui arrivent à nous faire ressentir, l’amour et l’émerveillement qu’ils entretiennent pour l’oeuvre de H.P. Lovecraft.
On peut toujours compter sur Fantasia pour nous offrir année après année des films de kung-fu dans la pure tradition chinoise. Une édition de Fantasia sans des longs-métrages d’arts martiaux, c’est comme si on mangeait des biscuits sans boire un bon verre de lait. On pourrait en profiter tout autant, mais c’est évident qu’il manquerait quelque chose.
Heureusement, les amateurs du genre ont eu leur dose lors de la diffusion de True Legend, un film racontant les périples d’un maître qui, à la suite de plusieurs tragédies qui sont survenues dans sa vie, a inventé un style de combat dont la pratique se fait sous l’influence massive d’alcool. True Legend est avant tout une histoire d’honneur, de famille et de résilience réalisée par Yuen Woo-Ping, un ancien chorégraphe de combats pour les films THE MATRIX et CROUCHING TIGER, HIDDEN DRAGON. C’est une oeuvre colorée, excentrique, parfois maladroite, mais hautement divertissante aux personnages sortis tout droit des légendes asiatiques et influencés par les héros et vilains des Comic Book américains.
Su Can (Man Cheuk Chiu) est un maître du Kung-fu au service de l’Empire de Chine. Après plusieurs années de services militaires, Su quitte l’armée afin de retrouver sa femme et fonder finalement une famille. Il laissera derrière son beau-frère et compagnon d’armes Yuan Ying (Xun Zhou), un homme au tempérament jaloux qui a toujours vécu dans l’ombre du célèbre général de guerre. Cinq ans après son retrait de l’armée, Su Can est sur le point d’ouvrir une école d’art martial, sa femme Yu et lui vivent heureux avec leur jeune garçon. Ce parfait bonheur prendra subitement fin lorsque Yuan, maintenant un puissant gouverneur, vient obtenir sa vengeance sur Su Can en prétextant récupérer la famille que celui-ci lui aurait « volée ». En fessant appel à des forces surnaturelles et une armure cousue à même sa peau, Yuan Ying vaincra Su. La jeune famille se retrouvera séparé et il en reviendra à Su Can de l’unifier à nouveau.
Tapissé d’action de la séquence d’ouverture à la dernière, True Legend ne nous offre pas beaucoup de temps de répit pour respirer. Une scène de combat et pratiquement suivie d’une autre, sauf pour quelques occasions où le film prend un moment pour instaurer un peu d’histoire. C’est dans ces séquences qu’on en apprend davantage sur les personnages, ce qui les motive, leurs rêves et surtout ce qui les unit les uns aux autres. Ces moments d’accalmie sont les bienvenues et ne sont jamais trop longs à nous en faire « taper du pied ». Juste assez d’informations sont transmises afin que l’on puisse se soucier de nos personnages principaux qui sinon progressent principalement dans un film bourré de combats. Ceux-ci sont par ailleurs extrêmement bien chorégraphie et nous tiennent en haleine. Le recours du ralenti et à des procédés d’images de synthèse aide à amener un caractère fantastique et surhumain à l’oeuvre. Chaque combattant possède son propre style de combat surdimensionné et c’est véritable plaisir de les voir s’affronter sur grand écran. Ce caractère d’excentricité et de grandeur est présent dans tous les aspects du film, des effets spéciaux à la performance des acteurs qui font par moment dans le grand-guignolesque.
La dimension tragique de l’oeuvre est l’élément principal qui propulse l’histoire. Su Can, autrefois un grand héros de guerre, tombe de plus en plus dans la dépression et l’alcoolisme, ce qui lui fera fleureter avec la folie. Chaque jour, il croira s’entrainer avec rien de moins que le Dieu du Kung-fu, il reviendra de ces journées épuisées et arborant des blessures sur la quasi-totalité de son corps. Des blessures qui, selon sa femme, il s’afflige à lui-même. Qu’ils soient les manifestations d’un esprit malade ou celles d’une véritable transcendance, ces segments d’entrainement sont primordiaux pour Su Can afin qu’il perfectionne sa maîtrise du combat corps à corps et rétablisse son estime de soi. On le verra repousser ses limites pour être une fois de plus bascule dans la défaite. Sa résilience s’effritera au fur et à mesure que son alcoolisme prendra le dessus. C’est également dans ces moments que les spectateurs se sentiront le plus liés à leur héros pour qui on finit par souhaiter qu’un moment de bonheur et de repos bien mérité.
Sans réinventé le genre, True Legend saisit les occasions de s’éloigner du combat pour instauré des éléments tragiques qui de concert avec le reste du film en font un récit aussi sombre, loufoque qu’amusant.
Le western-spaghetti savait qu’il allait mourir. Il s’y préparait déjà depuis quelque temps. Pistolet rayé en main, de plus en plus recouvert de poussière, il est allé crever dans des décors de plus en plus en plus délabrés, évocation de l’agonie du genre. Dans Keoma de Castellari, c’est dans les magnifiques yeux bleus de Franco Nero qu’on pouvait percevoir la mélancolie de l’inévitable décès. Un dernier magnifique râle.
Juste avant l’ultime souffle, un autre regard bleu, rieur celui là, avait décidé de s’en moquer. Mario Girotti. Terrence Hill. Son nom était Personne. À l’époque, il semblait étrange que le maestro Sergio Leone prête sa voix tonitruante à la comédie Mon nom est Personne. Aujourd’hui, on sait que c’était assurément le champ du cygne dont le genre avait besoin.
Dans ce film, Personne est l’incarnation même du Western-spag, donnant un second souffle au western classique, incarné par Henry Fonda. Il sait cependant que sa fin à lui aussi est proche.Il s’appelle Personne parce qu’il est un bâtard, un fils illégitime et abandonné. Personne ne pouvait sauver le western-spag, mais il pouvait tout au plus lui donner ses dernières lettres de noblesses et sa part de latin. Avec un grand sourire.
Quand le séminal Fistfull of dollars de Sergio Leone sorti en 1964, c’était évident pour tous qu’il était un transposition de fortune du Yojimbo de Kurosawa. Probablement pour cette raison, l’autre géniteur du genre fut laissé de coté assez rapidement. A fistfull of dollars, c’est aussi et surtout l’Arlequin, serviteur de deux maitres de Goldoni. L’ombre grimaçante de la Commedia d’ellarte était penchée depuis quelques temps sur le Western Spag. Plus que tout autre, c’est Terence Hill qui aura été son Arlequin; joueur de tour, acrobate ,arnaqueur, séducteur, faussement niais et au cœur de la lutte des classes.
C’était un privilège de voir Un génie, deux associés, une cloche dans les conditions offertes par Fantasia hier.
Elles permettaient d’appréhender pleinement sa richesse. Traversé d’une quantité de teintes jaunâtres, parfois volontaires et parfois fruit de la patine du temps, la poussière semblait dorée et la lumière encore plus…ce qui renchérissait l’impression de voir une histoire provenant d’un monde mythique et fantasmé.
Terence Hill y reprend son archétype de Personne. Cette fois, il est Joe Merci, un peu comme Yojimbo deviendra Sanjuro. C’est le même personnage. Notez son nom, il est important: C’est un remerciement (au genre?) mais cette aussi le mot « mercy » (pitié). Joe n’est pas un tueur. C’est un Trickster, un joueur de tour.
Sa fonction d’Arlequin confère à Joe une conscience métatextuelle des codes du récit (Arlequin s’adresse souvent à la foule dans la comeddia dell’arte). Il porte le costume doré de circonstance (littéralement couvert d’or!) que doit porter tout bon Arlequin. Il va même jusqu’à dire à un vieil indien de quitter à gauche de l’écran parce qu’il représente le passé! Il n’a pas besoin de tirer de son pistolet et quand il le fait, les lois de la physique lui obéissent: Joe Merci a un compère et c’est le réalisateur. Merci connait tellement bien les mécanismes de son monde qu’il est capable d’élaborer les arnaques les plus complexes et de retourner toutes les situations à son avantage. Après tout, il est l’incarnation d’un genre qui trotte vers ses derniers milles. Il en a vu d’autre et il sait qu’il ne peut pas perdre. Il n’a donc pas besoin de tuer. Il porte une petite sonnerie à son cou pour se rappeler les différentes étapes à suivre de son plan étourdissant de complexité, huilé au quart de tour.
Attendez…il porte une sonnerie à son cou? C’est lui la cloche du titre?Mais qui donc est le génie et qui sont les deux associés? Est-il possible que nos héros occupent tour à tour chacune de ses fonctions?
Si. Le titre est un indice. Ça les aminches, on appelle ça une ARLEQUINADE.
Une arlequinade, c’est une trinité de personnages en interaction étroite avec deux antagonistes. Arlequin, Pierrot et Colombine forment la base. Pantalon et le Clown sont les menaces extérieures (rappelons que Terence Hill continuera à jouer plus tard dans des arlequinades et que son personnage prendra le nom de…Trinity!).
-Arlequin=Terence Hill, Joe Merci -Pierrot (le lunaire, le distrait, celui qui se fait exploiter par Arlequin)= Robert Charlebois dans le rôle de Locomotive Bill -Colombine,(naïve, pure et amoureuse des deux) = Miou miou dans le rôle de Lucie -Pantalon (le fourbe, l’avare, la cruel, l’alcoolique)= Patrick Mcgoohan en Major Cabot -Le clown=Piero Vida dans le rôle de Jacky Jolly Roll.
Il est absolument accessoire de comprendre qui manipule qui. Il ne sert à rien de résumer cette histoire. Il est question d’un trio qui veut arnaquer le Major Cabot de 300 000$ et c’est tout ce que vous avez besoin de savoir. C’est une Arlequinade (forcément méta fictionnelle par moment) qui sert à annoncer que le rideau de cette commedia d’ellarte que fut le western spag va bientôt être tiré à jamais. Les italiens vont fermer le grand Théâtre d’Almeria. Le temps de quelques coups de feu, le théâtre populaire et le cinéma de genre se sont rejoint.
Tout le splastick du monde, tous les gags et les scènes d’actions ne pouvaient étouffer l’oraison joyeuse et assumée qu’est Un génie… beaucoup plus profond qu’il ne veut bien le laisser paraitre, à l’instar du personnage de Joe Merci (Merci pour la ride. Mercy for me!)
Je ne passerai pas sous silence la généreuse présence hier de notre héros national du rock à la fin du visionnement. Tour en tour la cloche, le génie et l’associé, surprenant de désinvolture, Charlebois campe son personnage de métis récalcitrant, locomotive Bill, avec une énergie de…well, de rock star. C’est aussi un plaisir d’entendre son doublage en français « normatif » s’écrouler en roulements de R, typique de notre joual galopant. Leone lui aura d’ailleurs demander de se restreindre à ce niveau là; Charlebois sonnait bien trop comme un nègre (pas quelque chose qu’on entend à tous les jours hein?) Ironiquement, avec son teint exagérément rouge et ses cheveux frisés, il était probablement difficile pour les italiens de se figurer d’où il venait.
Émouvant moment où notre histoire rejoignait celle d’un genre ne nous appartenant pas. Charlebois ne fut pas laconique avec ses anecdotes.
On apprend que Damiani et Leone ne s’entendait pas particulièrement bien, Leone étant un anarchiste de droite et Damiani un un communiste obsédé par le thème de la lutte des classes. En tant que producteur, il réalisa quand même la scène d’ouverture, inspirée de ses propres films, comme s’il passait le témoin à Damiani au sein de son propre film. Étaient-ils les deux associés du titre, à leur insu? Forcément, parce que le véritable génie, c’est Ernesto Gastaldi, scénariste du film (et donc du titre). Morricone serait donc la cloche. On ne dira jamais assez à quel point le grand génie du western spag est autant Gastaldi que Leone. La métatextualité de cette Arlequinage est si vertigineuse qu’elle va jusqu’à la conception du film.
Nous apprendrons également que Leone avait initialement approché Charlebois après avoir vu une de ses performances à Cannes. Il voulait lui faire jouer un assassin dans un film qui se serait intitulé What’s up with you Humpty Dumpty? Charlebois refusera et se fera contacter plus tard pour jouer dans le film de Damiani. Il passera l’essentiel du tournage chaud comme une botte et gelé comme une balle. On sait maintenant que Leone voulait faire Les Valseuses version western, d’où la présence de Miou Miou (et d’un canadien français qui peut parler anglais pour remplacer Depardieu?)
Charlebois prendra quelques cuites avec Mcgoohan avec lequel il s’entendait très bien (étant le seul à parler l’anglais sur le plateau) qui, en bon irlandais, » déjeunait au gin tonic le matin ». Il jouera quelques jours sur le piano de Debussy, jammera chez Morricone et ne se pointera pas pendant une journée de tournage pour cause de gueule de bois, prétextant un congé de Pâque. Ce qui mettra Leone en beau joual vert (J’ai réussi à ploguer cette phrase! Je peux quitter…)
C’est un magnifique cadeau que nous a fait Robert Charlebois et les gens de Fantasia. Les Mystérieux étonnants vous en remercie du fond du cœur.